La dernière mutinerie et la révolte des démobilisés n’a pas encore fini de livrer ses secrets
Surtout que ces mouvements créent et continuent de créer la turbulence au sein de la classe politique ivoirienne. Notamment la découverte d’armes chez l’un des proches du président de l’Assemblée nationale. Ce qui a conduit à son interrogatoire à la brigade de recherche de la gendarmerie nationale. Sont-ce les hostilités pour 2020 qui s’annoncent ? Ou une simple bataille de positionnement entre le président de l’Assemblée nationale et le Chef de l’Etat ?
Déjà, l’on sait qu’au niveau du PDCI, principal allié du président Alassane Ouattara, les positions commencent de plus en plus à se préciser. Et les voix discordantes se font entendre. Plus questions de candidats uniques, notamment en faveur du RDR pour 2020, comme ce fut le cas lors de la dernière élection présidentielle. Plus grave, l’alliance pour le parti unique n’est plus à l’ordre du jour. On s’active à mettre en place des stratégies de reconquête du pouvoir. On évoque même à certains moments la question des primaires pour désigner le candidat du plus vieux parti ivoirien.
Si avec le PDCI, la bataille semble se mener dans la sérénité, il n’en est pas de même pour le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafory Soro. Parce qu’incarnant, pour certains, l’avenir, la jeunesse et l’espoir dans l’arène politique ivoirienne, d’aucun sont allés jusqu’à le comparer à Emmanuel Macron qui a défié tous les pronostics en France. Hier adulé par toute la classe politique ivoirienne (PDCI, FPI et RDR), il est aujourd’hui diabolisé par une partie de cette classe (PDCI et RDR). Héros il n’y a pas longtemps du RDR qui a fait de lui son candidat lors des deux législatives passées, il est devenu l’homme à abattre.
Pourquoi Soro fait-il si peur ?
Pour créer la psychose au sein de la nation ou du peuple, Soro Guillaume en a la renommée. Il a, pendant des années, mis à mal le parti au pouvoir de cette époque le PDCI. Son curriculum vitae est impressionnant : très tôt engagé en politique, il dirige la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), de 1995 à 1998.
Son charisme et sa détermination lui valent d’être l’un des leaders incontesté de ce mouvement. Plusieurs fois incarcéré par le pouvoir, il n’a jamais renoncé au combat ; ce qui lui a d’ailleurs valu la distinction de « l’homme de l’année », en 1997, par le quotidien pro gouvernemental Ivoir Soir. Il a également été déclaré prisonnier d’opinion par Amnesty international en 1995. Outre la FESCI où il a fait ses armes en tant qu’homme politique, il a également côtoyé les présidents Eyadéma du Togo, Oumar Bongo du Gabon, Me Wade du Sénégal, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Il a fait partie de l’alliance qui a tenté de dissuader le Général Robert Guéi de ne pas se maintenir au pouvoir. Il s’allie aussi à Alassane Ouattara et au RDR en 2000 pour s’opposer à la décision d’exclusion de Ouattara à l’élection présidentielle.
Exilé au Burkina Faso de 2000 à 2002, il deviendra par la suite le leader de la rébellion en Côte d’Ivoire.
Guillaume Soro, en tant que Secrétaire général du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (Mpci). Puis Secrétaire général des trois mouvements rebelles qui dirigent les régions Centre, Nord et Ouest (MPIGO, MPCI, MJP). En 2003, Soro Guillaume participe à l’accord de Linas Marcoussis en France. Au sortir de cette rencontre, il fait son entrée au sein de gouvernement de réconciliation nationale en qualité de Ministre d’Etat, ministre de la Communication. Puis de décembre 2005 à mars 2007, il est Ministre d’Etat, ministre chargé de la Reconstruction et de la Réinsertion.
En 2007, à la faveur de l’Accord politique de Ouagadougou, signé par les Forces Nouvelles et Laurent Gbagbo, Guillaume Kigbafori Soro est nommé Premier ministre. C’est encore lui, qui, en 2010, alors que la bataille entre Gbagbo et Alassane Ouattara battait son plein, a rallié le camp Ouattara avec ses combattants pour l’assaut final. Il est reconduit à ce poste après l’élection d’Alassane Ouattara. Avant de devenir président de l’Assemblée nationale. Alors est-ce son courage qui fait peur, ou sa personnalité ?
Une chose est certaine, la lutte pour 2020 ne sera pas de tout cadeau. Quand on sait que du côté du PDCI les préparatifs ont déjà commencé. Et le parti de Félix Houphouët-Boigny ne veut plus être un accompagnateur du RDR. Du côté de Soro, l’on pense qu’il est temps pour le président de l’assemblée nationale de jouer sa partition. Mais comment ?
Au sein du parti au pouvoir, certaines personnes pensent que le chef de l’Etat en poste doit continuer afin de terminer le travail qu’il a commencé. Car comme aiment à le dire les politiciens africains, il faut terminer le travail débuté. Ainsi le RDR n’entend rien lâcher parce qu’il a du travail à achever.
Qui sera son candidat ? Le président Ouattara qui a annoncé son départ en 2020 ? Ou bien les membres de son parti parviendront-ils à le convaincre de rester au pouvoir pour continuer l’œuvre entamée ?