Relever les ambitions en faveur de l’égalité homme femme

Femmes entrepreneuses Afrique et Facebook
Femmes entrepreneuses Afrique et Facebook

Une tribune de La Banque Mondiale

L’égalité entre les hommes et les femmes n’attend pas : c’est un impératif immédiat. Les crises, les conflits et les grands bouleversements qui traversent le monde, du changement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles aux transitions technologiques, sont autant de facteurs qui creusent les inégalités entre les hommes et les femmes.

Dans de nombreuses sociétés, les difficultés sont encore aggravées par les reculs et les offensives menées contre l’égalité des sexes, sur fond de croissance économique atone et de finances publiques grevées par la dette. Les progrès vers la réalisation de l’Objectif de développement durable n° 5, qui vise à atteindre l’égalité des sexes d’ici 2030, accusent un retard alarmant. Selon certaines estimations (a), il faudra 134 ans pour parvenir à la parité femmes-hommes en matière de revenus et de droits juridiques.

Nous ne pouvons pas l’accepter.

C’est pourquoi le Groupe de la Banque mondiale relève ses ambitions pour mieux contribuer à la concrétisation de l’égalité entre les hommes et les femmes. Avec notre nouvelle stratégie en matière de genre 2024-2030 (a), nous nous engageons à œuvrer pour garantir un bien-être fondamental aux femmes, élargir leurs perspectives économiques et favoriser leur accession à des fonctions de direction. Ce sont trois axes d’action fondamentaux pour accélérer l’égalité hommes-femmes, condition indispensable pour mettre fin à la pauvreté sur une planète vivable.

Des jeunes femmes impliquées dans la Google Code Week de Bujumbura - Mentorat technique de Thierry Barbaut
Des jeunes femmes impliquées dans la Google Code Week de Bujumbura – Mentorat technique de Thierry Barbaut

Cette stratégie a été élaborée dans le cadre de consultations approfondies avec les parties prenantes de plus de 100 pays (a). Nourrie par la recherche et une expérience opérationnelle d’envergure mondiale, elle est fondée sur les fruits de dix ans d’analyses sur le genre et le développement (a) et de travaux rétrospectifs institutionnels (a) et thématiques (a). Tout au long de la mise en œuvre de cette stratégie, nous nous attacherons à reproduire à grande échelle les solutions qui ont fait leurs preuves, à mesurer nos progrès et à en rendre compte.

Nous savons qu’il ne sera pas facile d’accélérer les progrès sur le front de l’égalité hommes-femmes. Il nous faudra agir avec vigueur et de manière exhaustive face à des obstacles complexes et persistants.

C’est pourquoi la stratégie propose de conjuguer les points forts, les ressources et les compétences de l’ensemble des institutions du Groupe : la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA). Et c’est égelement pour cela que nous mettrons l’accent sur trois moteurs essentiels du changement : l’innovation, le financement et l’action collective.

L’innovation, tout d’abord, consiste à soutenir des réformes institutionnelles et politiques et des programmes en faveur de la lutte contre les inégalités femmes-hommes en puisant dans toutes les ressources disponibles (données, éléments factuels, outils technologiques, connaissances comportementales, etc.), ainsi qu’à tirer des enseignements des solutions mises au point au niveau local et les perfectionner.

Deuxièmement, l’enjeu du financement est de mobiliser et affecter des ressources en faveur de l’égalité des sexes qui contribuent également à la promotion de la prospérité sur une planète vivable, en s’employant plus particulièrement à transposer à plus grande échelle des programmes publics et privés qui ont fait leurs preuves.

Enfin, l’action collective implique de s’assurer le concours de parties prenantes et de partenaires pour déployer des efforts concertés tant sur le plan de la production de données et de connaissances que sur celui du plaidoyer.

La nouvelle stratégie s’articule autour de trois objectifs stratégiques dont les résultats seront mesurés et suivis dans le cadre de la nouvelle fiche de performance du Groupe de la Banque mondiale.

Le premier vise à garantir aux femmes un bien-être fondamental.

Cet objectif passe par l’élimination des violences de genre et la valorisation du capital humain. L’ampleur des violences sexuelles et sexistes est consternante : une femme sur trois dans le monde en est victime, soit environ près de 750 millions. La nouvelle stratégie accorde une place centrale à la lutte contre les violences faites aux femmes, dont l’impact s’étend bien au-delà des victimes elles-mêmes, car ces violences nuisent aussi à la productivité et au bien-être de leurs familles et de leurs communautés, avec des effets qui se perpétuent souvent de génération en génération. L’élimination des violences faites aux femmes protégera les individus et permettra de bâtir une société en meilleure santé et plus productive.

Le capital humain est notre ressource la plus précieuse. Or l’accès à une éducation, une santé et d’autres services sociaux de qualité est inégalement réparti, et de nombreuses personnes sont laissées sur le bord du chemin. Par conséquent, pour développer et protéger le capital humain, il faut renforcer l’accès à l’éducation, investir dans les services de santé, y compris la santé sexuelle et reproductive, et aider toutes les filles et tous les garçons à acquérir et développer les compétences qui leur permettront de réaliser pleinement leur potentiel. 

Deuxième objectif : élargir et faciliter les opportunités économiques pour tous.

Même si de plus en plus de jeunes femmes accèdent à des niveaux d’études plus élevés, elles ont toujours deux fois moins de chance que les hommes d’avoir un emploi salarié à temps plein. Des efforts plus concertés sont nécessaires pour garantir à tous l’accès à des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, et pour permettre aux femmes de posséder et d’utiliser des actifs économiques, y compris des capitaux, et d’acquérir une plus grande indépendance financière. Le Groupe de la Banque mondiale va accroître ses financements, ses garanties et son appui technique afin de démultiplier les efforts déployés par les secteurs public et privé pour lever les obstacles qui entravent les perspectives économiques des femmes, dont notamment le poids de leurs responsabilités dans les tâches familiales (garde des enfants et autres) et le manque d’inclusion financière et numérique.

Troisième et dernier objectif : miser sur le leadership des femmes

C’est un facteur essentiel pour la résolution des grands défis mondiaux et la promotion de l’égalité hommes-femmesQuand les femmes réussissent, tout le monde y gagne : les ménages, les communautés, les entreprises et les pays. Il est de plus en plus évident que la participation des femmes à des fonctions de direction et de décision améliore les résultats en matière de développement, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles, la résilience des communautés et la fourniture des services. Nous utilisons le levier des partenariats afin d’intensifier nos efforts dans ce domaine et de suivre nos progrès.

Le déploiement à grande échelle de solutions visant à accélérer l’égalité pour tous et à améliorer la vie des femmes et des filles, des hommes et des garçons, fait partie intégrante de notre volonté de devenir une « Banque meilleure ». Cette stratégie est un appel à l’action, tant pour le Groupe de la Banque mondiale — qui doit la mettre en œuvre dans ses activités et ses modes de fonctionnement — que pour le monde entier.

Nous ne pouvons plus nous permettre de marginaliser les talents de la moitié de l’humanité. Nous vous invitons à continuer à collaborer avec nous pour accélérer l’égalité des sexes et mettre fin à la pauvreté sur une planète vivable. 

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Directeur Afrique et pays émergents chez 42 www.42.fr et consultant international - Spécialiste en nouvelles technologies et numérique. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.