A la veille de la journée internationale des filles ce 11 octobre, ONE, l’ONG de lutte contre l’extrême pauvreté cofondée par Bono, dévoile un nouveau classement : les 10 pays au monde où les filles ont le moins accès à l’éducation.
Alors que la communauté internationale, et notamment le Sénégal et la France, vont devoir se mobiliser pour soutenir le Partenariat mondial pour l’éducation, ce classement montre là où les efforts doivent se concentrer.
Le Soudan du Sud, la République centrafricaine et le Niger dans le haut du classement des mauvais élèves
D’après le classement exclusif de ONE, 9 des 10 pays où l’accès des filles à l’éducation est le plus difficile sont en Afrique, et tous sont des Etats fragiles en situation de crise ou de conflit.
Les chiffres parlent d’eux même : au Soudan du Sud, 1er pays du classement, seulement une fille sur 4 va à l’école primaire. Au Burkina Faso, en 8e position, seul 1% des filles ont terminé leurs études secondaires.
Cet index montre que pour améliorer réellement l’accès de toutes les filles à l’école et à l’instruction, une attention particulière doit être accordée aux pays les plus pauvres et aux pays en conflit – en particulier en Afrique.
130 millions de filles sans accès à l’école : les raisons et les conséquences
L’accès des filles à l’éducation et la poursuite de leur scolarité se heurtent à de nombreux obstacles sociaux, culturels et économiques. Dans les 10 pays à la tête de ce classement, plus de la moitié des filles se marient avant leur 18ème anniversaire, et en moyenne, une fille sur quatre est obligée de travailler. Pour se rendre à l’école, parfois sans sanitaires ou manuels scolaires adaptés, elles doivent généralement parcourir de longues distances, souvent dans des conditions dangereuses.
Pourtant, lorsqu’une fille a accès à un enseignement primaire et secondaire de qualité, elle est plus susceptible d’être en bonne santé et de réussir professionnellement. L’éducation donne aux filles davantage de possibilités de faire valoir leurs droits, de contribuer au bien-être de leur famille et de leurs communautés et de participer au développement de l’économie locale et mondiale.
A titre d’exemple, la réduction des inégalités dans le monde entre les filles et les garçons en matière d’’éducation pourrait rapporter entre 112 et 152 milliards de dollars chaque année aux pays en développement.
Le Sénégal et la France, partenaires pour améliorer l’éducation dans le monde
Dans les mois à venir, le Sénégal et la France seront en première ligne pour améliorer l’accès à l’éducation à l’échelle mondiale. En effet, en février 2018, ils co-organiseront la reconstitution du Partenariat mondial pour l’éducation (PME), un mécanisme international qui finance l’éducation dans les pays les plus pauvres.
Oulie Keita, représentante de ONE pour l’Afrique de l’Ouest, déclare :
« Les gouvernements du Sénégal et de la France vont co-parrainer la reconstitution du Partenariat mondial pour l’éducation à Dakar l’année prochaine. Ce sera un événement unique qui verra, pour la première fois, un pays donateur et un pays en développement travailler de concert pour accueillir une conférence de cet ordre. Ce sera aussi l’occasion de construire un partenariat pour des systèmes éducatifs de qualité dans les pays en développement. Le Sénégal est en effet un champion dans l’éducation, avec près de 25% de son budget national alloué à ce secteur.
« L’éducation est un des investissements les plus importants qu’un pays peut faire pour son avenir et celui de son peuple. Malheureusement, le dernier rapport de ONE montre que 9 des 10 pays où l’accès des filles à l’éducation est le plus difficile sont en Afrique. Pourtant on sait que l’éducation des filles peut avoir de nombreux effets positifs, que ce soient sur la réduction de la pauvreté et sur l’augmentation des revenus et de la croissance. C’est pourquoi les dirigeants africains et mondiaux doivent ensemble s’assurer que le Partenariat mondial pour l’éducation soit financé à la hauteur des besoins, soit 3,1 milliards de dollars pour 3 ans. »
Friederike Röder, directrice France de ONE, déclare :
« Cet engagement de la France engendre une responsabilité : Emmanuel Macron doit s’assurer, comme il l’a annoncé, que le PME soit financé à hauteur des besoins. Pour cela, la France doit avant tout montrer l’exemple et annoncer une contribution de 300 millions de dollars au PME pour la période 2018-2020. Cette annonce doit se faire au plus vite, afin d’entraîner d’autres pays donateurs dans son sillage. »
D’après le classement exclusif de ONE, 9 des 10 pays où l’accès des filles à l’éducation est le plus difficile sont, à l’exception de l’Afghanistan, situés en Afrique. Il s’agit du Soudan du sud (le pays qui enregistre la moins bonne performance), de la Centrafrique, du Niger, du Tchad, du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso, du Liberia et de l’Éthiopie.
Au Soudan du Sud, une fille sur quatre seulement va à l’école primaire et seuls 15,93 % des filles ont accès à l’éducation. Ce pays d’Afrique orientale est suivi par la République Centrafricaine (17,75 %), le Niger (21,50 %), l’Afghanistan (23,51 %), le Tchad (27,16 %), le Mali (29,28 %) et la Guinée (30,35 %).
Le Burkina Faso figure en 8e position (33,03 %) et seul 1 % des filles ont terminé leurs études secondaires. Les deux derniers pays du classement sont le Liberia (36,20 %) et l’Éthiopie (36,79 %).