Le PIB du continent africain a enregistré une hausse de près de 7% en 2021, malgré une contraction de 1,6% en 2020, à la suite de la crise de la Covid-19[1]. A cette forte croissance économique s’ajoute une démographie aux chiffres vertigineux, la population devant doubler à l’horizon 2050 pour atteindre quelques 2,5 milliards d’habitants.
Pour soutenir cette croissance économique, démographique et l’urbanisation rapide qui s’en suivra, le développement des infrastructures apparaît dès lors comme essentiel. En effet, le développement et l’accès aux infrastructures, tant physiques que numériques, favorisant l’accès au haut débit et de facto, à la connectivité, conditionnera la réponse des États africains à un certain nombre d’enjeux dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’inclusion ou encore de l’économie, plus généralement.
Pour autant, d’après les estimations, environ 900 millions d’habitants sur le continent ne seraient toujours pas en mesure de se connecter à Internet[2], le déploiement d’infrastructures étant confronté à deux principaux obstacles : le manque de financements et une main d’œuvre faiblement qualifiée. Les investissements dans les infrastructures – physiques et numériques – apparaissent donc comme un enjeu crucial pour le développement socio-économique de l’Afrique, permettant d’accroître la productivité et de stimuler la compétitivité des entreprises, tout en assurant la résilience des populations.
Le numérique pour faire tomber les barrières physiques
L’Afrique souffre d’un déficit d’infrastructures (routes, chemins de fer, électricité, etc.). Selon un article publié en 2021 et citant le Forum Économique mondial, 44% de la population mondiale vivait en zone rurale et à peine un tiers d’entre elle vivait à moins de 2 km d’une route praticable en toute saison[3]. Le continent africain souffre également de cette dure réalité. Or, ce déficit infrastructurel constitue un blocage à l’expansion du commerce certes, mais également à l’accès aux soins, pour ne citer que ces deux exemples.
Selon la Banque africaine de Développement (BAD), des investissements oscillant entre 130 et 170 milliards de dollars étaient nécessaires en 2019 afin de permettre à l’Afrique de combler ce déficit[4]. La pandémie survenant quelques mois plus tard et dont les conséquences se font toujours ressentir, peu de chance que ce montant ait grandement diminué depuis lors. Or, les besoins sont urgents, que ce soit dans le secteur de la santé, de l’éducation, ou encore dans l’agriculture – pour répondre aux défis imposés par le réchauffement climatique -. L’absence ou la faiblesse des transports, d’électricité ou de services de télécommunications limitent considérablement la compétitivité et la productivité. La dimension stratégique des infrastructures dans la croissance socio-économique des pays et dans la résilience des populations n’est donc plus à démontrer, celles-ci se présentant dès lors comme l’alpha et l’oméga permettant au continent de réaliser son plein potentiel.
Le principal enjeu sera dès lors de lutter contre la fracture numérique entre les territoires urbains et ruraux afin de réduire les inégalités dans l’accès à la connectivité et ainsi favoriser l’inclusion. Il faudra également répondre à l’enjeu démographique, 30 millions de jeunes allant intégrer le marché du travail chaque année dans moins d’une dizaine d’années. La question des infrastructures sera une nouvelle fois au cœur de l’attention, celles-ci étant nécessaires pour accroître l’insertion de cette jeunesse aux marchés mondiaux. Cette partie de la population, dont l’ambition, le dynamisme et la créativité se doivent d’être valorisés et accompagnés, fait de plus en plus preuve d’innovation. Il s’agit là de répondre à un besoin identifié ou tout simplement de faire bouger les lignes dans une Afrique plurielle et en pleine mutation. Mais les infrastructures seront cruciales pour leur permettre de répondre à leur ambition. Ces dernières années, le numérique s’est alors progressivement imposé comme une réponse permettant de répondre à ces défis.
