Le continent africain a connu, selon les études conduites par la BAD, l’OCDE et les Nations Unies, une croissance moyenne de 4,8% en 2014, qui devrait s’élever à 5,7% en 2015
Les investissements directs étrangers (IDE) seraient devenus la première source d’apports financiers en Afrique avec 80 milliards USD en 2014, devant les transferts monétaires officiels des migrants pour environ 67 milliards et l’aide publique au développement (APD), pour environ 55 milliards.
Après avoir diminué au plus fort de la récession, l’apport du secteur privé occupe une place grandissante dans le financement du développement africain.
Cette croissance s’accompagne d’évolutions qui témoignent d’une importante transformation des économies du continent : plus de 80% des IDE réalisés en Afrique subsaharienne ; développement des classes moyennes (350 millions de consommateurs) ; investissements croissants dans l’agriculture et les infrastructures ; progression de 23% des investissements intra-africains en 2013 dont la part a triplé dans les IDE au cours des dix dernières années.
Le secteur privé consacre la majorité de ses investissements (70%) aux pays à revenu intermédiaire supérieur (de 4.086 à 12.615 dollars de revenu annuel par tête). Malgré une certaine diversification, les IDE se concentrent sur les pays riches en ressources naturelles (Afrique du Sud, Ghana, Maroc, Mozambique, Nigéria, Soudan). Les investisseurs africains sont ceux qui diversifient le plus leurs investissements (services financiers, immobilier, bâtiment, produits chimiques, composants électroniques, vente au détail).
« La population de nombreux pays africains vit en deçà du seuil de pauvreté alors qu’ils disposent de richesses et de potentiels considérables en ressources naturelles, énergie, agriculture et tourisme notamment »
Le secteur privé occupe une place grandissante dans le financement du développement africain mais ses investissements sont d’une diversification encore limitée
Le développement des investissements privés et l’évolution vers une économie inclusive ne concernent pas, loin s’en faut, l’ensemble du continent. Les déséquilibres en matière de développement économique restent, en effet, criants en Afrique. La population de nombreux pays africains vit en deçà du seuil de pauvreté alors qu’ils disposent de richesses et de potentiels considérables en ressources naturelles, énergie, agriculture et tourisme notamment.
Pour y attirer les investissements privés de manière significative et leur permettre de rentrer dans une économie de transformation et de consommation, créatrice de richesse et d’emplois durables, ces pays, on le sait, doivent réduire les facteurs de risque qui sont autant de freins à l’investissement privé (instabilité politique, insécurité, corruption, éducation et formation insuffisantes, absence d’infrastructures modernes, absence de cadre juridique stable). Pour éliminer ces risques, l’APD continuera à apporter son soutien mais l’intervention du secteur privé sera essentielle.
Le développement des infrastructures va se poursuivre grâce à la coopération et aux partenariats entre les sources de financement publiques (fonds d’infrastructure souverains, fonds d’investissements alimentés par les investisseurs institutionnels et les bailleurs de fonds internationaux) et les sources de financement privé (sociétés industrielles, banques commerciales et fonds d’investissement privés).
Cette complémentarité trouve sa concrétisation dans les partenariats public-privé (PPP) qui se développent comme le modèle de financement des infrastructures en Afrique subsaharienne.
La Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement, directement ou par l’intermédiaire de la Facilité Africaine de Soutien Juridique (ASLF), apportent actuellement leur financement à divers Etats afin de leur permettre, grâce à l’aide d’experts, de définir les schémas directeurs de développement de leurs infrastructures, de mettre en place un cadre juridique et institutionnel propre à ces partenariats et de donner à leurs administrations la formation nécessaire pour l’identification des projets, leur structuration, leur négociation et leur contrôle.
Le mix entre financements publics et financements privés sera la clé des prochaines étapes du développement africain
Le retour au pays de cadres dirigeants et de jeunes diplômés formés dans les meilleurs universités, la mise en place de cadres juridiques modernes en matière commerciale et financière – concrétisée, à titre d’exemple, par l’adhésion de nombreux pays au traité de l’OHADA – et l’appui apporté par les bailleurs de fonds comme la BAD aux banques commerciales locales dans les transactions commerciales, constituent d’ores et déjà des éléments fondamentaux d’attraction des investissements privés vers le continent.
Ceux-ci doivent être impérativement complétés par le développement des infrastructures, l’évolution vers plus de stabilité politique, les efforts nécessaires en matière de gouvernance et la mise en place des outils permettant un meilleur accès aux informations financières sur les sociétés commerciales. Seront ainsi réunis les éléments indispensables au développement de l’investissement privé indépendamment des acteurs publics, par le biais, notamment, des fonds de capital investissement et de capital développement qui disposent de liquidités considérables prêtes à être investies dans les entreprises et les projets africains.
Jean-François Mercadier, Cabinet Heenan Paris