Les sénateurs de la commission des affaires étrangères et de la défense ont auditionné Pierre-Marie Girard, directeur international de l’Institut Pasteur de Paris, et Amadou Sall, directeur de l’Institut Pasteur de Dakar. Ils appellent à relever le nombre d’experts mis à disposition des Instituts Pasteur et à réorienter massivement l’aide du fonds mondial vers le Coronavirus.
L’Afrique reste aujourd’hui encore relativement peu touchée par le virus. Toutefois, la prolongation des courbes de contamination au rythme actuel conduirait à une situation critique. Les sénateurs ont cherché à évaluer avec l’Institut Pasteur le degré de gravité de l’épidémie sur le continent : la jeunesse relative de la population africaine et la précocité des mesures prises par les États africains sont des facteurs positifs ; la présence importante de comorbidités (diabète, hypertension) et la difficulté à faire respecter les mesures de distanciation sociale, des facteurs négatifs.
Selon le directeur international de l’Institut Pasteur, Pierre-Marie Girard, rien ne permet actuellement de prédire que les conditions climatiques propres à l’Afrique joueront un rôle positif pour freiner l’épidémie. M. Girard a réfuté la thèse parfois avancée d’une protection de la population africaine par l’usage antérieur de la chloroquine qui lui paraît sans fondement.
Les membres de la commission ont salué l’efficacité de la coordination pan-africaine depuis le début de la crise : le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l’Union africaine, l’Organisation ouest-africaine de la santé et l’Institut Pasteur de Dakar ont mis en place une coopération exemplaire, qui a notamment permis à 40 pays supplémentaires de réaliser des tests de détection du virus.
Cependant, les deux experts ont rappelé que l’enjeu de l’approvisionnement en matériels médicaux et en réactifs pour les tests reste crucial, appelant à une aide forte à l’Afrique dans ce domaine lorsque la situation en Europe se sera améliorée. Pour le sénateur Jean-Pierre Vial (Les Républicains, Savoie), rapporteur, « Il est nécessaire que l’aide publique au développement et en particulier les financements de l’Agence française de développement (AFD) puissent aider à renforcer les capacités locales en la matière. Les 1,2 milliard d’euros dont 150 millions de dons annoncés la semaine dernière par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères, est un bon début, mais il faudra s’adapter en fonction de la progression de l’épidémie ».
Par ailleurs, Marie-Françoise Perol-Dumont, co-rapporteure (Socialiste et républicain, Haute-Vienne) a souligné qu’« Il est regrettable que l’on observe une diminution des moyens en experts techniques internationaux (ETI) mis à disposition du réseau des instituts Pasteur au cours des dernières années en Afrique et dans le monde. Il faut trouver des solutions pour préserver cet atout de l’expertise française ».
Enfin, les membres de la commission ont souhaité que le Fonds mondial réoriente plus massivement ses financements vers la lutte contre le coronavirus et le renforcement des systèmes de santé en Afrique.