A l’heure de la globalisation et des économies de la connaissance ou de l’immatériel, une réflexion sur l’intégration régionale doit tenir compte du phénomène d’informatisation qui est en cours.
La numérisation des sociétés et des économies contemporaines est une mutation majeure comparable à ce que fut l’industrialisation, à savoir, un processus historique qui se déroule sur longue période et qui vise le traitement automatique de tout type d’information. Cette mutation est trop importante pour en laisser la conduite stratégique et la gouvernance au seul niveau national. Aux yeux de l’IPEMED, elle nécessite une politique euro-méditerranéenne globale visant à créer un espace numérique commun, un « .med ».
C’est une des principales recommandations du rapport « La confiance dans la société numérique méditerranéenne. Vers un espace .med » réalisé en 2012 par Laurent Gille, Wahiba Hammaoui et Pierre Musso. Il préconisait également « le développement d’une stratégie industrielle encourageant le développement des contenus (logiciels et programmes) et des services liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et soutenant les jeunes ingénieurs au travers des start-up et d’incubateurs ».
En effet, cette politique euro-méditerranéenne doit être pensée dans une logique de colocalisation impliquant un partage de la valeur ajoutée, une approche par filières et le développement, notamment au Sud, des contenus (programmes et logiciels) et des activités à forte valeur ajoutée permettant d’employer la main d’œuvre qualifiée, voir très qualifiée, dont disposent ces pays et qui est soumise à des forts taux de chômage.
Suivant cette idée, un deuxième rapport a été élaboré par Rachid Jankari en 2014. Intitulé « Les technologies de l’information au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Vers une filière euromaghrébine des TIC ? », il cherchait à mieux appréhender la réalité du secteur numérique au Maghreb.
Le rapport montre que, même si des efforts doivent être consentis pour démocratiser l’accès aux TIC et malgré les points faibles des politiques publiques développées, les trois pays du Maghreb ont les ingrédients minimums (stratégies nationales, zones technologiques, compétences, champions nationaux, etc.) pour profiter de la révolution numérique et en faire un levier de leur émergence. Ils doivent redoubler d’efforts pour évoluer d’une logique de consommation du numérique vers une logique de production des contenus et des activités à forte valeur ajoutée.
Le rapport sur le commerce électronique
En 2015, l’Institut fait le choix de se concentrer sur le secteur du commerce électronique, commerce en ligne et commerce via le mobile, secteur en voie de développement au Sud et comportant un potentiel indéniable dans le renforcement des faibles échanges économiques Sud-Sud et Nord-Sud et dans la création d’emplois qualifiés. C’est également un secteur dans lequel la réflexion sur la coproduction et les filières peut être déclinée en étudiant les conditions, existantes et à créer, en amont et en aval pour accompagner le développement du secteur. De plus, il permet d’aborder la notion de l’émergence d’une grande région mondiale Afrique-Méditerranée-Europe, dénommée La Verticale, en faisant le lien avec les réalités du secteur dans deux pays d’Afrique sub-saharienne. C’est une première dans les réflexions de l’IPEMED.
Sans viser l’exhaustivité étant donné l’étendu du sujet et des pays à l’étude, l’objectif principal de ce rapport est de permettre une meilleure compréhension du secteur du commerce électronique dans les pays choisis et de voir si des dynamiques d’intégration régionale existent ou pourraient être développées.
Il propose une quantité importante d’informations sur ce secteur émergent ainsi qu’une analyse comparative des quatre pays, avec une ouverture vers d’autres régions du monde. Il conclut en présentant dix recommandations pour un développement économique et social harmonieux du secteur et une meilleure intégration régionale. Ces recommandations recouvrent chacun des dix domaines clés susceptibles de constituer des freins au commerce électronique. Elles sont les suivantes :
- promouvoir un commerce électronique acceptable par les populations africaines
- développer la production de contenus locaux adaptés au commerce électronique
- développer la protection et l’éducation du consommateur
- rendre le commerce électronique accessible à tous
- développer des services de paiement inspirés des meilleures pratiques
- développer et fiabiliser la logistique et la distribution
- lutter contre la cybercriminalité pour renforcer la confiance
- adopter des politiques publiques appropriées
- créer un Observatoire international du commerce électronique
- mobiliser les organisations non-gouvernementales.
Table de matières
- La réflexion menée par l’IPEMED
- Résumé
- Note méthodologique
Le commerce électronique en Afrique
- Le cas du Maroc
- Le commerce électronique
- Les leviers et les freins potentiels au développement
- Forces et faiblesses
- Le cas de la Tunisie
- Le commerce électronique en Tunisie
- Les leviers et les freins potentiels au développement
- Forces et faiblesses
- Le cas du Sénégal
- Le commerce électronique au Sénégal
- Les freins et les leviers potentiels au développement
- Forces et faiblesses
- Le cas de la Côte d’Ivoire
- Le commerce électronique en Côte d’Ivoire
- Les leviers et les freins potentiels au développement
- Forces et faiblesses
Analyse comparée et synergies interrégionales
- Les dynamiques régionales du commerce électronique dans le monde
- Spécificités du commerce électronique par continent
- Le commerce électronique transfrontière avec l’Afrique
- Complémentarités et synergies possibles entre les pays étudiés
- Synergies des politiques publiques
- Synergies économiques
- Synergies numériques
- Synergies logistiques
- Synergies financières
- Synergies en matière de commerce électronique
- Contribution du commerce électronique au développement économique et social
- Le commerce électronique de proximité
- Le commerce informel
- Forces et faiblesses du commerce électronique en Afrique
Recommandations pour une meilleure intégration régionale
- Table des illustrations
- Annexes