En faisant tomber les barrières physiques, les technologies de l’information et de la communication (TIC) seront dès lors en mesure d’être un pilier de l’économie non plus traditionnelle, mais désormais numérique. En Afrique, elle pourrait peser 180 milliards de dollars d’ici 2025 et jusqu’à 712 milliards de dollars dans moins de 30 ans, pour représenter 8,5% du PIB régional[5]. Ces chiffres ne seront réalisables que si le continent poursuit sa dynamique de connectivité et si les industries, tous secteurs confondus, parviennent à développer des projets prometteurs et transformateurs de l’économie.
L’accès aux technologies numériques reste cependant conditionné par l’accès généralisé à l’énergie. L’investissement dans les infrastructures énergétiques apparaît dès lors essentiel. Alors que la construction d’importants projets énergétiques tel que le projet de barrage Inga en République Démocratique du Congo, qui devrait permettre de satisfaire 40% des besoins énergétiques du continent[6], peinent à voir le jour par manque d’investissements, de nombreuses entreprises se sont emparées du sujet de l’électrification en investissant dans de plus petits projets afin de répondre aux besoins locaux. Des solutions telles que RuralStar déployée par le géant des télécoms Huawei, permettent ainsi à quelques 4,5 millions de personnes venant de plus de 1 000 villages d’avoir accès à la connexion. Déployé dans 10 pays africains, cette solution vise à mettre en œuvre une forme « d’autoroute réseau » au profit des zones reculées, afin que les habitants de ces dernières puissent avoir accès à la connexion, tout en réduisant considérablement les coûts de construction et de déploiement du réseau dans ces zones. En Côte d’Ivoire, l’opérateur de télécommunications MTN s’est également emparé du sujet en signant un partenariat avec la société d’énergie solaire hors-réseau Lumos, afin de fournir une électricité fiable à plusieurs millions de foyers. Si l’électrification du continent s’accélère suffisamment afin d’atteindre un taux de pénétration d’Internet de 75%, ce sont 44 millions d’emplois qui pourraient être créés[7].
Les infrastructures numériques, accélérateur de la compétitivité sur le continent africain
Afin que l’économie numérique pèse un poids plus important dans le PIB de l’Afrique, il est essentiel d’accélérer la numérisation du secteur public comme privé, en appliquant les nouvelles technologies que sont le cloud, l’Internet des Objets (IoT) ou encore l’intelligence artificielle (IA), essentielles afin de libérer le vaste potentiel du continent. Les industries ont de plus en plus recours aux technologies numériques pour améliorer et libérer leur productivité, dans un objectif de résilience et de flexibilité.
Plus particulièrement, le cloud offre de nombreuses opportunités sur le continent africain et permettra aux États, entreprises et organisations de prendre le chemin d’une ère entièrement connectée et intelligente. Lors du Huawei Connect 2022 à Bangkok, experts, partenaires et entreprises du monde entier se sont réunis pour échanger autour des moyens à mettre en œuvre afin de notamment promouvoir les infrastructures cloud sur le continent. Son utilisation facilitera tout particulièrement le développement de start-ups ou de sociétés souhaitant consommer des infrastructures numériques. Pour Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa, « 95% des start-ups seront hébergées sur le cloud d’ici trois ans ».
La 5G constitue également une source d’opportunités considérables pour l’économie et pour l’ensemble des acteurs de la société : consommateurs, foyers, entreprises et collectivités. Le déploiement de cette technologie permettrait aux pays africains d’accélérer leur connectivité, tout en profitant pleinement des opportunités technologiques et business liées à l’IoT, le cloud, le big data et l’IA dans le cadre du développement de l’industrie 4.0, stimulant ainsi leur compétitivité sur les marchés. D’après la GSMA, à la fin de l’année 2021, 176 opérateurs mobiles présents sur 70 marchés mondiaux ont lancé des services 5G commerciaux. Sur le continent, l’Afrique du Sud est le premier pays à avoir lancé cette technologie en 2018.[8] En tant que l’un des leaders mondiaux de la 5G, Huawei a pour ambition de se positionner comme un acteur de référence en Afrique et travaille, pour ce faire, au déploiement de cette technologie, doté d’une vision claire et à long terme.[9]
Selon un rapport de la Broadband Commission (2019), près de 100 milliards de dollars d’investissements sont nécessaires d’ici 2030 pour garantir un accès universel à Internet en Afrique[10]. Le chemin est encore long mais la mobilisation et l’ambition des acteurs publics et privés feront de ce défi une réalité.
