Lorsqu’en 2006 la Conférence des postes et télécommunications de l’Afrique centrale (COPTAC) désigne le Cameroun pour abriter le Centre régional de télé-enseignement du réseau panafricain des services en ligne, peu de personnes au sein de l’opinion publique croient en ce projet.
Un bâtiment flambant neuf au sein de l’Université de Yaoundé 1, en plein cœur de la capitale camerounaise, est aujourd’hui là pour démentir ceux qui avaient été sceptiques. Avec cinq amphithéâtres de 150 à 250 places, six salles de travaux dirigés de 70 places chacune, deux bureaux pour la recherche, et deux pour les juniors entrepreneurs, l’Université virtuelle d’Afrique centrale a fière allure.
Les ambitions sont grandes
En décembre 2012, elle comptait, selon une information rapportée par l’Institut de la Francophonie pour l’ingénierie de la connaissance et des formations à distance, près de 400 étudiants. Les ambitions sont grandes. L’Université virtuelle se propose d’offrir à distance les programmes académiques et professionnels en signant des accords de coopération interuniversitaire, et de mettre sur pied un mode d’organisation qui permettra en 2015 que le nombre d’étudiants qui utilisent les moyens électroniques pour se former atteigne 50 000.
Le programme, qui propose diverses formations, notamment dans le domaine de l’informatique, de la santé ou encore des finances, est l’une des manifestations de la présence indienne dans le secteur du télé-enseignement en Afrique.
Une architecture unique
C’est en 2004, alors qu’il prononçait un discours lors de la cérémonie inaugurale du Parlement panafricain, que le Dr A. P. J. Abdul Kalam, ancien président de l’Inde, a émis l’idée de connecter tous les pays d’Afrique via le satellite et la fibre optique.
Le but initial de l’initiative était de connecter les dirigeants africains, afin qu’ils puissent faire face aux défis de l’enseignement ou de la santé, bénéficier de la vidéo-conférence et autres valeurs ajoutées. Suivant cette volonté exprimée, le ministre indien des Affaires étrangères va lancer le programme e-Network, qui s’appelle aujourd’hui Pan-African e-Network.
Ce réseau s’étend aujourd’hui, selon des informations disponibles sur le site du projet, dans 48 pays en Afrique qui ont signé un accord en vue de participer au processus. Une architecture unique gère ces relations et transite par un satellite qui met en liaison une des universités indiennes et une ou plusieurs universités africaines.
Ainsi la formation en ligne permet aujourd’hui à deux organisations régionales africaines des grandes universités, en plus de l’Afrique centrale couverte par le Cameroun, d’être reliées au concentrateur et d’atteindre 53 classes virtuelles. Il s’agit de la Makerere University en Ouganda et de la Kwame Nkrumah University of Science and Technology du Ghana.
Le Pan-African e-Network
Parti d’une simple idée, le projet Pan-African e-Network est aujourd’hui la manifestation la plus visible du gouvernement indien sur le continent africain, à travers un réseau de services d’éducation et de soins de santé. Dans la pensée de ses précurseurs son but était de connecter à travers le continent africain 53 centres d’apprentissage, 53 hôpitaux, cinq universités régionales et cinq hôpitaux régionaux.
Le projet a pour mission d’aider l’Afrique dans le renforcement des capacités à travers un enseignement de qualité, grâce au concours des meilleures universités indiennes. L’autre volet du projet consiste à la coopération en matière de santé, en facilitant les consultations entre les malades africains et des spécialistes basés en Inde.
Le projet, qui a été élaboré pour un coût global de 117 millions $, est piloté par le Ministère indien des affaires extérieures. TCIL (Telecommunication Consultants India Ltd) a été désigné comme l’agence d’exécution, chargée de livrer le service clé en main. Son rôle est de concevoir le réseau, d’acquérir et d’installer l’équipement, de fournir un soutien pendant cinq ans après la mise en service du réseau dans les pays respectifs, et d’apporter du conseil au Ministère des affaires extérieures et au gouvernement de l’Inde sur toutes les questions liées au projet.
Le projet comporte deux principales composantes : le télé-enseignement, fourni par les universités indiennes, et la télémédecine, fournie par les hôpitaux spécialisés en Inde. Le projet porte aussi sur la formation médicale continue (FMC) des médecins praticiens.
Par Idriss Linge pour le magazine Réseau Télécom No 62.