Né très riche et très beau, Peter Beard disparaît comme on signe la fin de l’empire américain, une certaine idée de l’Occident, un regard de photographe Apocalypse Now.
Son immense fantaisie, sa liberté nue, sa vie africaine, nous adressent un signal dérangeant. Avec Warhol, Bacon, Dali, et une légion de très jolies femmes, au bar du Crillon, dans la brousse du Kenya, chez Kamel Mennour où je l’avais vu sans oser trop l’approcher, dans la gueule du croco, dans ce bois où il a marché jusqu’à la mort, avec Iman et les autres mannequins-stars, les gnous, les zèbres éventrés, ces éléphants furieux, les clubs de New York, les mots de Paul Theroux, Beard était ce génie là.
Dans le brouillard hygiéniste des grenades de la police de la pensée, comment voir ses feux de Bengale, tirés au grand format, terres sanglantes, dianes diaphanes, fauves ébahis, corps suspendus aux défenses, fantôme de Picasso-Minotaure ? Comme le Gary des Racines du ciel, il chronique la fin d’un monde, The End of the Game.
TASCHEN vient d’éditer https://www.taschen.com/pages/fr/catalogue/photography/all/44650/facts.peter_beard.htm