Son nom se confond au football. Dans les chaumières comme dans les bureaux feutrés, tout le monde sait que pour nuire à David Mayébi, la recette est simple : lui interdire de parler foot. Parfois, agacé par la gestion approximative des affaires du ballon rond dans son pays, il se pose des questions, soutient des deux mains sa tête baissée contre le sol et lâche : «ça ne vaut pas la peine, je ne sais pas où va notre football…»Quelques minutes plus tard, il laisse tomber «il faut que j’apporte ma pierre à l’édifice».
Et depuis quelques années, cette pierre roule. Elle fait moins de bruit mais produit beaucoup d’effets. Ancien footballeur dans de grands clubs de football locaux et au sein des Lions indomptables du Cameroun, David Mayebi, la cinquantaine dépassée, s’investit dans la défense de la cause du footballeur. Pendant la coupe du monde de football en Italie en 1990 où l’équipe du Cameroun avait crée la surprise en atteignant les quarts de finale de la compétition, les droits des joueurs ont pris de sérieux coups. Il faut urgemment faire quelque chose au moment où les centres de formation pullulent comme des champignons et des recruteurs ruent de toutes parts.
Mais, comment défendre les droits des personnes qui, pour beaucoup, ne connaissent pas leurs droits et devoirs. Le dilemme est là. Avec d’autres gloires du football national, David Mayebi met sur pied l’Association des Footballeurs Camerounais (Afc) en 1995. Sensibilisation, éducation, assistance psychologique et juridique aux joueurs, formation des anciens footballeurs et des journalistes de sport, plaidoyer pour le professionnalisme, etc, l’Afc impressionne par la qualité de ses arguments et ses interventions notamment la défense des footballeurs en bisbille avec leurs clubs au Cameroun et ailleurs.
En peu de temps, l’association se tape un impressionnant siège à la périphérie de Douala, adhère à la Fifpro et représente les joueurs à la Fédération Camerounaise de football. Sur le plan individuel, David Mayebi est le seul africain noir dans le Board de la Fifpro. Alors que les succès de l’Afc s’amoncèlent, quelque chose d’inédit se produit en 2011.
L’Etat a entendu les cris de l’Afc. Il décide de créer une ligue professionnelle de football pour encadrer les championnats de première et de deuxième division. Pour s’arrimer à la nouvelle donne, David Mayebi et ses camarades changent de vitesse. L’Afc devient le Syndicat National des footballeurs camerounais(Synafoc). Les acquis restent, le combat prend une dimension plus professionnelle. Entre temps, le roi David comme l’appellent sympathiquement ses amis, trône à la tête de la Fifpro division Afrique.
Avec plus de cinq mille adhérents parmi lesquels des célébrités comme Samuel Eto’o, Geremi Njitap, Roger Milla (ambassadeur itinérant) ou Patrice Amba Salla (Ministre), le Synafoc se positionne comme un acteur incontournable de la reconstruction du football camerounais, une idée chère à son président, qui lorgne déjà de nouveaux défis.
El Christian