En Ouganda, l’internet révolutionne les affaires

Il y a quelques mois encore, « Wedding bells », la start-up internet de Donald Kasule n’aurait jamais pu décoller: les connections étaient ultra-lentes, les prix des communications exorbitants. Mais en Ouganda aussi, le net a fait sa révolution.

A ses débuts, le site qui aide les fiancés à préparer leur grand jour, n’était vu que par quelques centaines de personnes, pour la plupart des Ougandais vivant à l’étranger. Mais aujourd’hui, il enregistre jusqu’à 4. 000 clics par jour.

Avec l’arrivée de technologies bon marché et la chute des tarifs de connexion, la classe moyenne en pleine croissance dans le pays profite de plus en plus de la toile, assure l’entrepreneur, âgé de 33 ans.

« Le nombre de personnes qui se connectent à l’internet depuis chez eux ou au bureau a énormément augmenté, il y a une vraie opportunité, » commente-t-il.

« Le secteur a connu une véritable révolution ces dernières années, le changement a été radical, » renchérit Michael Niyitegeka, chercheur en informatique à l’université de Makerere, à Kampala.

Sur l’ensemble du continent africain, le nombre d’utilisateurs d’internet – un indicateur d’appartenance à la classe moyenne – est passé de 4,5 millions en 2000 à plus de 80 millions en 2008, passant de 0,6% à 8,8% de la population, selon la BAD.

Selon M. Niyitegeka, la percée a eu lieu en 2009 quand l’Afrique de l’Est a enfin été reliée à l’Europe et à l’Asie par un câble optique sous-marin. Avant, les connections, lentes et chères, se faisaient par satellite.

Quatre millions d’internautes

Aujourd’hui, des Ougandais relativement aisés consultent leurs emails dans de nombreux cafés de la capitale et de ses alentours. Pour quelques dollars par mois, ils accèdent à l’internet sur des téléphones mobiles coûtant moins de 80 euros.

En 2010, le nombre d’internautes a atteint les quatre millions à travers le pays, soit un peu plus du dixième de la population, selon des statistiques de la Commission ougandaise des communications.

Pour les chercheurs, cette explosion du recours à l’internet est le signe d’une classe moyenne en pleine expansion sur le continent africain.

Selon un rapport publié en avril par la Banque africaine de développement, 19% des Ougandais appartiennent à la classe moyenne (définie par des dépenses situées entre 2 et 20 dollars par jour et par personne). 8% -soit 2,6 millions de personnes- font partie de la classe moyenne « stable » qui dépense entre 4 et 20 dollars par jour.

Les Ougandais utilisent encore peu la toile pour la banque en ligne ou le commerce électronique. Mais cette situation devrait rapidement changer, assure M. Niyitegeka.

« Des choses comme les inscriptions universitaires sont déjà gérées en ligne, et même si les dirigeants pourraient faire plus pour développer l’internet, de plus en plus de choses se feront, inévitablement, via le net, » estime-t-il.

Des start-ups et petites entreprises aux grands groupes de télécoms, les dirigeants économiques ne s’y trompent pas et se bousculent pour alimenter le marché.

« La demande est là, » acquiesce Edouard Blondeau, directeur de la stratégie du groupe de télécommunications Orange Ouganda. Et de citer les petits traders qui importent des marchandises et ont besoin de l’email pour gérer leurs affaires, les jeunes accrocs aux jeux vidéo ou téléchargeant de la musique ou encore les amateurs d’information et de réseaux sociaux.

Pour certains, les progrès technologiques, plus que la demande, ont été le moteur de la révolution de l’internet en Ouganda. Mais M. Blondeau est à l’inverse persuadé que c’est l’appétit de la nouvelle classe moyenne pour les services en ligne qui a joué un rôle clé.

« La demande est toujours le principal moteur de croissance, » assure-t-il.

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Thierry BARBAUT
Thierry Barbaut - Consultant international - Spécialiste en nouvelles technologies, numérique et intelligence artificielle. Montage de programmes et de projets à impact ou les technologies et l'innovation agissent en levier : santé, éducation, agriculture, énergie, eau, entrepreneuriat, villes durables et protection de l'environnement.