Sahraouis et Marocains crient à la victoire diplomatique
Après avoir quitté l’organisation panafricaine en 1984, suite à l’admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à celle-ci comme membre à part entière, le Maroc retrouve sa « famille politique » après 34 longues années d’absence. En effet, le 28e sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé fin Janvier de l’année en cours dans la capitale Ethiopienne, a vu la réintégration-admission du Maroc au sein de l’organisation continentale comme 55e membre.
Pour la RASD, il s’agit d’une victoire diplomatique pour les sahraouis, du fait que le Maroc a accepté de souscrire aux clauses de la Charte constitutive de l’UA de 1999, et ce en acceptant également de s’asseoir aux cotés de la République sahraouie dans l’organisation panafricaine. « Il s’git de la reconnaissance de la RASD par le Maroc », avait déclaré l’ambassadeur de la République sahraouie en Algérie, Bouchraia Hammoudi, Mercredi dernier à un organe de presse algérien. « Cette admission mettra le Maroc dans l’obligation de souscrire aux dispositions juridiques contenues dans la Charte constitutive de l’UA, le contraignant de facto à respecter sans conditions, les frontières héritées du colonialisme ainsi que de l’intégrité territoriale des pays membres », avait déclaré le diplomate sahraoui. En joutant : « Le Maroc a toujours conditionné, durant ces 34 années son retour à l’organisation panafricaine, par l’exclusion de la RASD de celle-ci, et cette exigence n’a pas été concrétisée lors de ce dernier sommet continental ».
La bataille des légitimités
Également de leurs cotés, les marocains crient à la victoire. Pour eux, cette réintégration-admission consacre la souveraineté de l’Etat marocain sur les territoires sahraouis. « Cette réintégration du Maroc au sein de l’UA consacre notre victoire sur les ennemis de notre intégrité territoriale, ainsi que de la victoire de la diplomatie marocaine sous l’égide du Roi Mohamed VI », avait déclaré le ministre marocain des Affaires extérieures, Salah Eddine Mézoir, à l’issue de ce sommet africain.
Pour étayer sa cause, le Maroc se dit que sa réintégration à l’UA a été réalisée par l’adhésion de la majorité des pays africains à sa cause. Voire, selon ce dernier, 39 pays des 54 que comporte l’organisation panafricaine, avaient approuvé cette réadmission. Chose que contestent les sahraouis, en affirmant que cette admission a été réalisée par consentement des membres de l’UA.
De même, les marocains justifient notamment leur « victoire », par le fait que le conflit du Sahara Occidental relève exclusivement de la compétence des nations unis, à savoir pas de celle de l’UA. D’après ces derniers, du moment que ce conflit n’est pas encore résolu au niveau de l’ONU qui est une organisation suprême, l’UA se devait prendre une position neutre vis-à-vis de ce conflit. Ce sont ces arguments qu’avait fait valoir, le Roi Mohamed VI, auprès des dirigeants africains, lors de son ballet diplomatique durant ces dernières années, le conduisant dans différents pays du Continent.
C’est dire, il s’agit d’une véritable bataille diplomatique menée par les deux parties lors de ce 28e sommet de l’UA. Pour les marocains, il s’agit d’une réintégration au sein de « sa famille politique », du fait que le Maroc était membre fondateur début des années 1960, de l’organisation de l’unité africaine (ex-OUA) ancêtre de l’UA. De leurs cotés, les sahraouis affirment qu’il s’agit d’une admission, du fait que l’UA avait succédé à l’OUA en 1999 via de nouveaux actes constitutifs et que la république sahraouie était membre fondateur de cette nouvelle organisation panafricaine.
Par ailleurs, il est à rappeler que le Sahara Occidental avait été annexé par le Maroc en 1975, suite au retrait de l’Espagne qui était la puissance administrante. Les sahraouis engagent, en conséquence, un conflit armé pour recouvrer l’indépendance de leur pays. La guerre durera 15 longues années, voire jusqu’au cessez-le feu de 1991 entre les deux paries. Un cessez-le feu réalisé sous l’égide des nations unis, consacrant le droit des sahraouis à l’autodétermination via un référendum. Et ce référendum, 26 ans durant, tarde à voir le jour pour cause de la tergiversation de la partie marocaine. Les sahraouis attendent toujours leur autodétermination en donnant pleinement la chance à la paix.