Afric’Up 2019, une énorme succès !
Il fallait y être et j’ai rarement vu autant de passion, d’enthousiasme et d’implication dans un événement qui met en avant l’Afrique, le numérique et les entrepreneurs.
Plus de 1 300 personnes, 32 pays et trois jours passionnants. Des entreprises, fondations, personnalités, états, des jeunes et des mentors, des passionnés et tous d’une proximité et d’une accessibilité unanimement reconnue. Un bonheur de pouvoir échanger librement avec tous et sur toute les thématiques. De voir Abdou Samb, Lacina Kone ou Tomi Davies parler avec des jeunes pour leur donner de précieux conseils.
Afric’Up c’est parvenir à s’écouter, se poser parfois une ou deux heures pour comprendre, se projeter et décider de quelle action mener ensemble !
J’ai aussi été très agréablement surpris par la Tunisie qui se tourne véritablement vers les autres pays voisins et même ceux d’Afrique centrale. J’ai senti un désir de s’unir entre pays pour ensemble véritablement avancer et construire afin de prendre en main cette révolution numérique.
Ce que je regrette souvent dans les événements c’est de s’échanger des cartes de visites sans finalement véritablement avancer, sans prendre le temps de comprendre ce que nous faisons tous mais chacun de notre côté. Ici à Tunis, c’était vraiment parvenir à s’écouter, se poser parfois une ou deux heures pour comprendre, se projeter et décider de quelle action mener ensemble ! Enfin du concret, des partenariats et de la complémentarité de compétences. C’est ainsi que les choses avancent vraiment sur les projets numériques et avec les entrepreneurs.
Voici mon message pour les entrepreneurs d’Afrique lors cette édition d’Afric’Up 2019 que j’ai pu évoquer en keynote à Tunis :
Engageons nous pour créer le plus grand réseau des jeunes Acteurs du Développement grâce au numérique. Déployons ensemble le partage des compétences, les financements et le contexte pour un terrain fertile aux projets qui allient numérique et thématiques du développement.
Comme avec le mobile et le fameux « leapfrog » l’Afrique peut innover et démontrer un savoir faire mondial avec le développement des smart city ou « villes intelligentes ».
Des villes, quartiers, agglomérations qui vont redessiner l’Afrique d’aujourd’hui pour relever les défis de demain. Démographie, protection de l’environnement, migration, emplois, changement climatique dans la logique des 200 indicateurs clefs des Objectifs de Développement Durable.
Les villes durables représentent l’innovation et l’avenir de l’Afrique, mais aussi le présent. La Tunisie peut réellement regarder vers le sud pour nouer des partenariats vertueux car de nombreuses solutions existent déjà.
Le coût de la vie augmente en Tunisie, l’eau, la santé, l’électricité, le transport, l’éducation. C’est aussi une opportunité de refonte de ces services avec de nouvelles opportunités à déployer avec les solutions des entrepreneurs et ainsi transformer ces coûts en valeurs, en services et donc en réussite économique, en croissance.
Les villes durables, smart city ou villes intelligentes en sont le reflet car elles offrent une synergie dans ces thématiques. L’énergie par exemple, devient renouvelable avec le solaire et surtout les batteries et les nouvelles technologies de stockage qui permettent une diffusion raisonnée et mesurée de cette précieuse ressource. Une ressource non polluante ou épuisable mais verte et économiquement viable.
La logistique avec les transports en communs, électriques et connectés qui ne nuisent plus à l’environnement et offrent des services plus adaptés aux contextes locaux.
La poste qui se transforme en une identité virtuelle avec la dématérialisation du courrier, des factures, des informations propose des coordonnées précises à un habitant, une famille ou une entreprise.
Des services publics qui eux aussi de manière physique ou dématérialisée offrent l’accès aux informations d’état civil, du foncier, d’imposition ou l’ensemble des démarches administratives. Une administration connectée couplée à des bâtiments physiques qui offrent de meilleurs services aux usagers.
Ou sont ces villes intelligentes ?
Au Rwanda, en Ouganda, en Ethiopie sous forme de quartiers gigantesques modernes et innovants qui se développent vite avec un savoir faire local et en partenariat avec des entreprises et des compétences internationales. Des centaines de personnes les visitent chaque jour pour les étudier.
Les bus dont je parle plus haut sont déjà en services à Kigali et ont y monte avec son smartphone pour payer électroniquement ce qui offre aussi immédiatement la connexion en 4G. L’état envisage de transformer une grande partie des transports en commun à l’énergie électrique.
