Les deux hommes, soupçonnés de trafic d’organes, ont été tués par une foule en colère, après la disparition d’un enfant de huit ans sur l’île touristique de Nosy Be.
Ils étaient soupçonnés par la population de se livrer au trafic d’organes. Jeudi matin, deux Européens ont été lynchés et brûlés vifs sur une plage de l’île malgache de Nosy Be.
La découverte du corps d’un enfant de huit ans serait à l’origine de l’émeute. La nationalité des victimes n’est pas clairement établie. «Les deux étrangers sont des Français, nommés Sébastien et Roberto Gianfala, ils ont avoué sous la torture avoir commis des trafics d’organes», affirment les gendarmes malgaches.
Mise à jour du Dimanche 6 Octobre 2013:
La justice française a ouvert une enquête préliminaire pour « meurtre » après le lynchage à Madagascar d’un Français qui habite près de Paris, d’un Franco-italien et d’un Malgache.
Il s’agit pour l’instant d’une enquête de police sur la mort du Français, une enquête judiciaire sous l’autorité d’un juge d’instruction n’ayant pas encore été ouverte.
Sébastien Judalet, 38 ans, a été lynché jeudi par une foule en colère avec un autre touriste italien et un habitant de l’île de Nosy-Be. Les trois hommes étaient accusés, selon la rumeur, de la mort d’un garçon de 8 ans, dont le corps avait été retrouvé sur une plage. Certains émeutiers accusaient les trois hommes d’avoir tué l’enfant pour revendre ses organes. Par précaution, six Français ont été évacués vers la capitale Antananarivo.
La police locale a arrêté 19 personnes ayant participé aux émeutes et aux lynchages, et un couvre-feu avait été instauré vendredi soir. Les autorités ont également annulé le «joro», cérémonie rituelle visant à conjurer le sort, qui devait avoir lieu ce samedi. Cette cérémonie aurait dû, selon les croyants, libérer l’île du mal qui l’a ronge cette semaine.
La victime française habitait Montreuil, et travaillait comme chauffeur de bus à la RATP. Il voyageait fréquemment à Nosy-Be et était de retour sur l’île depuis 2 semaines.
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Mise à jour Jeudi 3 Octobre à 21h11: Un troisième homme brulé vif
Vers 18 heures, heure locale, il faisait déjà nuit. Dans le noir, les gens ont fait un grand feu et, au milieu, une voiture 4L bleue est arrivée devant ce feu. La foule s’est alors rassemblée devant la voiture et les gens en ont extirpé une personne qu’ils ont ensuite jeté dans le feu.
L’homme en question était celui qui avait provoqué les affrontements de mercredi, devant la gendarmerie. Il était aussi l’oncle de l’enfant qui a été retrouvé mort, le ventre ouvert, sans une partie de ses organes. Et c’est également lui qui a dénoncé les deux européens, lynchés ce jeudi matin, comme étant ses complices dans ce trafic d’organes.
Si Nosy Be a retrouvé un calme relatif, ce soir les gens étaient toujours dans la rue et il y avait des barrages à certains carrefours avec des pneus enflammés.
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Selon le Quai d’Orsay, au moins un Français compte parmi les victimes. Des sources sur place parlent d’une victime de nationalité italienne, ce que n’a pas pu confirmer Rome immédiatement. Pour un restaurateur, l’homme serait plus vraisemblablement italo-français.
Nosy Be est connue pour ses eaux turquoises et ses plages de sable blanc. Située au large de la côte nord-ouest de Madagascar, l’île paradisiaque est un lieu de villégiature très prisé des touristes, essentiellement français et italiens. Le tourisme sexuel et la prostitution des mineurs y font des ravages
La disparition du corps d’un enfant de huit ans est venue semer le trouble. Mercredi, une foule en colère s’est rassemblée devant la gendarmerie de Hell-Ville après l’arrestation de deux suspects. La population, venue demander leurs têtes, s’en est ensuite pris aux maisons des gendarmes, dont plusieurs ont été incendiées. Les forces de l’ordre ont répliqué pour disperser la foule, faisant au moins un mort et deux blessés.
«Ces histoires de trafic d’organes ou de corps découpés ne sont que des rumeurs», raconte au Parisien un Français habitant sur place, qui dit avoir assisté au lynchage tôt jeudi matin. «Ça m’a réveillé. J’ai vu une foule énorme arriver, je dirais entre 3000 et 4000 personnes, y compris des femmes et des enfants. Les deux hommes ont été tabassés puis jetés sur un brasier. C’est quelque chose d’atroce à vivre. Malheureusement, il était impossible d’intervenir.»
«Nous comptons sur la justice malgache pour faire toute la lumière sur les circonstances exactes de ces événements et avons demandé aux autorités de prendre les mesures pour assurer la sécurité de nos ressortissants sur place», déclare le porte-parole du Quai d’Orsay. Des messages de vigilance ont été envoyés aux quelque 700 Français résidant à Nosy Be ainsi qu’aux touristes présents sur l’île.
L’école française a été temporairement fermée. Le ministère des Affaires étrangères recommande aux personnes présentes à Nosy Be de ne pas se déplacer et à celles qui ont prévu de s’y rendre de différer provisoirement leur visite.
Les lynchages publics ne sont pas rares à Madagascar, où des voleurs présumés ou des conducteurs impliqués dans des accidents mortels ont récemment été lynchés et brûlés vifs. Les foules n’hésitent pas non plus à attaquer les commissariats ou gendarmeries pour essayer d’en extraire