L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a publié mardi 26 juin son rapport annuel. L’Afrique fait toujours partie des zones de transit de différentes drogue : cannabis, héroïne afghane, méthamphétamine et cocaïne latino-américaine.
Cette dernière passe par de nombreux pays africains. En Afrique de l’Ouest, la Guinée-Bissau est toujours une très importante plaque tournante, selon des policiers anti-drogue occidentaux que nous avons interrogés.
Beaucoup a été dit sur la Guinée-Bissau concernant le trafic de cocaïne.
En 2007, le magazine américain Time, avait qualifié ce petit pays d’Afrique de l’Ouest de narco-Etat, après l’interception d’énormes cargaisons. Mais depuis quatre ans, les saisies record ont cessé. Du coup, certains ont pensé que la route bissau-guinéenne avait été, au moins en partie, abandonnée par les narcos.
Or, des sources au sein de services antidrogues européens affirment au contraire que le trafic s’y porte à merveille. Il se poursuit simplement à l’abris des regards indiscrets. Un officier des stups occidental dans la région confie que les rotations d’avions bourrés de poudre blanche ont continué. Il cite ainsi des arrivées de plusieurs tonnes fin 2011 et début 2012.
Encore une fois, assure un de ses collègues, l’armée est fortement impliquée. Il évoque ainsi des atterrissages à l’intérieur du pays, ajoutant que des militaires ont même transformé des routes en pistes de fortune.
Notre source affirme, par ailleurs, que le trafic est toujours contrôlé par la haute hiérarchie de l’armée, citant le chef d’état-major Antonio Indiai et le patron de l’armée de l’air Ibrahima Papa Camara. A ses yeux, la libération de l’ancien chef d’état-major de la Marine, José Americo Bubo Na Tchuto, soupçonné d’être le cerveau d’un coup d’Etat manqué le 26 décembre 2011, est un autre signe négatif. Il est vrai que Bubo figure sur la liste noire américaine des personnalités impliquées dans le trafic de stupéfiants.
D’après l’une de nos sources, plusieurs réseaux criminels agissent en Guinée-Bissau. Les Colombiens font venir la drogue d’Amérique latine, tandis que des Nigérians, des Ghanéens et des trafiquants d’autres nationalités viennent se ravitailler sur place. Un nombre croissant de Bissau-Guinéens participent également à la réexportation en plus petite quantité de la coke vers l’Europe ou d’autres pays africains.
Et s’il fallait une preuve supplémentaire que les arrivées de cocaïne ont augmenté, le kilo de cocaïne est passé de 17 000 euros en octobre 2011 à 7000 euros en décembre, avant de remonter à 10 000 euros au mois de mai.
Certes, la Guinée-Bissau n’est pas le seul pays concerné par le trafic. Le Cap-Vert, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, l’Angola, l’Afrique du Sud ou encore le Mozambique et le Kenya sont également considérés comme d’important points de transit. Mais cette ancienne colonie portugaise coincée entre le Sénégal et la Guinée-Conakry est un cas exemplaire.
TB
Avec RFI