Il existe une relation positive et statistiquement significative entre l’entrepreneuriat et l’innovation
Ne pas disposer d’entrepreneurs rime avec inexistence de l’innovation. L’innovation est faible en Afrique, non parce que les personnes capables d’innover n’existent pas, mais plutôt parce que l’on ne permet pas à l’esprit d’entreprise d’éclore.
L’un des rôles essentiels des institutions est d’encourager l’esprit d’entreprise ou de faire en sorte que l’esprit d’entreprise soit tourné vers des activités marchandes plutôt que vers des activités politiques ou de survie. Malheureusement, une grande partie des pays Africains la recherche des ‘rentes politiques’ pose de sérieux problèmes. La problématique de la corruption renvoie directement au problème de l’équilibre politique et social Il est indispensable de trouver les moyens de rompre avec ces équilibres sous-optimaux pour changer les choses. C’est la clé pour développer l’entreprenariat donc, l’innovation en Afrique.
La question de l’innovation en Afrique ne peut être abordée sans poser le problème de son financement
La structuration de l’offre de financement en Afrique n’est simplement pas adaptée au développement de l’innovation. Les aspects de rentabilité et de maîtrise des risques restent prépondérants dans l’appréciation des requêtes de financement des projets. Ce qui amène les institutions financières à souvent privilégier des financements à court terme au détriment des ceux à moyen et long terme. Si du point de vue bancaire, cela a un sens, il n’en est rien pour les innovations.
« les dix premiers pays africains du nouvel Indice de développement des TIC 2013, sont classés seulement entre la 64e et la 109e place » indique Lansana Gagny Sakho
Les business angels ou les entreprises spécialisées dans le seed-capital et le développement de start-ups font cruellement défaut au continent Africain. Or, l’offre de capital-risque est fonction notamment de la liquidité du marché, de sa résilience, de sa profondeur. Ceci en vue de permettre une sortie par la grande porte aux institutions de capital d’investissement. Le continent a besoin de plus de structures lui permettant de soutenir les agents innovants. Google ou Facebook ne sont pas venues au monde comme grande entreprise. Pour faire simple, il faut une sorte de capital-risque, en tenant compte des spécificités du continent
Les technologies de l’information sont devenues indispensables pour la transformation du continent, les dix premiers pays africains du nouvel Indice de développement des TIC 2013, établi par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), sont classés seulement entre la 64e et la 109e place.
Améliorer la compétitivité de l’Afrique exigera de prendre de réelles mesures dans deux grands domaines le déficit d’infrastructures et la mise en place de véritables politiques pour favoriser l’innovation.
Les états Africains ont besoin d’un cocktail de politiques et de stratégies qui améliorent la productivité, traitent la question des compétences indispensables et des problèmes d’infrastructure, favorisent l’innovation. Dans des pays comme le Brésil, le Chili, la Chine, le Costa Rica et l’Inde, les gouvernements assument un rôle de chef de file dans l’élaboration de stratégies de compétitivité et de politique d’innovation.
Selon le Global Competition Report 2012-2013, 14 des 20 économies les moins compétitives sont africaines
Cela s’explique entre autre par la précarité des institutions, les avancées technologiques insuffisantes, et une base de compétences étroite pour une économie de l’innovation. Le rapport du Forum économique mondial montre que, bien que l’Afrique et l’Asie en développement aient eu, dans les années 60, une productivité similaire, qui était d’environ 20 USD par heure travaillée, celle de l’Afrique a chuté à environ 12 USD en 2012 et celle de l’Asie en développement s’est envolée pour se situer à environ 40 USD.
La mondialisation, les progrès technologiques rapides et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, obligent à accroître sans cesse la compétitivité. Mais sans politique d’innovation il est quasiment impossible de s’intégrer à la mondialisation. Innovation & financement : véritable chemin de croix pour le continent Africain, c’est pourtant une des voies obligées pour positionner le continent sur le chemin d’une véritable croissance génératrice de richesses pour les communautés.
Lansana Gagny Sakho