Mort d’Iyad Ag Ghaly: La Fin d’une Epoque…
Information ou rumeur persistante, la mort du chef d’Ansar Eddine, Iyad Ag Ghaly, si elle devait être confirmée, marquerait déjà un tournant dans la guerre au nord Mali.
D’après certaines sources bien informées, il aurait été tué dans des échanges de tir avec l’armée malienne. Celui qui est probablement à l’origine des dernières attaques sur Kona vendredi 11 janvier, et Diabali lundi 14 janvier, a peut-être ainsi chèrement payé son alliance avec les groupes djihadistes proche d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique.
Issu du clan touareg des Ifoghas de la région de Kidal, Iyad Ag Ghaly est déjà en 1990, à l’origine de l’attaque contre la ville de Ménaka au nord Mali à la tête du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) 1er mouvement créé dans les années 1990 que l’on peut considéré comme étant l’ancêtre du Mouvement de libération national de l’Azawad (MNLA). Ce même mouvement dont il essayera de prendre en vain le commandement début 2012, suite à cet échec il devra créer son propre mouvement en le baptisant Ansar Eddine, et rejoindra la nébuleuse des groupes djihadistes opérant dans le sillage d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique.
Durant sa carrière il avait tour à tour servi Kadhafi en intégrant, avec d’autres touaregs la légion verte, au sein de laquelle il participera, dans les années 80, aux conflits du Liban et du Tchad. Il se mettra ensuite quelques années après au service du président malien Amadou Toumani Touré, pour lequel il obtiendra, grâce à son réseau, la libération de plusieurs otages.
En avril 2012, après la chute de Tombouctou sa proximité avec les groupes armés islamistes éclate au grand jour puisqu’il partagera et gèrera les différentes villes du nord Mali en étroite coopération avec les chefs de Katibats et tentera de rallier les groupes touaregs proches d’un MNLA de plus en plus fragilisé.
Pour celui qui n’est pas originaire de cette région tourmentée, il fût difficile en 2012 de savoir ce qui se passait : entre les touaregs du MNLA qui prônait un état laïc ouvert sur le monde, les salafistes qui voulaient un état islamique et Ansar Eddine, mouvement islamo-intégriste.
Les trahisons, ralliements de dernières minutes, manipulations en tout genre se multiplièrent. Le contrôle des différents trafics a depuis toujours était au cœur des problématiques et pour tenter de comprendre ces successives intrigues on ne doit pas l’oublier.
La possible disparition de Iyad Ag Ghaly, figure historique des différentes rébellions touaregs, marque probablement la fin d’une époque. Il emporte sûrement avec lui de nombreux secrets dans sa tombe.
Mary ANGO
Source Colonel Dacko