Trois grands évènements se sont succédés touchant le Nigeria dans un laps de temps très court:
Un des attentats les plus meurtrier de Boko Haram dans une école faisant plus de 50 morts, l’incursion de Boko Haram au Cameroun avec l’attaque de 6 localités et la confirmation de la candidature à sa propre succession du président Jonathan Goodluck
La pression est donc clairement géopolitique pour le Nigeria
En effet le pays n’est plus le seul touché, et même si cela fait depuis 10 ans que Boko Haram sème la terreur dans le nord, la pression est désormais telle que c’est la sous région entière qui pourrait basculer.
Les pays voisins accusent le gouvernement Nigérian de ne pas être capable d’éradiquer Boko Haram. Mais la secte Islamique radicale n’en est plus une, c’est une armée !
Les 800 hommes que comptait la secte en 2008 sont devenus plus de 15 000 combattants aguerris à l’ensemble des techniques de terrorisme, d’assaut et de pression politique. Selon de nombreuses source quatre principaux camps serait établi en « fixe » dans le nord avec chacun plus de 4 000 hommes.
Il faut ajouter à ces troupes des combattants de secours qui ne sont autre que des « esclaves » de différents types, familles, jeunes, filles et garçons, leurs rôles ? Porter les munitions, nourrir les combattants, gérer la logistique et servir d’esclave sexuel ou d’épouse pour que les combattants tiennent.
En effet le leader de Boko Haram Abubakar Shekau rémunère et donc « tient » ses combattants et fidèles de deux principales façons: la rémunération en dollars bien sur mais aussi en fournissant des esclaves sexuelles ou épouses converties de force à l’Islam.
Ces terroristes Islamiques sont extrêmement bien armés car parfaitement financés et approvisionnés par l’ensemble de leurs soutiens politiques et religieux. Ils tirent leurs revenus de rackets et de l’ensemble des trafics de la régions: armes, prostitution, drogues et … pétrole. Le pétrole « au noir » représente à lui seul plusieurs millions d’euros par mois et ce trafic n’est pas issu du développement de Boko Haram mais des rebelles du sud qui depuis 30 ans piratent les sites de productions.
Ce qui frappe le monde c’est l’impossibilité de réaction du Nigeria et le risque de propagation
La aussi un atout de taille pour Boko Haram, maintenant qu’ils sont parfaitement structurés, organisé financièrement et logistiquement ils développent de nouvelles et différentes stratégies politiques. Et dans ce domaine ils se murmure à Lagos que l’opposition serait gangrénée par des hommes en lien avec le réseau terroriste et bien sur corrompus de manière à faire basculer le pouvoir en leur faveur lors des prochaines élections en 2015…
Si l’armée du Nigeria est sans cesse repoussée c’est qu’elle est moins aguerrie aux combats et que l’ennemi ne fait pas de quartier, ceux qui s’y sont frottés l’on payé cher. En résumé les forces spéciales ne sont pas vraiment d’accord pour aller se faire massacrer si la politique ne suit pas. Ajoutez à cela un déséquilibre en matière d’équipement comme par exemple les équipements de vision nocturne dont dispose en masse Boko Haram et il est facile de comprendre que les militaires risquent systématiquement d’être les victimes collatérales de ce conflit.
La population du Nigeria n’en peut plus de pleurer les filles disparues depuis plusieurs mois, apparemment violés, converties à l’Islam et mariés de forces aux terroristes, ajoutez les attentats meurtriers hebdomadaires et nous en seront à plus de 1 000 victimes annuelles pour 2014… La population ne supportera plus bien longtemps l’insupportable.
Situation de plus en plus tendue pour le Cameroun
Le Cameroun tient tête mais pour combien de temps ? Aller combattre au Nord et défendre les populations Camerounaises oui, mais pas pour avoir a poursuivre Boko Haram qui se replie systématiquement au Nigeria, la ou les commandos Camerounais ne peuvent pas intervenir !
Le président Paul Biya à été clair quand il à libéré la femme du ministre et les 10 Chinois en Octobre des mains de Boko Haram: « il n’y aura aucune négociation mais les pays voisins doivent prendre en main leur avenir avec l’ensemble de la région ».
Le Tchad lui, alors que Ndjaména est a 100 kilomètres des combats, ne bronche pas. Déby reste neutre car plus proche de la France que Biya et Goodluck… Quand au Bukina Faso pas si loin c’est le peule lui-même qui a mis dehors Blaise Compaoré.
Un nouveau mandat pour Jonathan Gooduck ?
M. Goodluck va donc se représenter dans un contexte brulant, politiquement, géopolitiquement, religieusement et militairement…
La situation est non seulement complexe et danguereuse mais le Nigeria, deuxième producteur de pétrole en Afrique, pays le plus peuplé d’Afrique comptant également la plus grande ville du continent: Lagos, cristalise à lui seul le regard du monde et des investisseurs. L’Afrique locomotive de la croissance mondiale oui mais avec des changements militaires et strucutrels importants indispensables en synergie avec la gestion des crises qui ne le sont plus quand elles perdurent plus de 10 ans.
Les éléctions présidentielles auront lieu en Février 2015, une date clef pour l’Afrique de l’Ouest pendant laquelle le monde retiendra son souffle.
Thierry Barbaut