Encore une fois l’horreur atteint son paroxysme et c’est à nouveau au Soudan du Sud ou les forces armées se livrent systématiquement à des atrocités envers les enfants
« Emasculations, viols, égorgement puis brulés vif, voila ce que subissent les enfants au Soudan du Sud, allons-nous attendre un énième degré supérieur dans l’horreur pour nous mobiliser ? », répétait Thierry Barbaut lors d’une conférence Afrique Jeudi 18 juin 2015
Les forces armées qui s’affrontent au Soudan du Sud ont perpétré des crimes atroces contre des enfants : émasculations, viols, les ligotant parfois ensemble avant de leur trancher la gorge, ont rapporté les Nations unies.
« Des survivants ont raconté qu’on a laissé saigner à mort des garçons émasculés… que des filles d’à peine huit ans ont été violées collectivement puis assassinées », a déclaré Anthony Lake, le directeur général de l’Unicef, l’agence de l’ONU pour l’enfance, dans un communiqué publié cette semaine.
« Des enfants ont été attachés ensemble avant que leurs agresseurs ne leur tranchent la gorge… d’autres ont été jetés dans des bâtiments en feu », a-t-il ajouté.
Des dizaines de milliers de personnes auraient été tuées au cours de la guerre civile qui déchire le Soudan du Sud depuis dix-huit mois, même s’il n’existe pas de bilan officiel. Au moins 129 enfants ont été tués le mois dernier dans l’Etat d’Unité, dans le nord du pays, théâtre des combats parmi les plus violents du confit, a ajouté l’Unicef.
Celui-ci a éclaté en décembre 2013, avec des combats au sein de l’armée sud-soudanaise, fracturée le long de lignes politico-ethniques par la rivalité à la tête du régime entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
Cette guerre a été caractérisée par des massacres ethniques attribuables aux deux camps, des viols et l’emploi d’enfants soldats dont des milliers ont été enlevés pour combattre.
« La violence contre les enfants au Soudan du Sud a atteint un nouveau sommet dans la brutalité », a ajouté M. Lake.
« Des enfants sont aussi recrutés à un rythme alarmant dans les groupes armés des deux cotés – environ 13.000 ont été contraints de participer à ce conflit dont ils ne sont pas responsables », a ajouté M. Lake.
« Vous pouvez imaginer les séquelles physiques et psychologiques sur ces enfants – pas seulement celles liées à la violence qui leur a été infligée mais aussi la souffrance qu’ils ont dû infliger à d’autres ».
L’ONU a averti cette semaine que quelque 250.000 enfants risquaient de mourir de faim au Soudan du Sud, tandis que les deux-tiers des 12 millions d’habitants ont besoin d’aide et que 4,5 millions d’entre eux risquent de manquer gravement de nourriture.
« Au nom de l’Humanité et de la décence la plus élémentaire, cette violence contre les innocents doit cesser », a ajouté M. Lake.
Mireille Modoi