La corruption est un fléau mondial
Elle bloque le développement économique de centaines de pays dans le monde et touche cruellement les populations dans leurs vies courantes.
L’Afrique est le continent le plus touché
Lancé en amont de la réunion des ministres des Finances du G20 qui se tiendra les 20 et 21 septembre en Australie, le nouveau rapport de ONE dénonce « Le casse du siècle ».
Chaque année, selon des estimations conservatrices, au moins mille milliard de dollars (750 milliards d’euros) s’échappent des pays les plus pauvres du monde du fait du blanchiment d’argent, de la fraude fiscale, de la corruption, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles, et de l’utilisation de sociétés écrans.
« S’il y a de la corruption sur le continent, la faute en revient d’abord aux pays développés » Mo Ibrahim, fondateur de Celtel et classé dans les 100 personnes les plus puissantes du monde
Le coût humain de la corruption
ONE estime que cette fuite de capitaux illicites fait perdre, au minimum, 38 à 64 milliards de dollars de recettes fiscales par an pour ces pays en développement.
Une manne financière qui pourrait éviter le décès de 3,6 millions de personnes dans les pays en les plus pauvres chaque année, si des mesures concrètes étaient prises pour mettre fin à l’opacité qui aujourd’hui permet à la corruption et à la criminalité de prospérer.
« Dans les pays en développement, la corruption tue. Les pays les plus pauvres sont dépouillés de leurs ressources par la corruption et la fraude fiscale à l’échelle mondiale. Des revenus que les gouvernements pourraient investir dans les soins de santé, la sécurité alimentaire et les infrastructures essentielles et sauver ainsi des millions de vies», dénonce Friederike Röder, directrice de ONE France.
Le G20 doit faire de la transparence une priorité
La présidence du G20 a placé la croissance économique mondiale parmi ses objectifs prioritaires. Pourtant, cette croissance est entravée par la corruption, facilitée par les systèmes financiers opaques mis en place dans les pays du G20 et leurs territoires connexes, comme la City, le Delaware ou Hong Kong.
« A titre d’exemple vaincre la corruption permettrait de payer un demi millions d’enseignants en Afrique et ainsi scolariser 100% des enfants de 16 pays d’Afrique »
“Depuis trop longtemps, les pays membres du G20 ont fermé les yeux sur la fuite de capitaux en provenance des pays en développement à travers les paradis fiscaux et les sociétés écrans. Mettre en place des mesures efficaces pour lutter contre ce scandale à mille milliards de dollars pourrait améliorer la vie de millions de personnes sans coûter un sou. Le G20 doit agir maintenant, » rappelle John Githongo, un militant africain anti-corruption.
Dans son rapport « Le casse du siècle », ONE appelle les dirigeants du G20 à agir dans quatre domaines :
- Lutter contre l’opacité des sociétés écrans : rendre publiques les informations sur les propriétaires réels (bénéficiaires effectifs) des sociétés et des trusts dans un format de données ouvertes.
- Renforcer les normes mondiales de transparence en matière d’exploitation de ressources naturelles en exigeant des entreprises concernées qu’elles rendent publiques les informations sur les paiements qu’elles effectuent aux gouvernements, pays par pays et projet par projet, pour tous les pays dans lesquels elles ont des filiales.
- Sévir contre la fraude fiscale : mettre en place un système d’échange automatique des données fiscales et le rendre accessible aux pays en développement (en accordant une exemption temporaire de réciprocité d’échange des données) et obliger les entreprises à publier leurs données financières pays par pays.
- Garantir la transparence des données : Adopter et appliquer la charte pour les données ouvertes afin que les citoyens aient accès aux informations et puissent demander des comptes à leur gouvernement quant à leur utilisation des ressources publiques.
A titre d’exemple, l’éradication de la corruption en Afrique subsaharienne pourrait générer les fonds nécessaires pour :
- éduquer 10 millions d’enfants supplémentaires par an ;
- payer 500 000 instituteurs supplémentaires, de manière à assurer l’éducation de tous les enfants non scolarisés dans 16 pays africains ;
- fournir des médicaments antirétroviraux (ARV) à plus de 11 millions de personnes vivant avec le VIH, soit plus de 95% des patients éligibles à ce traitement ;
- financer près de 165 millions de vaccins.
TELECHARGER LE RAPPORT SUR LA CORRUPTION
Thierry Barbaut avec ONE