Wang Zhiping, un dirigeant de Sinohydro, se fâche : « Avons-nous vraiment l’air de colons ? Nous n’avons tué aucun africain ! » déclare-t-il au Financial Times. « Vous avez les ressources, nous avons l’argent, la technologie et le management. (…)
« Nous n’allons à pas l’étranger que pour gagner de l’argent. Dans notre démarche, nous protégeons l’environnement, assumons nos responsabilités sociales, contribuons au développement et à la réduction de la pauvreté. », ajoute le représentant du géant chinois qui mène actuellement quelque 70 projets hydroélectriques en Afrique. « Nos activités à l’étranger montrent bien que nous ne sommes pas des néocolons », avait également déclaré le mois dernier le nouveau président chinois Xi Jinping.
Tout le temps que les critiques de la politique chinoise en Afrique ne venaient que de l’Occident, et surtout des ex-colonisateurs, les Chinois laissaient dire. Ils se contentaient de rappeler de temps à autres que les pays occidentaux n’avaient guère de leçon à donner en matière de respect des peuples et de générosité.
Mais depuis quelques mois, ce sont les Africains eux-mêmes qui s’expriment. La déclaration de Lamido Sanusi, il y a quelques jours, à la veille du sommet des BRICS a piqué au vif les autorités chinoises.
Le très respecté gouverneur de la Banque centrale du Nigeria avait alors invité les Africains à se débarrasser de leur « vision romantique de la Chine et accepter le fait que Beijing est autant un concurrent qu’un partenaire, capable de mener les mêmes pratiques d’exploitation que les anciennes puissances coloniales».
Cette déclaration intervenait dans un contexte tendu où plusieurs gouvernements africains accumulent les litiges et les conflits avec de grandes entreprises chinoises, dont Sinohydro, pendant qu’en Algérie, le Quotidien d’Oran dénonçait une politique qui fait petit à petit de «l’Algérie une province chinoise». « Près de 95% des contrefaçons saisies en Algérie, en 2011, sont d’origine chinoise (…) Un chiffre qui souligne la mainmise croissante de l’empire du Milieu sur l’économie algérienne, du dentifrice à la construction de la Grande Mosquée.
Un raz de marée » écrivait le quotidien, concluant : « Au pays de l’hyper nationalisme anti-français, 95% de produits contrefaits viennent de Chine ».
La réponse du berger à la bergère est venue vendredi de l’Institut des études internationales de Chine qui rappelle que 400 entreprises pétrolières étrangères détiennent des droits d’exploration pétrolière et gazière en Afrique, ce qui couvre environ 80 % des blocs disponibles. Mais, fait remarquer l’Institut, les pays développés ont acquis « beaucoup de blocs de pétrole et de gaz de haute qualité en Afrique, mais ils ne développent pas les ressources assez rapidement.»
Selon l’Institut chinois les niveaux technologiques de l’exploration énergétique en Afrique restent faibles. Il encourage ainsi les pays africains à exiger des investissements plus importants et plus rapides aux entreprises qui sollicitent des licences…
Thierry Barbaut
Avec Agenceecofin.com