Avec l’inauguration le 09 février 2012 de l’usine Renault de Tanger (qui permettra d’employer 6.000 personnes et pourra créer jusqu’à 30.000 emplois induits au niveau local), le Maroc donne le ton de son ambition : développer ses métiers mondiaux et de se positionner en tant que plateforme de production et d’exportation de l’automobile, fleuron de son industrie nationale.
Conscient des potentialités du secteur et de son rôle dans l’économie, le Maroc a misé dès l’indépendance sur cette industrie et a été l’un des premiers pays en Afrique à mettre en œuvre une politique industrielle automobile qui a été couronnée par la création vers la fin des années 50 de la Société nationale de l’assemblage et de la construction automobile (Somaca).
Conjointement détenue par l’Etat marocain (38%) et des constructeurs étrangers, la Somaca assemblait des voitures particulières, des voitures utilitaires et des camions.
Le développement de l’industrie automobile va se poursuivre à la faveur de la promotion du cadre réglementaire du secteur avec l’entrée en vigueur en 1970 de la loi de valorisation à 40 pc favorisant l’implantation des industries des équipements pour véhicules au Maroc, puis l’adoption de la loi d’intégration/compensation à un taux de 60%, afin de stimuler le développement des exportations du secteur.
L’année 1995 est une autre date à retenir dans le processus de développement du secteur, puisqu’elle a été marquée par la signature de la convention sur la voiture économique avec le groupe italien Fiat.
Cette convention visait l’émergence d’une véritable filière automobile nationale, notamment à travers l’accroissement de l’achat des voitures neuves, au détriment de celles d’occasion importées d’Europe, et la hausse de la production des composants automobiles grâce à la montée en volume de l’intégration locale, confortée par l’implantation de nouveaux équipementiers européens, japonais et américains.
Ainsi, depuis le lancement des projets de véhicules économiques, l’industrie automobile au Maroc a connu un nouvel essor, tant sur les plans de la productivité que de l’investissement. La production a ainsi connu une progression notable entre 1996 et 2003 avec un taux de croissance de près de 86%, passant de 6,08 milliards de dirhams (MMDH) à 11,33 MMDH.
Les investissements ont également progressé de près de 348% avec un montant global d’un milliard de dirhams en 2003, contre 223 millions de dirhams en 1996.
La valeur ajoutée dégagée par le secteur a connu une croissance de plus de 53 pc durant la même période passant de 1,96 MMDH à 3 MMDH. Les exportations ont connu aussi une nette évolution passant de 1,59 MMDH en 1996 à 5,84 MMDH en 2003, soit une hausse de 267%.
La stratégie de repositionnement du secteur a été poursuivie en juillet 2003 par la cession de la participation publique dans la Somaca (38 pc du capital) au constructeur français Renault et la conclusion, avec ce dernier, d’une convention portant sur le lancement de la nouvelle voiture économique.
Deux ans plus tard, le constructeur français démarre la production de la Logan, voiture économique destinée aussi bien au marché local qu’à l’export, qui n’a pas tardé à devenir la voiture la plus vendue au Maroc.
La stratégie de l’Etat relative au secteur de l’automobile qui s’inscrit dans le cadre d’une vision articulée autour de trois axes essentiels, à savoir la pérennisation de l’activité de montage automobile, la mise à niveau de l’industrie de la sous-traitance automobile et le développement de la recherche, en amont, dans le secteur, a été couronnée par la signature en 2007 entre le gouvernement et le groupe Renault d’une convention pour la mise en place d’un Mega projet à Tanger.
D’une enveloppe budgétaire de plus de 600 millions d’euros, la nouvelle usine du groupe Renault à Tanger permettra la production de 400.000 véhicules par an, en grande partie destinés à l’export, faisant ainsi de ce site l’un des centres de production automobile les plus importants du bassin méditerranéen.
Le secteur automobile a été retenu comme moteur de croissance pour l’économie nationale dans le cadre de la vision 2009-2015 pour le développement industriel du Maroc (Pacte National pour l’Emergence Industrielle), eu égard au potentiel qu’il recèle notamment en matière de création d’emplois.
L’intérêt accordé à ce secteur dans le cadre du plan Emergence s’explique par le fait que l’industrie automobile reste l’un des secteurs qui se sont distingués par des taux de croissance annuels à deux chiffres en investissements et en exportations.
De 2005 à 2010, la valeur de la production et des exportations automobiles a quasiment doublé passant respectivement de 12,7 MMDH à 22,7 MMDH et de 9,23 MMDH à 18,94 MMDH. Durant la même période, les investissements (hors usine Renault-Tanger) ont été multipliés par cinq, passant de 1,59 MMDH à 7,4 MMDH.
La stratégie de développement s’articule autour de l’implantation d’équipementiers de rang 2 et 3 au Maroc, l’implantation de l’assemblage de spécialité (poids-lourds, bus, cars, carrosserie et autres spécialités de niche), l’attraction à terme d’un second constructeur majeur.
L’impact estimé se chiffre à près de 12 milliards de dirhams de PIB additionnels et se traduirait par la création d’environ 70.000 nouveaux emplois dans l’ensemble du secteur à l’horizon 2015.
Tenant compte de ce potentiel de développement majeur, l’Etat marocain s’engage à mettre en place des mesures concrètes permettant au pays de s’ériger en future base industrielle du secteur automobile international.
AD (avec Imad El Honsali)