- En 2012, moins d’un Africain sur cinq était raccordé à l’électricité.
- Malgré les efforts entrepris, l’Afrique est à la traîne, notamment dans le développement des énergies renouvelables.
- Un forum organisé en marge du sommet Afrique-France a été l’occasion de plaider en faveur d’une « révolution solaire ».
En Afrique, plus de 500 millions de personnes vivent sans électricité. C’est à dire que moins d’un Africain sur cinq était raccordé à l’électricité en 2012. Et avec une timide progression de 32 % à 35 % entre 2010 et 2012, le rythme d’accès à l’électricité augmente trop lentement par rapport à la croissance démographique rapide du continent.
C’est en partant de ce constat que Paul Noumba Um, directeur des opérations de la Banque mondiale au Mali, a plaidé en faveur d’une «révolution» solaire sur le continent africain, lors d’une table ronde sur les énergies renouvelables organisée au cours du Forum économique en marge du XXVIIe sommet Afrique-France.
Les différents intervenants ont dressé un état des lieux des énergies renouvelables. Constat : l’électricité telle qu’elle est distribuée aujourd’hui, c’est-à-dire dans un format classique d’approvisionnement faible et irrégulier par les hydrocarbures, freine le développement en Afrique sub-saharienne.
Malick Alhousseini, le ministre malien de l’Energie et de l’eau, ainsi que différents opérateurs économiques, ont tour à tour évoqué les difficultés du secteur, notamment les obstacles que rencontrent les entrepreneurs africains dans l’élaboration de leurs projets.
Les panelistes ont aussi insisté sur les réalisations notables en matière d’énergie renouvelables, comme le projet Lighting Africa, proposé diverses solutions et interagi avec les participants.
Dans la conjoncture économique morose actuelle, avec un ralentissement de la croissance des grandes économies comme le Nigéria, l’Angola et l’Afrique du Sud, Paul Noumba Um a souligné l’urgence d’agir et d’accélérer la mise en place d’un système énergétique stable. «On assiste actuellement à un changement de paradigme et il faut utiliser les nouvelles technologies pour impulser les énergies renouvelables, surtout dans les zones rurales », a-t-il indiqué, en rappelant que cela pourra réduire la pauvreté.
Comment y arriver ? Les gouvernements devraient proposer de bon projets, des procédures transparentes et renforcer leurs acquis afin d’accroître la capacité de production des sociétés dont le rythme actuel augmente seulement de 1 à 2 GW par an, alors que la croissance annuelle de la demande dépasse 6 et 7 GW.
Pour réduire ce déficit, les gouvernements sont appelés à intégrer les technologies solaires dans leurs stratégies nationales d’électrification afin de mettre en marche une «révolution» solaire d’ici 2023 et de produire 1 GW d’électricité photovoltaïque connectée au réseau national. Cela permettra également de fournir de l’énergie solaire hors réseau (off-grid) à 5 millions de nouveaux utilisateurs.
La Banque met déjà en œuvre des projets d’électrification dans les zones rurales avec L’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et l’électrification rurale (AMADER).
Dans le cadre du Partenariat global sur l’assistance basée sur le rendement (Global Partnership of Output-Based Aid, GPOBA) des compteurs, la Banque mondiale a également financé des projets destinés à installer de nouveaux compteurs, dans la commune de Sébékoro, dans la région de Kayes, à l’ouest de Bamako. Ces compteurs étant moins chers que ceux généralement disponibles sur le marché. La commune a également bénéficié d’une extension de son réseau entre 18 heures et minuit.
Cela signifie concrètement, que les enfants ont maintenant la possibilité de faire leur devoir et d’étudier chez eux, que les ménages peuvent charger leurs téléphones, écouter la radio ou regarder la télé. Sans parler des petits commerces de restauration (utilisant des réfrigérateurs et congélateurs) qui peuvent se développer et rester ouverts plus longtemps.
Toujours au Mali, le Projet énergie domestique et accès aux services de base en milieu rural (PEDASB) a permis d’installer une centrale de 52kWc à Zantiébougou, dans la région de Sikasso au sud de Bamako. 765 personnes ont pu être raccordées, et la commune a pu favoriser l’autonomisation des femmes grâce au développement d’une unité de transformation de produits locaux cultivés par les femmes de Zantiébougou. D’autres activités économiques ont pu se développer (commerce, menuiserie, soudage..) et les enseignants ont constaté une augmentation du taux de réussite des élèves.
À Niena, également dans la région de Sikasso, 538 personnes ont pu bénéficier d’un système hybride (solaire photovoltaïque/diesel). Au-delà des avantages similaires à ceux de Zantiébougou, l’accès à l’électricité a amélioré la sécurité et la performance des centres de santé et cliniques. Les enseignants ont aussi remarqué des progrès notables chez les élèves.
Pour permettre à l’Afrique sub-saharienne de se développer, il est très important de soutenir le secteur de l’énergie. C’est pourquoi la Banque mondiale accompagne financièrement les gouvernements africains dans leurs réformes pour améliorer le secteur de l’électricité et élargir l’accès aux usagers vivant dans les régions les plus reculées.
Dans ce contexte, les énergies renouvelables constituent un pilier majeur du Plan d’Affaires pour le Climat en Afrique (Africa Climate Business Plan) lancé par la Banque lors la COP21 à Paris en 2015 pour mobiliser 16 milliards de dollars d’ici à 2018.