La prolifération de fausses informations entrave les ripostes nationales à la pandémie et met en danger davantage de vies et de moyens de subsistance
Les gouvernements doivent intensifier leur lutte contre la propagation croissante d’informations fausses, incendiaires ou trompeuses qui risque d’aggraver les conséquences déjà graves du virus, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
En soutenant leurs populations pour établir un rapport de confiance, les gouvernements nationaux peuvent atténuer les pires menaces de mésinformation et, par conséquent, les pertes de vies humaines et de moyens de subsistance. Le PNUD travaille en étroite collaboration avec les institutions nationales, ainsi qu’avec les médias et les acteurs civiques, notamment en soutenant la diffusion d’informations précises sur la COVID-19 via les réseaux sociaux et les sites Internet.
L’évolution rapide des conseils portant sur la COVID-19, à mesure de l’évolution des connaissances médicales, et l’impact dévastateur du virus sur les vies et les gagne-pains ont entrainé une soif d’information de la part du public. Les réseaux sociaux, les sources informelles d’information et le journalisme alternatif ont comblé ce vide, semant souvent la peur, la stigmatisation, la discrimination et la confusion.
« L’avalanche de faux remèdes, la recherche de boucs émissaires ou les théories du complot qui ont inondé les médias en général et les plateformes en ligne en particulier, tout cela crée un environnement chaotique pour l’information—qui non seulement compromet l’efficacité des mesures de santé publique, mais mène aussi à des violences et des discriminations réelles, à la confusion, à la peur et, sans doute, à des répercussions sociales à long terme », a déclaré l’administrateur du PNUD Achim Steiner.
« En tirant les enseignements de nos expériences avec le VIH et l’Ebola, nous devons unir nos forces pour rejeter la mésinformation et la stigmatisation, en ancrant nos ripostes et notre plaidoyer dans la science, les preuves, les droits de l’homme et la solidarité. Et bien qu’il incombe à de nombreux acteurs de lutter contre la désinformation, aucun véritable progrès ne sera réalisé sans le leadership des gouvernements », a ajouté M. Steiner.
Aujourd’hui, les outils et les tactiques de désinformation et de mésinformation sont littéralement à la portée de toute personne voulant utiliser la COVID-19 pour servir ses propres intentions, y compris les agences gouvernementales. Par exemple, des chercheurs de la Fondation Bruno Kessler ont analysé 112 millions de messages publics liés à la pandémie sur les réseaux sociaux et constaté que 40 % d’entre eux provenaient de sources non fiables, tandis que près de 42 % des 178 millions de tweets liés à la COVID-19 étaient produits par des bots. Entretemps, l’Institut Reuters a constaté qu’environ un tiers des utilisateurs des réseaux sociaux déclarent avoir vu des informations fausses ou trompeuses sur le coronavirus, tandis que des recherches menées par Pew suggèrent que les personnes qui reçoivent leurs informations principalement par le biais des réseaux sociaux sont plus susceptibles d’être exposées à de faux contenus.
PNUD a uni ses efforts à ceux du bureau du Premier ministre et du Ministère des Habous et des affaires islamiques s pour une campagne de trois jours à Mogadiscio
En Somalie, où les voix des cheikhs et des imams (chefs religieux) sont parmi les plus influentes, le PNUD a uni ses efforts à ceux du bureau du Premier ministre et du Ministère des Habous et des affaires islamiques s pour une campagne de trois jours à Mogadiscio. Des vidéos et des graphiques publiés sur les réseaux sociaux ont atteint environ un million de personnes et sont utilisés pour des spots diffusés à la télévision et à la radio.
Le PNUD apporte également son soutien au ministère pour mettre en place un site Internet qui hébergera diverses ressources d’information et fournira, entre autres, des indications sur les techniques permettant d’assurer la sécurité d’inhumation. Ce site aidera aussi à mobiliser la communauté religieuse pour faire des dons ou fournir des biens tels que des masques ou du savon. Le PNUD a aussi mis en place le premier site web somalien sur le coronavirus et s’est associé à Hormuud, le plus grand fournisseur de télécommunications en Somalie, pour diffuser sur des millions de téléphones un message enregistré comportant des informations utiles sur la COVID-19 et des indications sur l’accès au site.
Au Liban, le PNUD a lancé, en partenariat avec le ministère de l’information, l’OMS et l’UNICEF, une campagne nationale pour contrer la propagation de fausses informations, réduire la vulnérabilité du public à l’info-pollution et renforcer les capacités du gouvernement à la combattre. Un site de vérification de faits est en cours d’élaboration et une campagne de sensibilisation a été lancée pour encourager le public à prendre le temps de réfléchir avant de partager toute information.
En Guinée-Bissau, le PNUD et le ministère de la santé ont appuyé le développement d’un site de vérification de faits (www.nobaschecker.org) qui aide les citoyens lusophones à accéder à des informations crédibles sur la COVID-19. En mettant en place une ample communauté de vérificateurs de faits parmi lesquels des journalistes, des médecins, des économistes de la Guinée-Bissau et du monde entier, le site vise à combattre la désinformation autour de la pandémie en fournissant des faits et des informations vérifiés. Depuis le début de la pandémie, le PNUD collabore également avec le Secteur de la Communication et de l’information de l’UNESCO, qui a publié une série de notes d’orientation, des documents de recherche et des guides pratiques afin d’aider les journalistes à se frayer un chemin au travers de la désinformation et à promouvoir la liberté d’expression et l’accès à l’information.
« La transparence, la diplomatie et la collaboration sont les meilleures armes qu’un gouvernement puisse déployer aujourd’hui. Les gouvernements peuvent montrer l’exemple en démontrant comment utiliser la technologie avec intégrité. Ils peuvent négocier avec les plus grandes sociétés technologiques, promouvoir des campagnes nationales de compétences numériques, parrainer des efforts de vérification des faits et permettre aux journalistes de faire correctement leur travail. Cet investissement sera extrêmement rentable, se traduisant par des sociétés inclusives et bien informées et des citoyens engagés », déclare Malin Herwig, directrice, ai, du Centre de gouvernance du PNUD basé à Oslo.
« Les gouvernements qui dissimulent des informations, répriment des opinions ou sèment des divisions autour de la COVID-19 ont très peu à y gagner. Dans l’avenir immédiat, cela conduira à des systèmes de santé dépassés, des citoyens mécontents et désorientés, des forces de sécurité surmenées et une augmentation des divisions et inégalités. À long terme, cela continuera à éroder les valeurs et les principes démocratiques, les droits de l’homme et la cohésion sociale », ajoute Mme. Herwig.
La semaine dernière, l’ONU a lancé l’initiative Verified (en français « Vérifié ») qui vise à combattre le fléau croissant de mésinformation sur la COVID-19 en augmentant le volume et la portée d’informations fiables et précises. Cette initiative fournira des informations autour de trois thèmes : la science – pour sauver des vies ; la solidarité – pour promouvoir la coopération locale et mondiale ; et les solutions – pour plaider en faveur du soutien aux populations touchées. Elle encouragera également les plans de relance qui s’attaquent à la crise climatique et aux causes profondes de la pauvreté, de l’inégalité et de la faim. En partenariat avec le PNUD, d’autres agences des Nations unies, les équipes de pays de l’ONU, les influenceurs, la société civile, les entreprises et les médias, diffuseront un contenu fiable et précis et collaboreront avec les plateformes de réseaux sociaux pour éradiquer la haine et les informations préjudiciables sur la Covid-19.