Au Cameroun, sept Français ont été enlevés ce mardi 19 février dans l’extrême nord du pays.
Selon François Hollande, le chef de l’Etat français qui s’est exprimé sur ce sujet en marge de son déplacement en Grèce, il s’agirait d’une même famille, trois adultes et quatre enfants. Il a également ajouté que cette famille aurait été enlevée « par un groupe terroriste que nous connaissons et qui est au Nigeria » et que les otages auraient été emmenés dans ce pays.
Le rapt s’est produit ce mardi matin à 9 kilomètres de la petite localité de Dabanga autrement dit pratiquement au niveau de la frontière nigériane. Il a depuis été confirmé par François Hollande en voyage en Grèce.
Les otages sont trois adultes et quatre enfants. Le groupe gazier français GDF Suez a indiqué en fin d’après-midi qu’il s’agit de l’un de ses collaborateurs et sa famille qui étaient expatriés au Cameroun, à Yaoundé, et qu’ils se trouvaient alors en vacances dans le Nord du pays. Ils circulaient en voiture de Dabanga, située environ 80 kilomètres de la ville de Koussery, et venaient du parc de Waza, l’une des attractions touristiques de la zone.
Selon les informations obtenues jusque-là, ils auraient été bloqués sur la route par cinq hommes en armes. Leur véhicule a été retrouvé embourbé dans la rivière à l’endroit où elle longe la frontière. Les témoignages font état d’Européens accompagnés d’hommes en moto, cette fois de l’autre côté de la frontière. Ont-ils été conduits au Nigeria ?
D’après ces sources, les motos se sont arrêtées pour se ravitailler à Dabanga, ce petit village frontalier côté nigérian. C’est le chef du village et plusieurs de ses habitants qui l’affirment. Les polices camerounaise et nigériane ont été saisies de l’affaire.
Pour l’instant, on ne connaît pas l’identité avec certitude des ravisseurs, ni leurs motivations, mais les regards se tournent inévitablement vers Boko Haram. Le président Hollande a clairement désigné la secte islamiste lors de son intervention. La présence d’éléments de ce groupe jihadiste a été signalée à plusieurs reprises dans le nord du Cameroun et dans le contexte de l’intervention militaire française au Mali, des enlèvements de ressortissants français étaient évidemment à craindre.
Mais c’est la première fois que des Occidentaux sont ainsi enlevés dans cette région de l’extrême nord du Cameroun.
Thierry Barbaut avec RFI
Peut-on continuer à voyager en Afrique?
Au lendemain du rapt d’une famille française au Cameroun, le Quai d’Orsay met en garde contre tout déplacement dans le nord de ce pays. Sur son site, il est indiqué «qu’il est formellement déconseillé de se rendre dans la province de l’extrême nord du Cameroun (des rives du lac Tchad au sud de Maroua) et à la frontière avec le Nigeria».
Par ailleurs et concernant les ressortissants français qui se trouveraient actuellement à l’extrême nord du pays, il est dit «qu’ils doivent impérativement se mettre en lieu sûr et de quitter la zone au plus vite».
Selon le Quai d’Orsay, on comptait à la fin de l’année dernière 6146 ressortissants français installés au Cameroun et inscrits sur le registre des Français résidant dans ce pays.
Le Cameroun s’ajoute à une liste déjà longue des pays du continent dans lesquels il n’est pas bon de jouer les touristes depuis plusieurs années.
Les pays les plus dangereux d’Afrique sont ceux soumis aux menaces terroristes, mais il y a aussi des États embourbés depuis plusieurs années dans une guerre civile ou frontalière où la reprise des combats et la résurgence d’instabilité politique sont possibles.
Avant de se rendre en Afrique, il faut surtout s’informer sur le site du Quai d’Orsay. Parmi les pays sensibles: la Somalie, l’Éthiopie mais aussi le Tchad, la Libye, le République centrafricaine, République démocratique du Congo, le Soudan, auxquels s’ajoute naturellement le Mali ces derniers mois. Un classement des pays à risques -le Global Peace Index- est aussi actualisé chaque année.
Les dangers augmentent-ils en France?
Depuis le déclenchement de l’opération militaire au Mali, la France redouble de vigilance. Dans le cadre du plan Vigipirate rouge renforcé, la surveillance a été renforcée dans tous les bâtiments recevant du public et dans les transports ferroviaires et aériens.
À ce jour 1000 policiers et gendarmes sont spécialement mobilisés et affectés à cette surveillance ainsi que 795 militaires. «Un effectif qui s’ajoute aux 30.000 policiers et gendarmes sensibilisés au plan Vigipirate», précise-t-on Place Beauvau. Depuis ce nouvel enlèvement au Cameroun, les mesures de surveillance restent inchangées.