Mohamed Morsi a quitté, mardi 4 décembre, le palais présidentiel du Caire, près duquel la police affrontait des manifestants participant à une nouvelle journée de mobilisation contre le président égyptien accusé de dérive autoritaire. Le départ de Mohamed Morsi de son palais a été confirmé par plusieurs sources proches de la présidence et de ses services de sécurité.
Des dizaines de milliers d’opposants au chef islamiste de l’Etat égyptien ont coupé des barbelés installés à quelques centaines de mètres du palais pour avancer, avant que la police protégeant le bâtiment ne tire des gaz lacrymogènes. La police a ensuite battu en retraite, permettant aux manifestants de s’approcher du palais.
Quelques personnes ont tenté d’en escalader les murs mais en ont été empêchées par d’autres. Le palais présidentiel était encerclé sur trois côtés par les manifestants. « Le peuple veut la chute du régime », « Dégage, dégage ! », scandaient les protestataires, parmi lesquels dix-huit ont été blessés, selon un bilan du ministère de la santé.
Quelques centaines de manifestants se sont par ailleurs réunis près du domicile du chef de l’Etat, situé dans une banlieue ouest du Caire, où ils ont scandé des slogans hostiles au décret du 22 novembre et aux Frères musulmans.
D’autres se sont rassemblés près de deux mosquées dans le nord de la ville avant de se diriger vers le palais présidentiel.
LE GOUVERNEMENT CONFIANT DANS L’ISSUE DU RÉFÉRENDUM
Le chef de l’Etat, issu des Frères musulmans, est confronté à une vague de contestation grandissante depuis la publication le 22 novembre d’un décret qui empêche toute contestation des décisions présidentielles dans l’attente de l’élection d’un nouveau Parlement. Le président a par ailleurs ratifié samedi le projet controversé d’une nouvelle Constitution approuvé par l’Assemblée constituante dominée par les islamistes et a annoncé la tenue d’un référendum sur le texte le 15 décembre. Les Frères musulmans et leurs alliés du parti salafiste Al-Nour, qui ont organisé une vaste manifestation de soutien au président Morsi samedi, s’estiment en mesure de mobiliser suffisamment d’électeurs pour remporter le référendum malgré l’appel au boycott lancé par plusieurs juges.
Dans une interview à la chaîne de télévision CNN, le premier ministre, Hisham Kandil, a dit que le gouvernement espérait que les choses se calment après la tenue du référendum. La Constitution « n’est en aucun cas parfaite » mais un « consensus majoritaire » s’est formé en faveur de la tenue d’un référendum le 15 décembre, a-t-il ajouté.
« ILS REFONT PLONGER L’ÉGYPTE DANS LE COMA »
Du côté de l’opposition, Mohamed ElBaradei, coordinateur du Front de salut national, a appelé Mohamed Morsi, dans une tribune publiée dans le Financial Times, à abroger son décret, à renoncer à l’idée d’un référendum et à parvenir à un accord sur une Assemblée constituante davantage représentative de la population égyptienne. L’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique accuse Morsi et les Frères musulmans de « croire qu’avec quelques coups de crayons ils pourront faire replonger l’Egypte dans le coma ». « S’ils continuent [dans cette voie], ils risquent de provoquer une éruption de violence et de chaos qui détruira la société égyptienne », prévient-il.
Thierry B
Source: Lemonde.fr