L’Afrique commence a dicter sa loi et semble enfin vouloir prendre la main sur SA révolution économique. En moins d’une semaine, trois pays africains sont intervenus fermement pour rappeler à la Chine le droit des affaires et l’Etat de droit.
Au Zimbabwe, le gouvernement vient de décider d’annuler un contrat de réalisation d’une centrale électrique pour Sinohydro, après avoir constaté des irrégularités dans l’attribution du mandat de construction. Il s’agissait d’une surfacturation destinée à financer la prochaine campagne électorale du parti du ministre de l’Energie.
Dans le même temps, le Botswana a annoncé des poursuites contre le géant de l’électricité, China National Electric Equipment Corporation, qui n’a pas respecté les délais de livraison prévus au contrat. Quatre unités de production d’électricité de 150 MW chacune devaient être livrées au mois d’octobre 2012.
Une seule l’a été. Deux sont déjà en panne et la quatrième se construit encore. Le Botswana exige de l’entreprise qu’elle prenne à sa charge le surcoût de ses importations d’énergie jusqu’à la livraison finale de la commande complète.
Au Ghana la semaine passée, le ministre en charge des Ressources naturelles, Alhaji Inusah Fuseini, a interpellé Gong Jianzhong, le diplomate chinois en poste à Accra, au sujet des mineurs chinois clandestins qui propagent au Ghana une « mauvaise image de la Chine qui pourrait entacher les relations en plein essor entre les deux pays ».
Constatant que des mineurs chinois clandestins, pour la plupart en provenance du département de Shanglin dans le sud de la Chine, se ruent sur le secteur minier ghanéen, le gouvernement a décidé d’agir pour protéger les mineurs locaux et pour mettre de l’ordre dans le secteur annonçant la « tolérance zéro » pour ces clandestins.
Si la Chine a été le premier grand pays émergent à s’intéresser aux économies africaines, aujourd’hui, elle doit apprendre à partager cet intérêt avec plusieurs pays tels que l’Inde, la Turquie, la Corée du Sud, le Brésil, les pays du Golfe…
Sans parler d’un regain d’intérêt japonais, russe et américain. Visiblement, cette concurrence croissante permet aux décideurs africains de mieux faire respecter leurs intérêts, leurs lois et leurs citoyens.
Thierry Barbaut
Avec AgenceEcofin.com