Elections a Madagascar: Ce sera en Mai 2013 !

Plus de trois ans après la démission de l’ancien président malgache Marc Ravalomanana et l’arrivée au pouvoir de l’ancien maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, la commission électorale de l’île a enfin arrêté, mercredi 1er août, la date des prochaines élections. Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu le 8 mai 2013, suivi le 3 juillet d’un éventuel second tour jumelé avec les législatives. Cette annonce, selon certains diplomates, devrait mettre une pression supplémentaire sur les deux hommes pour qu’ils s’entendent et mettent un terme à la crise politique et sociale dans laquelle s’enlise le pays depuis que le jeune maire de 37 ans a pris la tête du pays, le 17 mars 2009.

Au même moment s’ouvre à Pretoria le procès du président déchu, exilé en Afrique du Sud depuis 2009. Marc Ravalomanana comparaît dans le cadre de l’affaire dite du « 7 février » : trente manifestants malgaches avaient été tués par sa garde personnelle, le 7 février 2009, devant le palais présidentiel dans lequel il était alors retranché, à l’extérieur de la capitale Antananarivo. Les proches des victimes lui réclament aujourd’hui 23 millions de dollars (19 millions d’euros).

Déjà condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité en août 2010, Marc Ravalomanana avait insisté sur l’incapacité de la cour malgache à le juger. « Marc Ravalomanana a depuis toujours réclamé une enquête internationale sur le ‘7 février’. Cela devrait faire la lumière sur l’affaire une bonne fois pour toutes », a déclaré au quotidien L’Express de Madagascar Me Hanitra Razafi­manantsoa, avocate proche de l’ancien président.

UNE SITUATION BLOQUÉE

A Madagascar, la crise semble toutefois ne pas pouvoir se résoudre tant que les différends entre les deux rivaux ne seront pas réglés. Si quelques gestes du gouvernement de transition, comme le retour de l’ancien président Didier Ratsiraka, en novembre 2011, après neuf ans d’exil, avaient pu être interprétés comme « une preuve que Madagascar est irrévocablement sur la voie du changement », les blocages diplomatiques se sont multipliés depuis le début de l’année.

Les deux rencontres organisées le 25 juillet à Desroches, petite île isolée de l’archipel des Seychelles, n’ont pas permis d’aboutir à un accord, malgré la présence des présidents sud-africain et seychellois. Alors que la communauté de développement d’Afrique australe (SADC, Southern African Development Community), qui organise la médiation entre les deux rivaux, avait sommé ces derniers de trouver un accord avant le 31 juillet, ce nouvel échec l’a obligée à repousser son ultimatum au 31 août. Marius Fransman, le vice-ministre des affaires étrangères sud-africain, qui mène les efforts de médiation à la SADC, a annoncé le 27 juillet que les deux hommes devraient se rencontrer à nouveau dans les dix jours.

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Autre pomme de discorde : la question du retour des exilés. Deux jours après ce rendez-vous raté, l’épouse de Marc Ravalomanana a été refoulée à l’aéroport d’Antananarivo par la police de l’air, alors qu’elle essayait une fois de plus de revenir sur le sol malgache, où l’attend son fils depuis plusieurs mois. Mamy Rakotoarivelo, président du gouvernement de transition et chef de la mouvance Ravalomanana, avait pourtant affirmé que le premier ministre, Omer Beriziky, avait donné son accord à l’entrée de Mme Ravalomanana sur le territoire malgache. De son côté, la SADC a fermement condamné cette tentative de retour à Madagascar, dénonçant une violation du processus de négociation en cours.

Marc Ravalomanana avait d’ailleurs dû essuyer la même déconvenue en janvier, lorsque son avion avait été empêché d’arriver à Antananarivo. La présidence de la transition avait alors expliqué que l’objectif était d’obliger l’ancien président à atterrir dans un aéroport de l’ouest du pays, afin de « permettre aux autorités de police judiciaire d’exécuter le mandat d’arrêt décerné contre M. Ravalomanana ».

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« FAIRE LA PAIX, PAS LA GUERRE »

Revenir dans son pays peut en effet s’avérer risqué pour Marc Ravalomanana. Si la « feuille de route », adoptée en septembre 2011 par les différents partis malgaches, prévoit un retour des exilés « sans condition », une « note explicative » a été ajoutée, qui précise que le terme « sans condition » ne suggère et n’implique pas « une exonération de poursuites judiciaires ». Une disposition que dénonce l’ex-président : « Ce serait une erreur grave si j’étais arrêté à Madagascar. (…) Je n’ai rien à craindre, je n’ai rien fait de mal », a-t-il répété à plusieurs reprises le 20 janvier, notant qu’il était absent lors des faits, en 2009. « Il y a eu un procès par contumace conduit par un tribunal fantoche, je n’étais pas là, et j’ai demandé à plusieurs reprises une enquête indépendante », a-t-il expliqué.

Le président déchu a souligné qu’il voulait rentrer dans son pays « pour faire la paix, pas la guerre ». Mais il a beau affirmer qu’il reconnaît désormais l’autorité de transition dirigée par Andry Rajoelina, il se considère toujours comme le chef de l’Etat « démocratiquement élu ». Il a également réitéré son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle. En cas de réélection, celui qui a été renversé parce que son régime devenait trop autocratique a notamment promis liberté de la presse et liberté d’expression.

De son côté, le jeune président du comité de transition a fait adopter par référendum, en novembre 2010, une nouvelle Constitution, abaissant notamment l’âge requis pour se présenter à l’élection présidentielle de 40 ans à 35 ans. Une disposition qui lui permettra de se présenter aux élections de 2013.

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Thierry Barbaut
Sources: Le Monde

 

 

Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Consultant international - Spécialiste en nouvelles technologies, numérique et intelligence artificielle. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.