Le Programme AFIDBA vise à soutenir les entreprises inclusives et digitales du continent dans leur passage à l’échelle, à travers un accompagnement taillé sur mesure et une offre de financement hybride. Il recrute actuellement les 20 prochaines entreprises qu’il accélèrera en 2021 !
Qui n’a pas, ces dernières années, eu vent des discours annonçant le grand essor de l’innovation africaine ? En figure de proue de ce mouvement, on nomme régulièrement les « start-ups », ces entreprises au potentiel de croissance exponentiel, parfois disruptives.
Ce seraient alors elles qui développeraient aujourd’hui la tech de demain, à Abidjan, Nairobi ou Lagos. Même si la Silicon Valley reste un exemple lointain, les entrepreneurs africains ont bien compris qu’il ne s’agissait pas, pour avoir un impact durable, de copier les innovations californiennes en les adaptant au contexte du continent. Le discours a en effet changé : au lieu de toujours se comparer aux géants occidentaux, il faudrait aujourd’hui considérer chaque problème sociétal comme une opportunité, afin de définir un nouvel ordre entrepreneurial, au service de la société et du développement durable du continent. Les indicateurs économiques utilisés habituellement pour mesurer les résultats d’une entreprise apparaissent alors obsolètes, tant l’impact de ces projets d’un nouveau genre est plus large.
Et puis, les défis apportés par le continent sont bien différents. Comme nous le dit Ama Dadson : « l’Afrique reste un défi en soi, notamment en termes d’accès au digital, où il faut pouvoir être sûr que les produits proposés soient abordables, accessibles et adaptés à la demande. » Elle en sait quelque chose. En effet, elle a créé en 2017, à Accra, Akoobooks, une application proposant des versions audio des classiques de la littérature dans diverses langues africaines, avec pour objectif de rendre la lecture accessible à des populations analphabètes ou ne maîtrisant pas de langue européenne.
A l’image d’Ama Dadson, les entrepreneurs mettant en pratique leurs idées innovantes se font de plus en plus visibles et ils sont particulièrement prêts à répondre directement aux enjeux climatiques en incluant les populations les plus défavorisées. C’est par exemple le cas de Frédéric Kiema, qui, à Ouagadougou, a créé Green Hope, qui permet à des fermiers ruraux de mesurer leurs besoins en intrants et de leur faciliter l’accès au micro-crédit pour financer leur exploitation. « Etant donné que tous n’ont pas une épargne suffisamment élevée, nous leur permettons d’emprunter auprès d’institutions de microfinance et leur proposons une assurance sécheresse. » La solution digitale développée est alors particulièrement utile dans un contexte où l’érosion et la désertification des sols est un motif de précarisation de populations déjà vulnérables.
Cependant, même si ces innovations sont nombreuses et ont prouvé leur pertinence, le bât blesse souvent lorsque ces projets tentent de grandir et de rencontrer leur véritable marché. Au-delà de problèmes structurels qui freinent leur développement, les offres d’accélération restent rares et les financements sont souvent inadaptés pour permettre un passage à l’échelle.
En effet, un chaînon manquant persiste entre l’offre de la microfinance, des banques ou des fonds d’investissement. Les institutions de microfinance s’adressent essentiellement à un public non-bancarisé et rural et proposent des tickets aux montants limités et aux intérêts élevés. A l’inverse, les banques requièrent des garanties souvent difficiles à obtenir pour ces entrepreneurs et proposent des montants importants.
C’est en partant de ce constat que Bond’innov, association visant à promouvoir l’entrepreneuriat à impact dans les territoires émergents, a réuni divers acteurs pour apporter une solution adaptée aux entrepreneurs du Maroc, du Sénégal, du Burkina Faso et du Ghana. Financé dans sa quasi-totalité par l’Agence Française de Développement, le programme AFIDBA (AFD For Digital and Inclusive Business in Africa) a été développé et est piloté par Bond’innov, avec le soutien de Positive Planet International, qui s’entoure d’un consortium composé d’acteurs variés et complémentaires : incubateurs, ONG, multinationale, fonds d’investissement.
Au-delà d’une approche digitale qui paraît absolument nécessaire pour répondre aux enjeux du siècle, les incubateurs de Makesense, Concree, Impact Lab, La Fabrique et Innohub accompagnent les entreprises à renforcer l’inclusivité de leurs projets et à contribuer aux Objectifs de Développement Durable de l’ONU, pour promouvoir une économie positive et résiliente, qui inclue les populations les plus défavorisées. L’accent est alors mis sur le besoin d’inclure les femmes et les populations de la Base de la Pyramide – vivant avec moins de 8$ par jour – pour développer des projets entrepreneuriaux qui auront un impact plus global sur le développement de la société.
Trisolace, entreprise ghanéenne accompagnée en 2020 par AFIDBA, est également la preuve tangible que l’intégration de ces populations vulnérables mène à l’émergence de nouveaux modèles d’affaires. A travers leur activité, ils développent une offre de kits d’élevage d’escargots. Felix Appiah, cofondateur de l’entreprise, raconte : « Notre projet a pour but de faire accéder les ménages défavorisés à la sécurité alimentaire, et de leur proposer une solution permettant d’absorber leurs déchets ménagers et de faire pousser leur nourriture, sans générer de coûts, de pertes d’espaces ou de nuisances olfactives. »
La volonté de participer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable nécessite également de la part des entrepreneurs une prise en compte des enjeux climatiques et sociaux. Connaître ces enjeux est primordial pour développer une entreprise pérenne : les écosystèmes risquent d’être sujets à des bouleversements environnementaux profonds, qui auront des impacts sociaux importants. Les prendre en compte dès maintenant dans son projet est une preuve de résilience et d’adaptabilité.
En deux ans, près de 41 start-ups ouest et nord-africaines ont été accélérées selon les principes énoncés précédemment. Une vingtaine d’entre elles ont également été financées, grâce à une subvention et un prêt d’honneur, sans garantie ni intérêt. Cette solution, hybride et adaptée aux capacités de remboursement des jeunes entreprises, leur permet de préparer un premier passage à l’échelle, en étoffant leurs équipes par exemple, ou en faisant des investissements matériels décisifs.
AFIDBA est désormais à la recherche des vingt entreprises marocaines, ghanéennes, sénégalaises et burkinabè que le programme accompagnera en 2021. Vous êtes entrepreneurs dans un de ces pays ?
L’appel à candidatures est ouvert jusqu’au 5 février 2021