Power Africa: Obama présente le plan américain pour électrifier l’Afrique, focus sur sur cet énorme marché

En visite en Afrique du Sud, Barack Obama a annoncé un plan de sept milliards  de dollars, destiné à faciliter l’accès à l’électricité en Afrique  sub-saharienne.

« Doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne ».

Nous parlions dans Info Afrique de cet incroyable Business la semaine dernière dans notre article: Electricité rurale en Afrique : Nouvelle frontière de développement et meilleur business modèle du monde ?

C’est l’objectif  fixé par le président américain Barack Obama dans un discours à l’Université du  Cap (UCT), dimanche 30 juin. En Afrique du Sud, deuxième étape de sa tournée  africaine, le président américain a annoncé un plan de 7 milliards de dollars  sur cinq ans, baptisé « Power Africa ». Il s’agit de répondre aux immenses besoins  énergetiques d’un continent en pleine croissance, mais dont le développement et  les investissements restent freinés par des déficits électriques chroniques.

 

« L’accès à l’électricité est fondamental pour saisir les opportunités  de ce monde. C’est la lumière qui permet à l’enfant d’étudier, l’énergie qui  permet aux idées de devenir des grandes entreprises » a déclaré Obama.  L’électrification, « c’est l’assurance pour les familles de subvenir à leur  besoin, mais aussi la clé pour connecter l’Afrique à l’économie mondiale » a-t-il  ajouté.

Énorme potentiel Africain

obama-afrique-power-africa« Plus des deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne vivent sans  électricité et plus de 85% des habitants des zones rurales n’y ont pas accès.  Power Africa va s’appuyer sur l’énorme potentiel énergétique de Afrique, y  compris les nouvelles découvertes de vastes réserves de pétrole et de gaz, et  sur le potentiel de développement d’énergies propres, géothermique,  hydroélectrique, éolienne et solaire », précise la Maison blanche dans un  communiqué.

Le plan américain devrait « aider les pays à développer de façon responsable  des ressources récemment découvertes, construire des centrales et des lignes  électriques, et élargir les solutions de mini-réseaux et de systèmes  hors-réseau ».

Bien que cette initiative soit annoncée en Afrique du Sud, le  pays n’est pas concerné par Power Africa, alors qu’il peine à produire  suffisamment d’électricité pour répondre à ses besoins. Les États-Unis vont  d’abord travailler avec l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria  et la Tanzanie, des pays affectés par des coupures d’électricité fréquentes,  mais qui ont des « objectifs ambitieux » en matière de production  d’électricité.

10 000 mégawatts pour l’Afrique

Les États-Unis vont leur apporter 10 000 mégawatts d’électricité « plus  propre » supplémentaires, ce qui permettra de connecter 20 millions de foyers et  d’entreprises. L’initiative américaine associera plusieurs agences  gouvernementales et des entreprises privées, avec l’objectif d’entraîner à terme  9 milliards de dollars d’investissements privés, selon la Maison Blanche.

Le  géant américain General Electric contribuera notamment à ce que le Ghana et la  Tanzanie produisent 5 000 mégawatts supplémentaires dans les cinq ans.

general-eclectric-afriqueLa Banque africaine de développement (BAD) a annoncé qu’elle était partie  prenante de l’initiative. Sur les cinq dernières années, l’institution  panafricaine a notamment engagé 1,63 milliard de dollars pour financer des  projets énergétiques dans les six pays bénéficiaires.

D’autre part, Heirs Holding, société d’investissement de l’homme d’affaires  nigérian Tony Elumelu, a annoncé son intention de contribuer à Power Africa à  hauteur de 2,5 milliards de dollars.

« Nouveau modèle »

La tourné africaine aura été l’occasion pour Barack Obama de renouer avec un  continent, que beaucoup l’accusent d’avoir négligé lors de son premier mandat.  En comparaison de Bill Clinton, à l’origine du African Growth and Opportunity  Act (Agoa), accordant un accès privilégié et défiscalisé aux exportations  africaines sur le marché américain, ou de George W. Bush qui avait fortement  soutenu la lutte contre le sida en Afrique, le faible engagement du président  d’origine kényane a déçu.

À Johannesburg et à Dakar, il a affiché sa volonté de  développer un « nouveau modèle » de partenariat entre l’Afrique et l’Amérique. « Un  partenariat d’égal à égal, au delà de la simple assistance, et concentré sur la  capacité de l’Afrique de résoudre ses problèmes et grandir », a promis Barack  Obama.

Le niveau du commerce sino-africain est désormais  deux fois plus important que celui du commerce afro-américain.

Loin derrière la Chine

Cette « nouvelle phase » de l’approche américaine en Afrique est encouragé par  l’intérêt croissant des entreprises nationales pour les perspectives d’expansion  sur un continent où les opportunités s’accélèrent. Leurs exportations dans les  49 pays africains ont atteint 21 milliards de dollars en 2011, soit une hausse  de 23 % selon le Bureau du représentant américain au commerce, cité par  Bloomberg. Les importations américaines issues d’Afrique ont, quant à elles,  bondi de 14 %, avec un total de 74 milliards de dollars en 2010, dont 60  milliards de pétrole brut.

Les États-Unis restent, en Afrique, loin derrière la Chine, qui y a  considérablement accru sa présence et son influence ces dernières  années. Le niveau du commerce sino-africain est désormais deux fois plus  important que celui du commerce afro-américain. Un retard qui risque d’être  difficile à rattraper, sans  une véritable réorientation stratégique.

Thierry Barbaut
AFP

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Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Consultant international - Spécialiste en nouvelles technologies, numérique et intelligence artificielle. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.