Grand départ de Sarah Maldoror. Dans le cœur de tous les gens libres, dans la tête de tous les insoumis, dans les veines des combattants de la justice, sa trace demeurera scintillante, de cet éclat précieux et têtu des étoiles solitaires.
Je me souviens vivement des accents de ta voix, où le Gers faisait la nique à Marie-Galante, de la fraternité immense de ton regard, de cette impertinence frondeuse, de ta volonté de ne jamais vraiment mettre l’arme au pied, des histoires que nous arpentions avec toi jusqu’aux sources des indépendances, du fracas de la révolution qui roulait vers la table.
Lautréamont t’avait soufflé ce nom de chasseresse, l’Angolais Mario de Andrade des milliers de vers sous les obus, l’Italien Gillo Pontecorvo les secrets de la Bataille d’Alger, le Martiniquais Aimé Césaire des horizons à conquérir contre « l’oppression, l’aliénation et la connerie humaine ». Monagambee, ton premier film, a 50 ans. Dans ces années-là, les femmes du cinéma se comptaient bien vite : la Camerounaise Thérèse Sita Bella, la Sénégalaise Safi Faye et toi.
Bel hommage ici de l’ami Salim Aggar, le patron de la Cinémathèque algérienne.http://cinematheque.dz/dz/sarah-maldoror-symbole-du-cinema-anticolonial-qui-avait-commence-sa-carriere-a-alger-en-1965-emportee-par-le-covid-19/