Joanne Bushell, vice-président pour l’Afrique de Regus
On s’attend à ce que le nombre de terminaux mobiles avec accès Internet dépasse le nombre d’êtres humains d’ici la fin de l’année.
Il y aura plus de smartphones, de tablettes et de moniteurs connectés à internet que de personnes sur la planète.
L’Afrique sera l’un des épicentres de cette explosion de smartphones. Microsoft/Huawei et Samsung lancent de nouveaux smartphones pour le marché africain, et Blackberry y est déjà bien établi. Entre 2012 et 2017, l’Afrique connaîtra le taux de transfert de données mobiles le plus important au monde et une croissance qui sera multipliée par 17 au moins pendant cette période.
De toute évidence, les smartphones feront les beaux jours de l’Afrique. Ils stimuleront la croissance des petites entreprises et des sociétés locales, en plus d’apporter des améliorations dans divers domaines et notamment la santé et l’éducation. Mais, dans le même temps, la technologie 24h/24 7j/7 entraîne stress et contraintes dans son sillon, donnant l’impression aux travailleurs de devoir être toujours disponibles.
Ce sentiment peut être exacerbé à mesure que les fabricants trouvent de nouvelles façons de nous maintenir connectés. Aux Etats-Unis, Sergey Brin de Google et d’autres utilisateurs précoces portent déjà des lunettes Google, qui leur permettent d’être connectés en permanence à Internet. Et Apple a déjà annoncé l’arrivée prochaine de sa smartwatch.
Si nous n’avons même plus à chercher notre téléphone dans nos poches afin de nous connecter au travail, il sera de plus en plus difficile de se déconnecter.
Est-ce un bien ou un mal ?
Dans une récente étude mondiale effectuée par Accenture, 78 % des travailleurs disent que la technologie leur permet d’avoir des horaires de travail plus flexibles. Mais 70 % des personnes interrogées pensent également que la technologie les empêche de séparer travail et vie privée. Les avis sont clairement mitigés.
La technologie a facilité la culture du travail 24h/24 7j/7, mais ce n’est pas la seule responsable. Les entreprises interagissent avec des clients et collaborateurs se trouvant dans différents fuseaux horaires et le personnel est de plus en plus susceptible d’être appelé à travailler tard le soir ou tôt le matin pour répondre à des appels téléphoniques.
En outre, le ralentissement de l’économie mondiale a forcé de nombreux travailleurs à se charger de tâches supplémentaires et donc à travailler davantage.
Les aspects positifs de la technologie nomade
La technologie n’est pas responsable de tous les maux. N’oublions pas non plus les changements très positifs que la technologie a apportés à l’équilibre travail/vie privée au cours de la dernière décennie. Songez aux avantages du cloud par exemple, qui vous permet d’accéder aux informations ou applications dont vous avez besoin sans vous déplacer sur votre lieu de travail. Rappelez-vous combien la vidéoconférence a réduit les temps de trajet des entreprises.
C’est la technologie nomade qui a rendu tout cela possible. Ce n’est pas un hasard si le lancement d’appareils tels que le Blackberry en 2003, l’iPhone en 2008 et l’iPad en 2010 a été suivi d’une forte augmentation du nombre de personnes ayant recours aux centres d’affaires Regus ainsi qu’aux salons d’affaires pour travailler. Plus d’1 million de personnes dans 100 pays utilisent les lieux de travails flexibles de Regus, car elles ont fait le choix de travailler là où cela les arrangeait, elles et leurs clients, au lieu d’effectuer tous les jours le même trajet.
Dans la dernière édition de l’indice Regus sur l’équilibre travail/vie privée dans le monde, pour 41 % des personnes interrogées, les sociétés qui les emploient font davantage pour réduire les déplacements qu’il y a deux ans.
Dans plusieurs pays africains, dont le Maroc, le Nigeria, la Tanzanie et la Tunisie, le pourcentage était plus élevé que la moyenne mondiale. Travailler à distance peut faire économiser 79 heures de trajet chaque année à un employé moyen.
Cela permet également de réduire les frais de déplacement ainsi que les émissions de gaz à effet de serre.
61 % des personnes interrogées pour l’indice Regus sur l’équilibre travail/vie privée dans le monde affirment que les choses se sont améliorées dans ce domaine depuis 2010. Le travail flexible et la réduction des déplacements ont certainement joué un rôle important à ce niveau.
Les aspects négatifs des modèles de gestion 24h/24 7j/7
Les aspects négatifs de la technologie mobile 24h/24 7j/7 sont liés aux différentes cultures de gestion. Les employés utilisent les appareils et la technologie mobiles pour travailler en dehors des heures de bureau parce que leurs patrons ou clients le leur demandent. Ainsi, ce ne sont pas tant les téléphones qui les empêchent de se reposer, mais d’autres personnes.
A mesure que prolifèrent le nombre et l’usage de smartphones en Afrique, nous devons intensifier les débats autour de l’équilibre travail/vie privée et de la disponibilité des personnes 24h/24 7j/7. Les conférences téléphoniques tardives ne disparaîtront pas, mais elles seront peut-être plus supportables si des modes de travail flexibles permettent de réduire les temps de déplacement ou de trouver un meilleur équilibre entre obligations professionnelles et vie privée.
En outre, il serait sans doute intéressant que les employés de bureau repensent leurs habitudes. Si nos collaborateurs et nos clients peuvent nous joindre en dehors des heures de bureau, c’est souvent parce que nous sommes déjà en ligne sur les réseaux sociaux ou en train de naviguer sur Internet. Une personne qui entend une notification d’arrivée d’e-mail a de fortes chances de lire l’e-mail concerné
L’expéditeur s’imagine que nous sommes contents de travailler en dehors des heures de bureau et envoie par conséquent toujours plus de messages. Nos employeurs ne sont pas les seuls à devoir s’éduquer en matière de technologie, de présentéisme (au bureau ou à l’autre bout du fil) et d’augmentation de la productivité ; nous sommes également concernés.