Des grands symboles culturels du panafricanisme seul reste le Fespaco, par la grâce et le génie du peuple burkinabè. Avec ce courage libre qu’il faut pour oser une fête populaire du 7e art à la frontière sud d’un Sahel enflammé.
Balufu Bakupa-Kanyinda, mon ami, est cinéaste, mais aussi mémorialiste, chroniqueur, éveilleur. Au Fespaco de Ouagadougou, le festival cinquantenaire, il sait la force de l’histoire.
Et près de trente ans après son ‘Dix mille ans de cinéma’ tourné sur place auprès des voix fondatrices, il continue l’œuvre d’éveil en attribuant le prix Thomas Sankara.
Tout a changé ou presque : les idoles jaunissent dans les livres que personne n’achète plus, les catalogues de films de répertoire sont dans les tiroirs, les Sud-africains ont lâché la Fédération panafricaine des cinéastes après avoir guerroyé dans les ruines, l’économie des images continentales connaît une mutation radicale et peut-être salvatrice (CanalOlympia).
Avec ‘Le Damier’, que je vois comme une manière de chef d’œuvre prophétique, Balufu Bakupa Kanyinda a fait la gravure d’une disparition lente.
Celle des pères fouettards en Smalto, des satrapes parfois éclairés, des ‘papa national oyé’.