Le président burundais Pierre Nkurunziza a officiellement déposé vendredi sa candidature à la présidentielle du 26 juin à un 3ème mandat, sourd à la protestation de la rue et à la pression internationale pour qu’il renonce à un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires
En arrivant à la commission électorale nationale indépendante (CENI) à Bujumbura, le chef de l’Etat s’est exprimé sur la situation actuelle.
Pour lui, les manifestations, lancées 26 avril, sont devenues une «insurrection », et que ce mouvement seraient « maitrisées d’ici peu ».Les élections vont « bien se dérouler » et que « 99 % de la population est calme », a-t-il assuré.
Les femmes, premières à porter la contestation au centre de Bujumbura
Elles sont parvenues à faire, dimanche, ce qu’aucun groupe de manifestants n’avait jusqu’ici réussi : porter la contestation contre un 3e mandat du président Pierre Nkurunziza dans le centre de Bujumbura, sanctuarisé par la police depuis le début du mouvement.
Depuis que les manifestations ont éclaté le 26 avril, la police cantonne par la force les protestations dans les quartiers périphériques de la capitale, empêchant les manifestants de converger vers le centre-ville pour s’y rassembler, ce qui déclenche des heurts fréquents, brutalement réprimés, parfois à balles réelles. Les violences liées à la contestation ont déjà fait 18 morts au Burundi.
Ce dimanche matin, devant le ministère de l’Intérieur, pas de jeunes armés de pierres, visages couverts de suie ou d’un tissu, qu’on croise sur les barricades. Mais des femmes, plutôt chic – lunettes de soleil, sacs à main, bijoux pour certaines – de tous âges, appartenant visiblement à la classe moyenne de la capitale.
« On est descendu par petits groupes » pour ne pas être repérées par la police, après un appel lancée sur une radio et une télévision privées, explique Amandine, jolie étudiante de 21 ans, descendu avec sa copine Aline, « on est contre le 3e mandat, c’est inconstitutionnel », expliquent les deux filles.
Rassemblées devant le ministère de l’Intérieur, fermé en ce dimanche, elles chantent « On veut la paix, l’unité, la démocratie », en frappant dans leurs mains.D’autres femmes les rejoignent progressivement.Le groupe enfle progressivement et tente alors de rejoindre la Place de l’Indépendance, au coeur de Bujumbura, leur point de rendez-vous initial, où la police les a empêchées de se rassembler.
« Relâchez nos enfants », scandent-elles aux policiers, en référence aux nombreux jeunes arrêtés durant les opérations de répression des manifestations, interdites par les autorités, depuis l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza, le 25 avril, qui a mis le feu aux poudres.
Les policiers mi-embarrassés, mi-amusés ont tout le mal du monde à empêcher le groupe de progresser.Le cortège est bloqué devant la banque centrale, où un officier tente de parlementer.
« Les policiers nous disent qu’on a fait passer notre message et qu’on doit partir mais on n’a pas fini, c’est loin d’être fini », lance une manifestante.