Stephen Haggerty a découvert qu’une plante, un diatrème, pousse plus particulièrement dans les zones ou les diamants sont présents.
Un découverte qui offre de nouvelles perspectives pour des populations en Afrique permettant de localiser sans moyens des diamants dans les sous-sols et ainsi prospecter
Stephen Haggerty a découvert au nord-ouest du Liberia, près de la Sierra Leone, l’affleurement d’un diatrème, une de ces cheminées par où la kimberlite se fraie un chemin vers la surface.
En fait, les soupçons du géologue sur la nature du sous-sol remontaient… à la fin des années 1970
En 1977 et 1980, Stephen Haggerty avait effectué de brefs voyages de reconnaissance au Liberia mais n’avait pu explorer méthodiquement la zone. Puis les guerres civiles que le pays a connues entre 1989 et 2003 l’ont empêché d’y revenir, mais l’endroit restait dans un coin de sa tête car on avait, dans les alluvions locales, retrouvé des diamants. Certains d’entre eux étaient sans doute devenus des « diamants de sang », ces gemmes exploitées dans des zones de conflits et dont le trafic sert à financer l’achat d’armes et de matériel militaire.
Une fois le pays pacifié, Stephen Haggerty a donc découvert ce diatrème oblong, de 500 mètres de long sur 50 de large. Mais, comme il le rapporte dans le numéro daté de juin-juillet de la revue Economic Geology, ce n’est pas tout ce que ce chercheur a trouvé…
Avec ses 2,5 hectares, la zone en question s’avère d’une superficie modeste. Difficile d’accès, c’est une jungle marécageuse mais Stephen Haggerty y remarque un fait intrigant : sur le diatrème – et apparemment rien que sur le diatrème – pousse un végétal bien particulier. Avec ses racines aériennes, il évoque un arbre de mangrove. Pouvant monter jusqu’à 10 ou 15 mètres de hauteur, il porte de longues feuilles pointues – un peu semblable aux frondaisons des palmiers – sur des branches qui lui donnent l’allure d’un chandelier, d’où son nom de Pandanus candelabrum.
La coïncidence est troublante et Stephen Haggerty, qui veut en avoir le cœur net, va vérifier, sur deux autres sites à kimberlite, si cette plante s’y retrouve. La réponse est oui…
Peut-être, se dit-il, aime-t-elle simplement les zones très humides et profite-t-elle du fait que la roche, en s’altérant, forme des argiles imperméables. Le géologue teste donc d’autres sites marécageux mais sans kimberlite : pas de trace de P. candelabrum…
Ce Diatrème pourrait bien être le premier indicateur biologique connu des diatrèmes à kimberlite au Liberia et probablement dans le reste de l’Afrique de l’Ouest. Ce végétal prospérerait à la fois grâce au sol bourbeux et à ses qualités fertilisantes : en effet, en se dégradant, la roche libère de grandes quantités de potassium, de phosphore et de magnésium. Si cette découverte était confirmée, elle pourrait grandement aider les chercheurs de diatrèmes : il leur suffirait de repérer P. candelabrum – pourquoi pas, suggère Stephen Haggerty, par imagerie aérienne ou satellitaire si la plante a une signature spectrale particulière ? – pour délimiter une zone à kimberlite, puis y chercher la présence d’éventuels diamants.
Car un diatrème ce n’est pas obligatoirement diamantifère
Comme le géologue, interrogé par Science, le rappelle, la prospection des précieuses gemmes répond à la règle des « 6 » : sur plus de 6 000 diatrèmes à kimberlite connus dans le monde, environ 600 contiennent des diamants et, sur ce sous-total, seulement 60 sont suffisamment riches en diamants de qualité pour justifier l’ouverture d’une mine.
Pour le moment, le nouveau site libérien a passé les deux premières étapes car Stephen Haggerty y a découvert quatre diamants, dont deux, assez gros, de 20 carats. Il ne reste plus à savoir si le site sera rentable. Des explorations sont prévues en 2016 pour le déterminer.