Le 28 Mars 2011, il a permis que le rêve de tout un peuple devienne réalité. Ce jour, la Cameroon Airlines Corporation (Camair-co), effectuait son vol inaugural. Quelques secondes auparavant, le visage détendu mais d’un ton ferme, « si une personne du gouvernement veut voyager avec nous, il doit payer cash. C’est la seule option pour avoir une compagnie qui soit rentable », avait confié, à la presse, celui qui a été nommé par décret présidentiel le 4 février 2010 comme le tout premier Directeur Général de la camair-co.
Plus de deux ans plus tard, ce Néerlandais de 59 ans multiplie des initiatives pour faire briller davantage «l’étoile du Cameroun »… et amasser des sous en vue de l’autonomie financière prochaine de la compagnie. De son contrat, des avions chinois, des nouvelles destinations ou de l’appui financier du gouvernement, il en parle dans cet entretien exclusif.
Monsieur le Directeur, comment se porte la Camair-co?
Après un démarrage lent, il y a une amélioration du nombre de passagers. C’est une situation normale parce que les gens doivent avoir confiance en la compagnie. Ils doivent donc être au courant des améliorations dans notre réseau en Afrique de l’Ouest et nos programmations sur Paris. Je dirais donc que la compagnie fait des progrès. Pour ces premières années, elle compte sur les financements du gouvernement camerounais. C’est normal parce que nous avons lancé la compagnie avec des vols domestiques et intercontinentaux au même moment. Ce qui n’est pas commun dans le secteur. Normalement, on commence par les vols domestiques, puis régionaux et après un temps, les vols intercontinentaux. Nous avons mis sur pied dès le premier jour une organisation internationale complexe avec des moyens financiers extra et un système plus complexe. Mais, nous sommes entrain de nous stabiliser.
Quelle était l’opportunité des nouvelles dessertes de Camair-co, notamment la ligne de Lagos ?
Depuis le 09 novembre, nous avons commencé deux nouvelles dessertes ; il s’agit de Lagos et Kinshasa. Après des recherches, nous avons découvert que Lagos est un énorme marché potentiel à côté d’autres villes Ouest africaines que nous desservons déjà. C’est la même chose pour Kinshasa.
Grace à un accord de partenariat entre le Cameroun et la Chine, la Camair-co va bientôt accueillir des avions chinois pour renforcer sa flotte. Comment en est-on arrivé là ?
Il n y a pas de partenariat entre la Camair-co et une entreprise chinoise. Le gouvernement camerounais a acheté deux avions chinois et en a reçu un gratuitement. Un avion est destiné aux opérations militaires et les deux autres vont à la Camair Co. Nous serons heureux l’an prochain de réceptionner ces avions dans notre flotte pour des destinations courtes. Il y a effectivement un besoin réel d’appareils. C’est plus flexible quand vous avez un avion de quarante places.
Etes-vous satisfait de la situation financière de la compagnie?
Nous ne sommes pas satisfaits parce que Camair-co ne fait pas encore de bénéfices. Nous espérons en faire à partir de 2014. Actuellement, nous comptons sur les financements du gouvernement. Mais, en tant que compagnie, nous avons aussi nos revenues. Beaucoup de gens pensent que le gouvernement paie tout pour la compagnie. Ce n’est pas vrai. Le gouvernement paie la différence entre nos revenues et notre coût. En d’autres termes, le déficit de la compagnie. Ça ne représente pas grand-chose au total ; nous voulons changer cette situation dès que possible.
Le contrat qui vous liait à l’Etat du Cameroun a expiré depuis le mois de juillet dernier, mais vous êtes toujours à la tête de la compagnie…
Cette année, la procédure de nomination d’un nouveau Directeur général à Camair-Co a commencé. J’ai été nommé par le président Paul Biya. Ma nomination court jusqu’à ce que le chef de l’Etat nomme mon remplaçant. Par ailleurs, j’avais signé un contrat qui a expiré le 31 juillet 2012. Il m’a été demandé de continuer jusqu’à ce que le chef de l’Etat prenne sa décision c’est-à-dire nommer un nouveau Dg ou me demander de continuer pour négocier l’extension de mon contrat. Ce que je trouve positif, c’est qu’on apprécie mon travail ; si cela n’avait pas été le cas, je serais déjà parti. Donc, que je reste ou non, c’est au chef de l’Etat de décider ; moi aussi, je décide après avoir eu une nouvelle proposition de contrat ; il y a deux parties. L’Etat du Cameroun d’une part et moi, de l’autre.
Propos recueillis par Christian Locka
pour www.info-afrique.com