Malgré les difficultés d’organisation, le premier tour s’est déroulé dimanche sans violence ni incident majeur.
Les premiers résultats collectés par des journalistes maliens donnent une très nette avance au candidat et ex-premier ministre, Ibrahim Boubacar Keita.
Bamako
«Ça y est, j’ai voté!» Le doigt marqué de l’encre indélébile qui atteste le passage par les urnes, ce professeur repart avec le sourire.
Après un an et demi d’attente, il a pu voter pour le président de son choix. Initialement prévu en avril 2012, le premier tour de la présidentielle malienne s’est enfin tenu dimanche. «Cette élection se passe très bien, se réjouit un autre électeur. Tout le monde est content de venir voter pour installer un président légitime.» «Je n’ai presque pas dormi cette nuit, confie une jeune femme arrivée près d’une heure avant l’ouverture des bureaux de vote, j’étais trop impatiente! Après ce que le Mali a traversé, nous attendions cette élection.»
S’il est trop tôt pour connaître l’exacte participation au scrutin, dans un pays où elle est traditionnellement très faible, l’affluence constatée dans plusieurs centres de vote de Bamako donne bon espoir: partout, de longues files d’attente. Pour le général Sangaré, délégué général aux élections du Mali, c’est une réussite: «Les Maliens sont sortis massivement, c’est la première fois que je vois cela! Il faut attendre la proclamation des résultats avant de parler de victoire, mais ce que je vois aujourd’hui est déjà très satisfaisant.» Pourtant, les problèmes d’organisation sont nombreux.
Dans certains bureaux de vote, ce sont les urnes qui manquent. Ailleurs, un président de bureau affiche les listes d’émargement au lieu des listes des votants.
Le rêve des partisans d’IBK
Le plus difficile pour les électeurs est de trouver le chemin des urnes. «Je cherche mon nom», explique un jeune homme impatient.
La carte électorale n’indique pas le bureau de vote. Les électeurs doivent trouver l’information sur des panneaux installés devant les centres de vote. «Il y a des gens qui ne trouvent pas où ils doivent aller, tempête Constanza Montana, observatrice pour l’ONG sud-africaine Good Governance Africa. Alors ils repartent sans avoir voté. C’est très grave!» Pour la Direction générale aux élections (DGE), ces dysfonctionnements sont «regrettables» mais limités et ne remettent pas en cause la légitimité du scrutin.
Sur le plan sécuritaire, le vote est également une réussite. Et même un soulagement. Les vives tensions qui règnent à Kidal, ainsi que le risque d’attaques des groupes terroristes islamistes qui avaient occupé le nord du Mali jusqu’à l’intervention française de janvier, ont fait peser de sérieux doutes sur le bon déroulement du scrutin.
Mais, en fin d’après-midi, la situation était aussi tranquille à Bamako qu’à Gao, Tombouctou ou Kidal. «Ça se passe bien dans tout le pays, confirme le général Sangaré, organisateur en chef du scrutin, aucun problème majeur n’a été porté à ma connaissance.»
La DGE indique enfin qu’il faudra attendre «au moins 24 heures» avant de connaître les premières tendances officielles. Grand favori, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keita, dit IBK, devrait sortir en tête de ce premier tour, suivi de l’ancien premier ministre Soumaïla Cissé.
C’est en tout cas la tendance qui se dessine avec la diffusion des premiers résultats collectés par des journalistes maliens dans des bureaux de vote à travers le pays. Mais la participation, apparemment plus élevée que prévu, pourrait réserver une nouvelle surprise.
Les partisans d’IBK se prennent à croire à une victoire de leur candidat dès le premier tour. Dès la diffusion de ces premiers chiffres, non officiels, des milliers de sympathisants se sont rendus au quartier général de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) et à son domicile de Bamako, fous de joie.
Thierry Barbaut
Avec LeFigaro