Depuis vendredi, la deuxième ville du pays, Kano, est le théâtre d’attaques revendiquée par le groupe islamiste Boko Haram. Un couvre-feu de 24 heures a été décrété par les autorités locales.
Au moins 162 personnes ont perdu la vie, vendredi, dans une série d’attaques à Kano, la deuxième ville du Nigeria. Les attentats, qui visaient huit sites – des bureaux de la police, des services de l’immigration et la résidence d’un responsable de la police – ont été revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram, affirme le quotidien The Daily Trust. Le groupe a agi en représailles après le refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres actuellement emprisonnés. L’organisation, qui avait attaqué le jour de Nöel plusieurs églises, multiplie depuis plusieurs mois les attentats. Mais jusqu’à présent Kano, qui se trouve dans le Nord musulman, et ses neuf millions d’habitants, avaient été épargnés.
Une vingtaine de déflagrations ont été entendues vendredi soir en l’espace de quelques minutes. Des tirs ont aussi retenti et pris de panique, des habitants ont fui. Au moins 80 corps, portant souvent des blessures par balle, sont entassés à la morgue du principal hôpital de Kano. Une centaine de personnes attendait à l’extérieur pour recueillir les dépouilles de leurs proches, alors qu’un couvre-feu de 24 heures a été décrété par les autorités locales.
Des témoins des attaques ont rapporté que des assaillants, parmi lesquels figureraient deux kamikazes, étaient vêtus de noir et étaient arrivés en moto ou à bord de voitures. Au QG de la police de l’Etat de Kano, un homme qui devait se faire exploser a tenté de se rapprocher en voiture d’un convoi de la police. Il aurait sauté de son véhicule avant de se faire abattre. Selon un témoin, la voiture de l’assaillant aurait continué de rouler avant d’exploser.
Un journaliste tué
Un correspondant de la chaîne de télévision privée nigériane Channels a péri en couvrant les événements. Un habitant a raconté avoir vu 16 dépouilles, dont six policiers, dans une rue de son quartier où se situe l’un des sites attaqués, le QG de la police de l’Etat de Kano. Selon une source policière ayant requis l’anonymat, «le nombre de morts s’élève à des dizaines», et «beaucoup de civils» ont été tués.
Quelques heures après les attaques ayant frappé Kano, deux explosions se sont produites dans la ville de Yenagoa, dans l’Etat du président nigérian Goodluck Jonathan, sans faire de victime. Face à la recrudescence des opérations de Boko Haram, qui fait craindre des représailles de chrétiens et une escalade des violences interconfessionnelles, le chef d’Etat avait décrété l’état d’urgence dans des parties de quatre Etats le 31 décembre. Kano n’était jusqu’à présent pas concerné par la mesure.
À ce risque de guerre civile entre musulmans et chrétiens, s’ajoutent des tensions sociales. Le Nigéria a été le théatre d’une grève générale d’une semaine pour protester contre la hausse du prix de l’essence. La soudaine fin des subventions au carburant a entraîné une hausse de 0,30 euro le litre à près de 0,66 euro. La grève s’est arrêtée lorsque le président nigérian a concédé, lundi 16 janvier, une baisse de 30% du prix de l’essence. Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et premier producteur de pétrole du continent, compte 160 millions d’habitants, dont environ autant de musulmans, majoritaires dans le nord, que de chrétiens, plus nombreux dans le sud.
(Avec AFP)