L’Afrique ne manque pas de candidats à l’emploi, toutefois, un phénomène vient déséquilibrer ce bassin de talents, résonnant négativement par la même occasion sur le taux de chômage, toujours élevé. En effet, parmi les nombreux défis auxquels le continent est confronté, cette problématique persiste à cause de plusieurs facteurs : l’incapacité des pays africains à exploiter leurs talents.
Une croissance démographique au galop
C’est un fait, l’Afrique a toujours affiché une croissance démographique dynamique. Selon les chiffres des Nations unies, 60 % des Africains ont moins de 24 ans. D’ailleurs, les spécialistes prévoient que la jeune population mondiale sera composée à 35 % d’Africains à l’horizon 2050, contre 15 % seulement en 2000. Ces données soulèvent légitimement des interrogations sérieuses quant aux défis que le continent va devoir relever, notamment en matière d’emploi.
À ce propos, Fred Swaniker, fondateur de l’African Leadership University, s’exprimait à l’occasion de la conférence TEDGlobal : « D’ici 2030, l’Afrique aura une main-d’œuvre plus importante que la Chine, et d’ici 2050, elle aura la plus grande main-d’œuvre au monde. Un milliard de personnes auront besoin d’emplois en Afrique, donc si nous ne développons pas nos économies assez rapidement, nous sommes assis sur une bombe à retardement, pas seulement pour l’Afrique, mais pour le monde entier ».
L’autonomisation et l’investissement dans les jeunes talents africains
En 2019 Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD) a de son côté enjoint les pays africains à s’impliquer davantage dans la formation des jeunes, de plus en plus nombreux à grossir les rangs des demandeurs d’emploi sur le continent : « Il est temps pour l’Afrique de se lancer dans l’autonomisation et l’investissement des jeunes. »
Cet appel va-t-il galvaniser les gouvernements concernés, lorsque l’on sait que l’Afrique compte à ce jour, selon les chiffres de la BAD, 60 % de jeunes chômeurs, dont 45 % de jeunes diplômés ? Rien n’est moins sûr lorsque l’on sait que cela passe par la création de 450 millions d’emplois supplémentaires d’ici 2030.
Un manque de coordination criant entre les entreprises et le secteur éducatif
Les spécialistes se rejoignent pour dire que le nombre d’emplois créés est actuellement insuffisant. Dans le même temps, il est difficile pour les entreprises africaines de miser sur les talents africains. Des talents certes diplômés, mais dont la formation ne répond pas à leurs besoins de manière pertinente. Mais attention, en grattant sous la surface, on se rend compte que le problème est plus complexe :
- L’inadéquation entre les connaissances acquises par les étudiants à l’université et les compétences recherchées par les entreprises, qui touche près de 49 % des pays africains.
- Une baisse de la qualité de l’enseignement dans les universités africaines, du fait d’un ratio déséquilibré entre nombre d’étudiants et enseignants (50 % d’étudiants de plus par enseignant en Afrique subsaharienne qu’ailleurs dans le monde),
- Le manque d’information sur les emplois à pourvoir,
- Des méthodes de formation obsolètes, inadaptées aux réalités locales,
- Des avantages sociaux trop faibles, voire inexistants
D’autres éléments viennent se rajouter à cette exploitation biaisée des talents en Afrique, par exemple :
- Le maintien, par les gouvernements, des hauts profils retraités à leur poste dans certains secteurs,
- La préférence pour les multinationales étrangères dans l’octroi d’unités de production,
- Les facteurs ethniques, religieux, politiques
Le continent souffre d’un manque de coordination entre l’offre et la demande d’emploi. La démographie générale est galopante, à tel point que les gouvernements se trouvent d’ores et déjà au pied du mur. Comment résoudre cette équation complexe, lorsqu’on sait que les jeunes Africains veulent se lancer sur le marché ? Nombre d’entre eux se tournent désormais vers l’occident, grâce à la technologie, en mettant en pratique leurs formations à distance. Si cette solution est loin de faire avancer la cause africaine.