Si les investissements financiers dans les infrastructures apparaissent comme essentiels au développement socio-économique des pays, notamment via l’économie numérique, l’investissement dans le capital humain sera lui aussi primordial. Le développement des compétences est un élément central de l’écosystème et de l’infrastructure numériques. Les géants du numérique l’ont compris, au Kenya, la guerre des talents entre Microsoft, Google et Amazon sévit[11]. Et le nombre de formations aux TIC proposées par ces entreprises est en hausse. Google dispose ainsi d’un projet de formation de 40 000 développeurs en Afrique dans le cadre de son programme « Google Africa Developer Scholarship (GADS) », ciblant particulièrement les ingénieurs cloud. L’équipementier chinois Huawei a également fait de la formation la pierre angulaire de son action sur le continent, à travers différents programme tels que la ICT Academy ou encore Seeds for the Future. Avec pour objectif de former les talents aux technologies numériques de pointe, ces apprentissages ont pour objectif de donner aux populations les moyens de prendre elles-mêmes en main les défis ayant trait au développement du numérique. Huawei a également déployé le programme Spark dans la région Asie-Pacifique et en Afrique. Celui-ci vise à donner tous les moyens technologiques en termes de ressources clouds, de formation, d’élaboration de business case, d’amélioration du go-to-market et de visibilité aux start-ups lauréates de l’appel à candidature.
Les opportunités de développement socio-économique offertes par les infrastructures numériques sont nombreuses. Cependant, le plein potentiel du continent africain ne pourra se réaliser sans un accès généralisé et abordable à la connectivité. En agissant comme facteur de production, les infrastructures encouragent la production économique globale. Ce faisant, le continent africain doit donc impérativement développer des infrastructures abordables, de haute qualité et durables pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), afin d’accroître sa productivité économique et de maintenir sa croissance.
[1] « Perspectives économiques en Afrique 2022 : les effets persistants de la pandémie de Covid-19 et de la guerre récente Russie-Ukraine compromettent le rebond économique de l’Afrique en 2021 », Groupe de la Banque africaine de Développement, mai 2022.
[2] « Solutions pour les infrastructures : la transition numérique au service de l’économie africaine », Banque européenne d’investissements, juillet 2022.
[3] « Kenya : des drones pour faciliter l’accès aux soins de santé dans les zones éloignées », Agence Ecofin, mars 2021.
[4] « Infrastructures : le difficile corps-à-corps de l’Afrique », Le Point Afrique, novembre 2019.
[5] « Transition & Inclusion : comment ces leviers peuvent-ils stimuler la croissance africaine ? », La Tribune Afrique, mai 2021.
[6] « Fleuve Congo : où en est Inga, le projet du plus grand barrage du monde ? », IRIS, juillet 2017.
[7] « En Afrique, la taille de l’économie digitale se multipliera par six d’ici 2050, à 712 milliards $ (Endeavor) », Agence Ecofin, septembre 2022.
[8] « 5G : un déploiement prometteur en Afrique, mais …. », Afrique.le360.ma, juillet 2022.
[9] « 5G : “Le cas africain est différent” selon Huawei », La Tribune Afrique, décembre 2021.
[10] « Connecting Africa Through Broadband. A strategy for doubling connectivity by 2021 and reaching universal access by 2030. », Broadband Commission for sustainable development, October 2019.
[11] « Les entreprises kenyanes frappées alors que la guerre des talents de Microsoft et Google augmente les salaires », Tech Tribune, septembre 2022.