La décarbonisation des secteurs d’activités qui font la croissance d’une économie est au cœur de tous les débats. Tous s’accordent pour dire que tant le modèle de développement traditionnel reposera sur des énergies uniquement fossiles, celui-ci ne sera pas viable éternellement. Dans ces réflexions au niveau mondial, l’Afrique est une terre de solutions durables pour contribuer à réduire significativement les émissions de carbone produites sur le continent, mais aussi au-delà des frontières. Dans cette dynamique, les nouvelles technologies participent en grande partie à cet effort collectif.
Une tendance aujourd’hui à la neutralité carbone
La course vers la neutralité carbone est l’un des objectifs prioritaires des Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par les Nations Unies, mais également de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA). L’ODD n°13 stipule ainsi qu’il est impératif de « prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions ». Quant à l’Agenda de l’UA, la première aspiration met en exergue le souhait de voir se dessiner « une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable ». Comme l’illustrent ces directives internationales et régionales, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est la priorité de tous, les économies devant progressivement se diriger vers la durabilité et la résilience.
Fortement vulnérable au réchauffement climatique, l’Afrique est pourtant l’un des continents qui émet le moins d’émissions de carbone, celles-ci étant inférieures à 4%. Malgré cela, elle est confrontée à une intensification de phénomènes climatiques extrêmes dont les conséquences sont délétères sur les populations : diminution des rendements agricoles, situation de stress hydrique, érosion côtière, développement de maladies dans de nouvelles zones telles que le paludisme. Ainsi, afin de contrer cette situation dont elle pourtant marginalement responsable, l’Afrique doit mener à bien une transition reposant sur les énergies renouvelables, celles-ci devant être parallèlement sources de croissance socio-économique.
Dans ce contexte, les technologies peuvent jouer un rôle clé, conciliant transition écologique et industrialisation. Avec la croissance des réseaux de télécommunications et le succès annoncé du déploiement de la 5G dans de nombreux pays non encore couverts, notamment en Afrique, la réduction de l’empreinte carbone est devenue un véritable sujet pour les opérateurs et les équipementiers. Construire un avenir net zéro carbone : voici l’ambition que s’est donnée toute l’industrie d’ici 2050.
Dans cette perspective, les acteurs majeurs du secteur ont présenté, cette année encore au Mobile World Congress (MWC) à Barcelone, leur dernières innovations en matière d’infrastructures qui répondent à la fois aux besoins de connectivité et d’efficacité énergétique. Singtel et Ericsson ont par exemple annoncé un partenariat ambitieux en matière d’économie d’énergie. Celui-ci a vocation à utiliser l’intelligence artificielle au cœur des systèmes afin d’optimiser la consommation d’énergie des stations de base mobiles.
Toutes ces innovations sont le fruit de nombreuses années de recherche afin que l’industrie puisse avoir un impact positif significatif en matière environnementale sur les infrastructures. La modernisation des infrastructures existantes, mais surtout la construction de nouvelles générations d’infrastructures est une priorité dans les marchés où le taux de connectivité ne cesse de croître – d’autant plus que les services numériques se multiplient de façon exponentielle. Les technologies cloud, pour ne citer qu’elles, devront ainsi être moins énergivores afin de limiter l’impact environnemental de la transition numérique.
L’équipementier chinois Huawei a organisé lors de cette nouvelle édition du MWC le Forum mondial sur l’énergie numérique. L’objectif ? Favoriser le succès des opérateurs dans le cadre de la transition mondiale vers le zéro carbone. L’ensemble des acteurs réunis s’est ainsi attelé à partager les meilleures solutions et pratiques permettant la construction d’infrastructures énergétiques à faible émission de carbone. L’ambition étant, bien entendu, d’aider les opérateurs à les guider dans leur quête vers un avenir plus vert malgré les nombreux défis auxquels ces derniers sont confrontés (augmentation des coûts de l’électricité, difficulté à réduire les émissions de carbone, etc.).
La promesse de Huawei « Tech for a Better Planet » s’illustre également dans la volonté de l’entreprise de créer des solutions et des services en capacité de coupler les transitions écologique et numérique. Faisant ainsi des innovations 5G et 5.5G les vedettes de ce salon, le géant chinois a souligné l’importance d’évoluer vers un monde écologique, connecté et intelligent. Afin d’améliorer l’efficacité énergétique, Huawei a introduit l’intelligence native dans son architecture de réseau vert de nouvelle génération, qui couvre trois couches. Dans le cadre de la couche « réseau » plus particulièrement, les sites peuvent collaborer intelligemment pour économiser de l’énergie et ainsi minimiser la consommation d’énergie à l’échelle du réseau.
Renforcer l’innovation numérique dans le secteur de l’énergie en Afrique
Il est de plus en plus admis que l’économie numérique offre des solutions innovantes proposant ainsi des moyens de prendre fermement et sérieusement les défis qu’impose le changement climatique en Afrique.
L’agritech en est un exemple idoine, celle-ci permettant d’offrir des solutions aux enjeux de l’agriculture sur le continent, notamment en ce qui concerne l’adaptation au changement climatique. Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) peuvent en effet favoriser le développement d’une agriculture intelligente, améliorant ainsi la productivité agricole tout en réduisant les impacts environnementaux. Les solutions développées peuvent dès lors aider les agriculteurs à surveiller l’état des cultures, à prévoir les changements météorologiques et à optimiser l’utilisation de l’eau et des engrais. Cela permet ainsi de réduire les pertes et d’augmenter la production et ainsi d’assurer la sécurité alimentaire, tout en préservant les ressources naturelles. Afin d’illustrer notre propos, nous pouvons citer la solution Zeba qui vise à réduire la consommation d’eau d’irrigation à partir d’amidon de maïs. Autre exemple, au Kenya, la start-up SunCulture recourt à l’énergie solaire hors réseau pour notamment fournir à ses clients un accès fiable à l’eau et de facto, à l’irrigation.
Cependant, afin que l’innovation numérique puisse continuer de se déployer au bénéfice du plus grand nombre, il est essentiel d’améliorer la connectivité et de rendre l’accès à Internet abordable et à portée de main de tous. Dans le cas précis de l’agritech, celle-ci ne peut avoir un véritable impact sur les populations et dans la lutte contre le changement climatique que si les agriculteurs disposent d’un téléphone mobile et d’un accès à la connectivité Internet.
De même, la formation dans le secteur du numérique se révèle essentielle, la mise en place de différents programmes permettant alors à la population africaine de créer et de développer des solutions innovantes répondant aux principaux défis et besoins sur le continent. C’est dans cet esprit que l’entreprise chinoise Huawei propose de nombreux programmes de formation à la jeunesse du continent, afin que celle-ci soit en mesure de prendre en main son avenir numérique. A cet effet, nous pouvons notamment citer la ICT Academy ou encore Seeds for the Future.
Sans réseaux et sans formation adaptée, le développement d’une connectivité durable et résiliente ne pourra pleinement advenir en Afrique. Cependant, afin que les technologies numériques continuent de jouer leur rôle salvateur en répondant aux attentes de l’ensemble des populations sur le continent africain, les impératifs écologiques ne doivent pas être négligés. L’utilisation des énergies renouvelables pour l’alimentation des réseaux d’infrastructures connaîtra, il ne fait aucun doute, une croissance considérable dans les prochaines années, à mesure que les industries traditionnelles poursuivront l’amélioration de l’efficacité énergétique de leurs schémas. Dès lors, les acteurs de l’énergie et ceux du numérique auront plus que jamais leurs destins liés.