Immersion dans l’orphelinat de soeur Marie-Thérèse au Congo
À 67 ans, Yann Arthus-Bertrand signe une petite perle documentaire de 30 minutes pour Envoyé Spécial. Le célèbre photographe nous raconte son immersion dans un orphelinat au Congo.
Yann Arthus-Bertrand, comment avez-vous découvert cette histoire?
Durant le tournage de mon film sur l’eau (La Soif du monde, ndlr), j’ai visité cet orphelinat et j’en suis sorti en pleurs. Je ne suis pas croyant mais j’ai l’impression que ceux qui ont la foi sont ceux qui sont capables de donner le plus aux autres.
Pourquoi étiez-vous si ému?
Une mère handicapée venait de déposer son enfant devant la porte. La mère avait du mal à partir, l’enfant pleurait mais tous les pensionnaires de l’orphelinat essayaient de le consoler. Il y avait une telle chaleur autour de soeur Marie-Thérèse. C’était incroyable.
Quelle est la première motivation de ce film?
Cette «maman» vit de dons. Nous avons décidé de l’aider parce qu’elle manque cruellement de place avec ses cinquante-quatre enfants dont trois sont séropositifs. Nous lançons un appel aux dons* pour financer la construction de son orphelinat. Mais c’est aussi un film sur l’éducation, l’amour et le partage. Près de 200 enfants ont déjà été accueillis par cette femme. Guilaine Chenu et Françoise Joly ont réagi au quart de tour en voyant le DVD. Il est rare de voir les gens réagir aussi vite en télévision.
En quoi ce sujet illustre-t-il l’un de vos grands projets télé?
J’espère qu’il va faire bouger les choses et permettre, à moi ou un autre, de lancer l’émission dont je rêve. Il faut faire un programme sur les gens qui s’engagent. Dans ce monde de cynisme et de scepticisme, ce genre de sujet est important. Il faut valoriser ceux qui croient en l’avenir alors qu’ils n’ont rien. Partout dans le monde, les gens vous parlent de la même chose: l’amour. Je viens de perdre mon frère récemment. Il avait 57 ans. J’ai revu tous ceux qui l’aimaient. Nous avons tous besoin de cela.
Quel est le déclencheur de votre intérêt pour de tels thèmes?
En vieillissant, j’ai envie d’aller en profondeur avec des gens formidables, d’agir en essayant d’être meilleur. J’ai constaté que «ceux qui font» ont quelque chose en plus dans le regard. Je découvre certainement tout cela trop tard, mais j’ai envie de faire partie de cette famille.
Propos recueillis par Emmanuel Galiero
À savoir
Pour financer la construction d’un orphelinat destiné aux enfants de Brazzaville évoqués dans le film d’Envoyé Spécial, l’Atelier de Yann Arthus-Bertrand organise une vente de photos. Douze photographes de renom y participent, dont Salgado. La vente dure du 10 au 15 octobre, rue de Seine, Paris VIe.
Voir l’émission:
Envoyé Spécial du 26/09/2013 – Carte blanche à… par JAIMEYAB