Aujourd’hui se déroulait à l’école militaire à Paris les IV assises nationales de la recherche stratégique avec un programme de réflexion sur les risques et menaces de l’hyper modernité avec la présence du ministre de l’intérieur Manuel Valls dans la séance d’ouverture.
Journée très riche de réflexions organisée par le CSFRS Conseil Supérieur de la formation et de la recherche stratégique.
Nous venions à peine de sortir des conférences de Elysées Afrique avec le cantique « L’Afrique est l’Avenir de la France » orchestré par un volumineux et approfondi rapport du Sénat …
En réflexion stratégique ce fut le désert total, ici point d’Afrique et très peu de présence de nos élites africaines , étudiants , stratèges ,diplomates , ou membres d’ambassade…
Si nous pouvions espérer que le thème de la proximité géographique, de l’espace culturel ou même de la francophonie soit des vecteurs du progrès et de la modernité , ici pas un mot , nous étions dans le cyberespace, de discontinuité géopolitique, et même d’une remise en question du pouvoir régalien des états.
Un monde de plus en plus complexe ou les algorithmes prédictifs sont des outils puissants de décision ou des systèmes automatiques se substituent aux faiblesses de nature psychologique, aux hésitations, les technologies autorisant des transactions financières à haute fréquence, même des capitaux numérisés avec des comptes dans des zones échappant à tout contrôle.
La construction de ce monde hyper modernisé se produit dans une temporalité excessivement plus rapide que le pouvoir de contrôle de nos hommes politiques ou des appareils judiciaires.
« Si le monde industriel et particulièrement de l’automobile a construit des freins pour toute mobilité ou des systèmes de sécurité pour les machines outils, Internet et le monde de la cybercriminalité ou des banques des donnés semblent échapper aux contrôles des états : jusqu’à quand ? »
Si ces révolutions scientifiques et technologiques semblent porteuses de progrès dans plusieurs domaines, elles posent la question des libertés individuelles mais encore plus de la dépendance des entreprises et même des Etats. De grande crise accompagneront cette hyper-modernité, quelles soient de nature climatique, industrielle, ou sanitaire, L’Afrique doit veiller dans cette période de forte croissance qu’elle connait à se doter d’outils prévisionnels, de stratégies de développement et se munir des meilleurs outils d’anticipation et une forme de suivi et de surveillance des zones de ruptures , de fragilité pour profiter de l’expérience Européenne puis en sautant les obstacles édifier une meilleur gouvernance de l’ univers 2.0
Par exemple de plus en plus la cybercriminalité et le grand banditisme international se spécialise sur ces nouveaux outils technologiques avec une réactivité et une fluidité profitant des divergences des politiques nationales et du manque d’efficacité et de concertation policières et judiciaires transversale à plusieurs états. Et même si c’en était le cas , le temps de la justice et des enquêtes est si long qu’il permet le plus souvent à ces organisations d’échapper du tamis des systèmes de répression.
Plusieurs révolutions technologiques accompagnent cette modernité, le numérique mais aussi les biotechnologie, la robotique et les nanotechnologies, Si l’Afrique est bien le continent émergent , il doit dés à présent utiliser des outils de veille , envoyer ses cadres dans ces cercles de réflexions stratégiques où l’on ne manque jamais de voir des étudiants chinois prendre des notes sur tout . Elle doit consolider son développement dans les niches futures ou dans la Co-localisation, une délocalisation coopérative la permettant d’accumuler de la croissance réelle ; Sinon elle prendrait le risque d’accueillir demain dans des zones de conflits les pirates 2.0 comme elle a été le refuge dans la zone sahélienne du trafic international des drogues dures.
Si l’esclavage a été une main mise sur les corps et le travail des noirs africains, la colonisation une main mise sur les terres et les espaces de production et de matière première, la Mondialisation nous a donné une main mise du dollar sur la finance internationale.
L’Afrique doit impérativement veiller à identifier les risques et les menaces liés aux incessantes mutations d’un monde difficilement lisible dans sa complexité et à ne pas subir une nouvelle domination des donnés numériques, en se donnant les moyens de contrôler ses data, ses donnés numériques et de participer pleinement aux réflexions géopolitiques sur ces nouveaux espaces pour ne pas échapper aux sources de prospérité et surtout d’indépendance dans ce monde de la virtualité en effervescence….
Ibrahim El Ali