En 2013, Israël avait signé un accord «Ciel ouvert» (Open sky) avec l’Union Européenne. Les objectifs étaient d’augmenter le nombre de compagnies aériennes étrangères opérant dans le pays, accroître le nombre de routes desservies, réduire les tarifs et stimuler le tourisme.
Depuis, le nombre total de billets internationaux d’Israël a augmenté de 46% entre 2012 et 2016, passant de 6 441 569 à 9 399 299. La capacité a encore augmenté pour atteindre un record de 11 041 535 en 2017. Imaginez ce que Open Sky pourrait apporter à l’industrie du tourisme en Afrique du Sud !
Une ouverture fructueuse
Cette croissance incroyable peut être attribuée aux transporteurs à bas prix (low cost) entrant sur le marché, grâce à un cadre institutionnel plus propice. EasyJet est devenue la troisième compagnie aérienne la plus active de l’aéroport Ben Gourion. Les compagnies grecques Aegean Airlines, hongroise Wizz Air, turque Turkish Airlines et la compagnie aérienne russe Aeroflot ont toutes enregistré une hausse significative de leur nombre de passagers.
Le succès d’Open Sky a même permet d’évoquer une éventuelle ouverture à des vols (de compagnies aériennes étrangères) sur des lignes locales dans le pays, par exemple, entre Tel Aviv et Eilat. Ces compagnies aériennes pourraient également être autorisées à établir à l’avenir des bases d’intervention locales dans les aéroports israéliens.
Les voyageurs israéliens : les grands gagnants
Ce sont les voyageurs israéliens qui ont bénéficié du plus fort impact. Avec l’augmentation du nombre de compagnies aériennes à bas coûts, opérant à partir d’une plus grande variété de sites étrangers, les Israéliens ont pu voyager moins cher, ce qui leur a permis d’augmenter leur qualité de vie et de dépenser davantage dans leurs activités sur les lieux de séjour. Plus il est facile pour les gens de voyager en provenance et à destination d’un pays, plus grandes sont les chances qu’ils utilisent leur argent pour le faire.
L’Afrique du Sud, avec son industrie touristique qui ne demande qu’à être libérée, pourrait voir une croissance incroyable des voyageurs étrangers et profiter de la création d’emplois si elle optait également pour l’Open Sky.
Des réticences
Dans un premier temps, les compagnies aériennes israéliennes ont été réticentes à l’ouverture parce que l’accord signifiait plus de concurrence de la part de leurs homologues européens. Quand une industrie n’est pas étouffée par des réglementations gouvernementales, des restrictions et des coûts bureaucratiques, la concurrence accrue signifie que les entreprises qui étaient auparavant protégées doivent améliorer leurs services et leurs produits, et faire de leur mieux pour baisser leurs prix .
Notant les inquiétudes des compagnies aériennes locales en Israël, les autorités ont mis en œuvre le programme Open sky en plusieurs étapes avec une deadline qui se terminait en 2017. Les compagnies aériennes ont ainsi eu le temps de s’adapter à une concurrence accrue et de régler les problèmes de sécurité qui augmentent les coûts de fonctionnement en Israël. Désormais, la plupart des contraintes imposées aux compagnies aériennes étrangères ont été levées.
La pluralité des offres pour la quiétude des passagers
En Afrique du Sud, il existe une poignée de compagnies aériennes privées qui arrivent difficilement à survivre, enserrées dans un environnement où le gouvernement maintient artificiellement South African Airways à coup de subventions. Ce choix est peu stratégique car la concurrence et la présence d’un secteur privé fort est un avantage. Prenons l’exemple de l’effondrement récent de la compagnie SAX (Kenya) qui aurait pu être désastreux pour ses passagers.
C’est le secteur privé, avec les compagnies Comair, SA Airlink et de quelques autres plus petites, qui a repris tout les horaires de SAX du jour au lendemain pour assurer la continuité du service. Alors que les passagers auraient pu avoir des vols retardés ou bloqués, la situation est restée fluide grâce à l’existence d’une offre diversifiée offerte par la dynamique du secteur privé, pourtant souvent condamné.
Le succès d’Open Sky en Israël ne peut être contesté. En 2016, 17,3 millions de passagers internationaux ont transité par l’aéroport Ben Gourion, contre 12,4 millions en 2012. Sur les quatre premiers mois de 2017, le trafic des passagers a augmenté de 20% par rapport à la même période en 2016. En avril 2017 l’aéroport Ben Gourion a reçu 25% de passagers supplémentaires qu’en avril 2016.
En Afrique du Sud, la concurrence limitée dans l’industrie du transport est regrettable. Le gouvernement devrait adopter une politique Open Sky et faciliter autant que possible l’exploitation et la compétitivité des compagnies aériennes locales et étrangères. Cela se traduirait par plus de choix et de meilleurs prix pour le voyageur sud-africain, tout en stimulant le tourisme.
Chris Hattingh, analyste pour The Free Market Foundation
Article publié en collaboration avec Libre Afrique