Le tramway n’est plus un rêve, il fonctionne depuis de nombreuses années en Ethiopie à Addi Abeba. Un pays ou c’est encore l’énergie renouvelable avec le barrage hydraulique du Nil qui alimente en électricité des villes modernes.
Des transports ferroviaires comme au Kenya où les grandes villes sont connectées entre elles avec là aussi avec de nouvelles gares ultra modernes.
Le modèle de service Rwandais
Changer la relation entre les administrations et les populations
L’administration 3.0 est devenue une des expertises majeure et reconnue de Kigali avec le Rwanda Development Board (RDB) qui, au delà de mettre à disposition une administration puissante qui dans ses bâtiments garantie une réponse et une solution en moins de 30 minutes. Le RDB propose également une plateforme en ligne Irembo traduite en plusieurs langues proposant elle aussi les services administratifs, foncier, civil et business pour les Rwandais et les étrangers en rapport avec une activité au Rwanda. Le RDB qui forme déjà d’autres pays pour connecter les habitants aux administrations. L’état civil comme le foncier ou la création d’entreprises sont désormais une routine avec ces plateformes physiques et virtuelles.
Des solutions innovantes se développent au pays des mille collines et mettent en synergie drone, santé et messagerie comme Zipline qui avec ses drones livre du sang par le biais de commandes Whatsapp avec 100% de taux de réussite. Là aussi une solution replicable qui se déploie déjà au Ghana et au Sénégal.
Le e-commerce avec Jumia qui, dans plus de 14 pays ne livrera plus une adresse mais va localiser le smartphone dont le propriétaire a passé commande pour toucher directement le consommateur connecté et donc géolocalisé.
L’éducation, avec les cours en lignes mais aussi les écoles de formations au numérique : Simplon, 42, Fondation 01, Andela etc… offrent de nouvelles perspectives aux jeunes. Ces écoles sont de plus en plus proches des HUB physiques qui se développent massivement en Afrique, ils étaient 310 en 2018 et sont plus de 650 en 2019 !
Enfin la bancarisation par le mobile que l’on ne présente plus offre désormais de nouveaux services avec l’épargne, le crédit, l’assurance, le paiement de factures qui est justement au cœur des services de la ville moderne.
Afric’Up comment y participer ?
Comment faire partie de cette aventure en tant qu’entrepreneur ? En pensant « service » et en apportant le savoir faire local des pays ou des régions d’Afrique aux bailleurs qui cherchent des opérateurs fiables, innovants, avec des solutions concrètes adaptées aux contextes.
Il est essentiel de fédérer ces Acteurs du Développement et c’est à ce titre aussi qu’il faut remercier Mohamed Zoghlami M’Hamed Dalla et Skander Haddar pour l’impressionnante passion dans l’organisation d’Afric’Up ici en Tunisie. L’engagement est unanimement reconnu par l’ensemble des acteurs internationaux.
Les fonds ne manquent pas, ils sont disponibles auprès de banques privées publiques ou de développement, auprès des fonds de dotations ou de bailleurs internationaux. Ce sont des projets concrets portés par des opérateurs fiables et adaptés au contexte qui manquent. Les jeunes qui sont capables de les déployer et qui sont ici à Tunis peuvent porter ces projets, ils en rêvent. Connectons nous maintenant sous peine d’arriver trop tard et de rater cette incroyable révolution numérique qui offre à l’Afrique la possibilité de devenir la locomotive innovante de la croissance mondiale.
Entreprises, ONG, consommateurs, états, banques, fonds de dotations, startup et organisations doivent aussi converger vers les objectifs de développement durable pour mieux vivre. Il faut imaginer notre avenir en harmonie avec nos ressources et notre environnement.
Si l’Afrique dispose d’un savoir faire numérique, nul doute qu’il va falloir s’adapter au rythme effréné du développement des technologies; Le risque étant de rater en partie ce virage technologique. L’internet des objets (IOT), la réalité augmentée, la blockchain et l’intelligence artificielle arrivent et vont elles aussi révolutionner nos usages.
Il faut visiter cette nouvelle Afrique, les pays et aller rencontrer ces acteurs du développement pour comprendre cet incroyable potentiel. Cette Afrique qui monte.
Rendez-vous est pris pour Afric’Up 2020
Thierry Barbaut