Une jeune photojournaliste française de 26 ans, Camille Lepage, a été assassinée en République centrafricaine, annonce ce soir l’Elysée.
« La dépouille mortelle de Mme Lepage a été trouvée lors d’une patrouille de la force Sangaris, à l’occasion d’un contrôle effectué sur un véhicule conduit par des éléments anti-balaka, dans la région de Bouar », indique la présidence française.
Le chef de l’Etat François Hollande assure que « tous les moyens nécessaires seront mis en oeuvre pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et retrouver les meurtriers de notre compatriote. »
Le chef de l’Etat a demandé « l’envoi immédiat sur le site du drame d’une équipe française et de la police de la force africaine déployée en RCA ».
«Elle n’avait qu’une envie: c’était de témoigner sur des populations dont on ne parlait pas et qui étaient en danger» a réagi sa mère sur RTL, ajoutant que sa fille avait aussi travaillé au Sud-Soudan, avant de partir pour la Centrafrique. «Elle n’avait pas peur, elle avait la joie de vivre, elle était passionnée par ce qu’elle faisait», a ajouté sa mère.
Ses photographies avaient été publiées dans le New York Times, The Guardian, Le Monde, Libération, Le Parisien ou encore Le Nouvel Observateur,indique le site du quotidien Ouest France . Camille Lepage, originaire d’Angers, était représentée par le studio Hans Lucas. «C’est quelqu’un qui venait de l’écrit avant de faire de la photo. Ce n’était pas du tout une tête brûlée. Elle savait exactement ce qu’elle faisait», a assuré Virginie Terrasse, cofondatrice du studio.
Qui était Camille Lepage
«Je ne peux pas accepter que des tragédies humaines soient tues simplement parce que personne ne peut faire d’argent grâce à elles», déclarait en octobre au site de photographie PetaPixel la photojournaliste Camille Lepage, tuée alors qu’elle effectuait un reportage en Centrafrique. La jeune femme, âgée de 26 ans, était dans le pays depuis septembre 2013, avant même l’arrivée des militaires français de la force Sangaris, chargée de maintenir le calme entre les milices catholiques et musulmanes.
Originaire d’Angers, la jeune femme était diplômée de l’université de Southampton Solent, en Angleterre. Lors de ces études, elle a fait un stage dans la rédaction de Rue89. Pour l’obtenir, elle avait notamment indiqué, dans sa lettre de motivation, vouloir s’«orienter vers le journalisme indépendant avant tout […], le seul digne de ce nom». «Elle était très motivée, et l’actualité internationale l’intéressait déjà beaucoup», se souvient Pascal Riché, cofondateur du site.
«C’était une vraie vocation»
C’est seulement après ses études que Camille Lepage décide de se consacrer à la photographie. «J’ai toujours aimé la photo mais je n’avais jamais pensé le faire professionnellement avant 2011», a-t-elle déclaré à PetaPixel. Diplômée en 2012, elle part s’installer au Sud-Soudan pour couvrir la naissance de ce pays. «J’ai toujours voulu aller là où personne ne veut aller et couvrir, en profondeur, les conflits.» Sur son site internet, elle expliquait son attrait pour les populations «laissées de côté, la plupart du temps, par leur gouvernement».
«Elle n’avait qu’une envie, c’était de témoigner des populations dont on ne parlait pas et qui étaient en danger. C’est pour ça qu’elle est allée au Sud-Soudan d’abord, à Juba. Puis elle est partie en Centrafrique», a raconté sa mère sur RTL. «Elle n’avait pas peur. Elle était passionnée. Elle avait la joie de vivre. C’était une vraie vocation».
Dix-huit journalistes ont été tués depuis le début de l’année dans l’exercice de leur métier, selon Reporters sans frontières. «Nous sommes profondément choqués de cette tragique disparition d’une jeune journaliste qui faisait preuve d’un extraordinaire courage dans son travail quotidien», a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de l’ONG, cité dans un communiqué. «En décembre 2013 déjà elle nous faisait part du climat de tensions croissantes pour les journalistes en Centrafrique, a-t-il ajouté. Sa mort odieuse montre à quel point les journalistes sont exposés au danger dans leur recherche de l’information, en République centrafricaine comme sur d’autres terrains de conflit.»