Depuis 2014 est mis en œuvre le projet « Ecole intégratrice » dans l’enseignement primaire ivoirien, à l’initiative de la Direction de la Promotion des Personnes handicapées, une direction générale du Ministère en charge des affaires sociales.
Ce projet consiste à réunir dans une même école (dans une même classe) des enfants dits normaux et des enfants en situation de handicap qui reçoivent les mêmes cours d’un seul et même enseignant.
Justificatif : Plus tôt les enfants handicapés se confrontent aux autres, plus facilement ils se socialisent et s’intègrent
Il y a également une justification d’ordre financier.
En effet, la prise en charge des enfants en situation de handicap demande des moyens conséquents. Un Etat comme la CI qui ne se veut émergeant qu’à l’horizon 2020, ne peut se permettre une approche « personnalisée » qui supposerait que tous les enfants handicapés soient scolarisés dans des instituts propres à eux.
La preuve en est que le pays ne compte que 2 établissements pour enfants handicapés : l’INIPA (Institut National Ivoirien pour la Promotion des Aveugles et l’ECIS (Ecole Ivoirienne pour les Sourds). Des établissements qui existent depuis 1974 et qui n’accueillent que des enfants handicapés sensoriels. Leur capacité d’accueil n’excède pas 150 places pour une population évaluée à plus 25.000 selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 1998. Les enfants handicapés âgés de moins de 15 ans et donc en âge d’être scolarisés représentent 29.40% de la population de personnes handicapées en CI qui s’élève à 85 571.
Chaque année, des centaines d’enfants se voient refoulés aux portes de ces établissements. La plupart finalement n’aura pas droit à une éducation scolaire.
Pour les enfants en situation de handicap intellectuel, outre des initiatives privées, il n’existait jusqu’à lors aucune structure de prise en charge relevant de l’Etat.
Aujourd’hui, tout ceci est en passe de changer
Avant d’entrer dans sa phase pratique, le projet « Ecole intégratrice » a nécessité un renforcement de capacités des instituteurs des établissements participants. Il s’agit de deux établissements de l’Inspection de l’Enseignement Primaire de Yopougon 1 à Abidjan, l’EPP Sogefia Gare 1 et le groupe scolaire Gare Sud.
Le projet encore à sa phase pilote ne concerne que les enfants déficients auditifs, à Abidjan.
Les enfants en situation de handicap, intègre l’école à partir du Cours élémentaire 1e année parce que l’enfant vivant avec un handicap a d’abord besoin de connaître son propre langage afin de mieux communiquer avec les autres.
A Yopougon, les résultats sont plus que satisfaisants tant au niveau de la socialisation et de l’acceptation des enfants que des réussites scolaires.
Selon le directeur de l’école Sogefia Gare 1, Koné Seydou, les enfants déficients auditifs ne se font des amis que parmi les enfants dits normaux.
«En classe, lorsque nous faisons le cours et que l’enfant déficient auditif ne comprend pas, ce sont les dits normaux qui signent pour le lui expliquer ». Ajoute-il
A Toumodi, ville située au centre de la Côte d’Ivoire, le même projet est testé avec des enfants non-voyants. Eux, rejoignent l’école primaire dite normale à partir du Cours Elémentaire 2e année. Le meilleur élève au CEPE pour l’année scolaire 2013-2014 est issu de ce système.
Dans d’autres villes de l’intérieur du pays, comme Agboville, Divo, Daloa, Agboville et Yamoussoukro un autre projet est également en cours, celui des Unités de Formation Intégrée. Il s’agit d’écoles où sont réunis des enfants présentant un handicap sensoriel ou intellectuel.
A terme, ces projets s’étendront à tout le pays.
L’école intégratrice est à n’en point douter l’avenir de l’école ivoirienne.
Andrée P. N’GUESSAN