Pendant une très longue période, le Cameroun, placé sous ajustement structurel, ne pouvait pas s’engager dans les chantiers d’investissements. Comme conséquence, pendant près de trois décennies, les projets énergétiques n’étaient pas envisagés avec engagement et sérieux.
Le préalable nécessaire au développement
« C’est là où réside le problème du Cameroun », observe Jacques Noutang Betchem, chargé d’études assistant à la Cellule des études et de la prospective du ministère de l’Eau et de l’Energie. «Le pays accuse à ce jour un déficit énergétique qui lui empêche de s’engager dans certains projets d’envergure».
Selon le ministre de l’Energie et de l’Eau, Basile Atangana Kouna, aujourd’hui le déficit énergétique à la pointe, sur le réseau interconnecté Sud qui regroupe la majeure partie de la demande au Cameroun, se situe autour de 150 MW à l’étiage 2012. Or, sans énergie, le développement accuse un frein. Sans énergie, relève Paul Biya, le président de la République, « il ne peut y avoir de développement véritable, il ne peut y avoir d’industrie, il ne peut y avoir de transformation de nos matières premières agricoles ou minérales et il ne peut y avoir d’économie moderne ».
« Ce déficit énergétique a lourdement pénalisé notre secteur industriel et notre secteur tertiaire », reconnaît-il. En 2007 déjà, il indiquait qu’« il importe donc que ce problème soit traité avec sérieux et que des solutions soient apportées dès que possible ». D’où la volonté du Cameroun aujourd’hui de tourner cette sombre page de son histoire. Le pays veut, avec la collaboration des partenaires étrangers, développer les infrastructures énergétiques.
Second potentiel hydroélectrique subsaharien
En effet, les potentialités sont nombreuses. Le Cameroun dispose du deuxième potentiel en hydroélectricité en Afrique subsaharienne après la RDC. 19,7 GW de potentiel technique équitable pour un productible de 115 TWH/an, selon l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel). Un potentiel aujourd’hui valorisé à moins de 5%, car moins de 1000 MW de puissance est installée.
Le groupe américain AES, concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun depuis 2001, revendique une capacité de production installée de 929 MW dont 732 MW de capacité hydroélectrique et 197 MW de capacité thermique.
La centrale thermique à fuel lourd de DIBAMBA, mise en place par un producteur indépendant, produit 88 MW, alors que des auto-producteurs d’électricité produisent 412 MW (dont 362 MW fonctionnant au gasoil et 50 MW installés en mer fonctionnant au gaz). Une capacité totale insuffisante, car l’énergie reste inaccessible aux populations et aux industries.
Gisements de gaz naturel
L’Arsel estime qu’en dehors du pétrole, le Cameroun possède des gisements de gaz naturel aujourd’hui estimés à 6,6 TCF, soit environ 186 milliards de m3.
Solaire et éolien
En ce qui concerne l’énergie solaire, le Cameroun dispose d’un potentiel abondant et disponible surtout dans sa partie septentrionale.
L’insolation moyenne dans la partie nord du pays est de 5,8 kWh/m2 /jour et dans la partie sud 4 kWh/m2/jour évalue l’Arsel. Pour elle, on observe une insolation moyenne de 4,9 kWh/m2/j pour l’ensemble du pays. Mais son exploitation reste faible.
Selon les dernières études de l’Arsel, le potentiel éolien du Cameroun est non négligeable et économiquement exploitable dans les régions de l’Ouest du Cameroun et de l’Adamaoua. Autant de potentialités et d’opportunités à saisir.
Des projets dans ces différents secteurs énergétiques sont désormais disponibles et le Cameroun est à la recherche des partenaires en vue de leur concrétisation.
Lire aussi: http://www.sanfinna.com/?tag=projet-energie-hydroelectrique-afrique
Thierry Barbaut
Source: www.agenceecofin.com