Dix-sept ans d’attente, mais toujours de très nombreuses zones d’ombre dans l’affaire des moines de Tibéhirine.
Les faits remontent au plus fort de la guerre civile en Algérie, en 1996, sept moines français installés au monastère de Tibéhirine, avaient été enlevés puis assassinés.
Officiellement par des terroristes du GIA alors qu’officieusement les versions divergent et l’enquête n’a jamais vraiment avancé. Ce que dénoncent justement les familles des victimes qui s’en expliquent, ce mercredi 19 juin 2013, dans les colonnes du Figaro.
Crime du GIA ou bavure de l’armée algérienne ?
Depuis que le juge antiterroriste, Marc Trévidic a repris l’instruction du juge Bruguière, il n’a jamais privilégié une hypothèse plus qu’une autre, mais il n’en exclut aucune.
Pourtant la thèse officielle de la culpabilité du Groupe islamique armé, thèse défendue par Alger semble de plus en plus battue en brèche.
Deux témoignages accréditent l’hypothèse d’une bavure des militaires algériens. Sur procès verbal, Abdelkhader Taghi, ancien de la sécurité militaire, accuse Alger d’avoir ordonné l’enlèvement des moines, et d’avoir instrumentalisé le GIA. Un général français, en poste à Alger de 1995 à 1998, a également apporté un éclairage décisif.
François Buchwalter a affirmé avoir été informé par une source sûre qu’un hélicoptère militaire avait ouvert le feu sur un groupe d’hommes, une fois au sol, ils auraient découvert les religieux criblés de balles.
Lorsqu’après de longues tractations, les autorités algériennes ont accepté d’ouvrir les cercueils, le père Armand Veilleux responsable de l’ordre a découvert qu’ils ne contenaient que les têtes des victimes. Le juge Trévidic veut désormais exhumer ces crânes et réaliser des autopsies, seule manière de préciser si les décapitations sont post mortem. Mais pour le moment, l’Algérie ne semble pas disposée à faciliter l’instruction du juge français.
Thierry Barbaut
Avec RFI