Selon une nouvelle étude publiée par Linklaters, en Afrique, notamment subsaharienne, des sources de plus en plus abordables d’énergie renouvelable pourraient devancer les combustibles fossiles et contribuer à l’essor économique du continent
De nouvelles informations publiées dans le dernier rapport de Linklaters Renewable Energy in Africa: Trending rapidly towards cost competitiveness with fossil fuels suggèrent que le coût actualisé de l’électricité (« Levelised cost of electricity », LCOE en anglais) de certaines énergies renouvelables devrait diminuer de moitié au cours des dix prochaines années. Des facteurs tels que les économies d’échelle, les progrès technologiques, l’amélioration de l’expérience opérationnelle et de projet, et un meilleur accès aux sources de financement seraient à l’origine de cette diminution.
L’étude, qui s’appuie en particulier sur des analyses de l’Overseas Development Institute (ODI), montre que, compte tenu des coûts actuels et des baisses à prévoir, l’éolien, les panneaux photovoltaïques, la biomasse, l’hydroélectricité et la géothermie sont tous à même de concurrencer les énergies fossiles.
Les données chiffrées du rapport indiquent une baisse très significative, entre 2014 et 2025, des coûts de production d’énergie éolienne et solaire. Cette dernière ayant vu ses coûts déjà fortement diminuer avec, par exemple, une chute de 75% du prix des panneaux photovoltaïques entre 2009 et 2014, tandis que celui de l’électricité issue de producteurs industriels d’énergie solaire a diminué de 50% entre 2010 et 2014.
Le remarquable gain de compétitivité des technologies solaires, au moins en termes de coût, devrait encourager nombre d’investisseurs à saisir ces opportunités, sous différentes formes.
François April, associé au sein du département Financement de projets chez Linklaters, commente : « L’un des points marquants de cette analyse est la vitesse à laquelle le coût des énergies renouvelables se rapproche de celui des combustibles fossiles. Cela signifie que développement économique et objectifs environnementaux n’entrent pas nécessairement en conflit mais peuvent en fait, aller de pair. »
Selon les données issues des recherches de Linklaters, les coûts actualisés de l’énergie pour certaines technologies propres en Afrique sont déjà en mesure de concurrencer les prix des combustibles fossiles. Par ailleurs, les coûts en Afrique sont généralement inférieurs à la moyenne mondiale, pour chacune de ces technologies, notamment en raison de l’abondance des sources d’énergie renouvelable.
En Afrique du Sud, par exemple, le programme Renewable Energy Independent Power Producer Procurement (REIPPP), permet la production d’énergie renouvelable connectée au réseau à des prix très compétitifs. L’année dernière d’ailleurs, à travers le REIPPP, l’énergéticien sud-africain Eskom a conclu des contrats avec des producteurs indépendants d’énergie éolienne à des prix inférieurs de 17% à ceux annoncés pour l’énergie fossile issue des deux nouvelles centrales à charbon du pays : Medupi et Kiseli.
Cependant, en dépit des prévisions tablant sur une baisse des coûts du renouvelable, l’étude publiée par Linklaters met également en évidence les risques et obstacles qui subsistent et auxquels il convient de s’intéresser afin de bénéficier pleinement des opportunités d’investissement dans de tels projets en Afrique.
Paul Lignières, associé en charge du département Droit public et co-responsable du groupe Afrique francophone chez Linklaters conclut : « Le marché africain des énergies renouvelables reste relativement jeune : historiquement, les coûts de financement et les taux d’intérêt minimums (ou « hurdle » en anglais) sont plus élevés en Afrique que dans les pays développés, en raison des risques (réels ou perçus d’ailleurs) politiques, réglementaires, financiers et administratifs. La mise en place de politiques gouvernementales permettant de réduire les coûts du développement d’énergies renouvelables représente un outil politique essentiel pour faire avancer les choses et pour encourager les investissements à court et moyen terme. »
Le rapport de Linklaters répertorie également les mesures qui peuvent être adoptées par les gouvernements pour encourager les investissements dans ce secteur. On pointera notamment les politiques de réduction des risques visant à éliminer les barrières sous-jacentes telles que le soutien à la conception de politiques gouvernementales dans ce secteur, le renforcement des capacités institutionnelles, le développement des compétences au niveau local ainsi que la maintenance et les outils d’évaluations.
Le « coût actualisé de l’énergie » correspond au coût du système (investissement actualisé + coûts opérationnels) divisé par la production électrique (le nombre de kWh) qu’il produira sur toute sa durée d’utilisation.
Selon le rapport Renewable Power Generation Costs in 2014 publié par l’IRENA (International Renewable Energy Agency)
Selon l’Africa Progress Panel, 2015