Au cours de cette deuxième édition du salon Foot Expo de Marrakech, rendez-vous des acteurs du monde du football sur le continent africain, un des grands axes abordés lors des conférences a été la question de la formation et la protection des jeunes talents. Agents peu scrupuleux, pressions exercées sur les jeunes et leurs familles, ou encore problèmes de formations, sont tant d’exemples qui illustrent les entraves à l’essor du football continental.
Mais, depuis une dizaine d’année, de nombreux projets ont commencer à éclore pour permettre d’encadrer la formation des jeunes afin de leur préparer un avenir sportif.
(Au salon Foot Expo 2012, au grand Stade de Marrakech) « Faire du football une passion, mais surtout un moteur pour l’éducation. »
C’est en ces termes que Jimmy Adjovi-Bocco, l’un des fondateurs de l’Académie Diambars (avec Patrick Vieira et Bernard Lama et Saer Seck, ndlr), qui se trouve à Saly Portudal au Sénégal, a expliqué la philosophie recherchée par cet institut qui est sur le point de fêter ses 10 ans d’existence.
Confronté au fait que seulement 10% des jeunes qui intègrent un centre de formation ont la chance d’embrasser une carrière professionnelle, l’ancien international béninois et joueur du Racing Club de Lens s’est penché sur l’avenir des 90% restés sur le côté. Que faire de ses jeunes hommes en devenir ?
« Si l’objectif de l’Académie est de former des futurs talents et de faciliter leur départ puis éclosion au plus haut niveau, il faut aussi que ceux qui resteront à quai trouvent leur place dans la société« , a avancé Adjovi-Bocco, pour expliquer la dualité du projet Diambars, avec ce double volet à la fois sportif et éducatif.
Appliquer les modèles européens en associant pratique du football et éducation, tout en y incorporant les spécificités locales, pour qu’à défaut de faire des jeunes des joueurs professionnels, que ceux-ci puissent s’assurer un avenir à travail un parcours scolaire, telle serait en substance la formule gagnante pour permettre au football continental de poursuivre son essor et éviter aux talents de partir trop tôt, attirés qu’ils sont par l’Eldorado européen.
« Il y a suffisamment de richesses sur le continent africain pour pouvoir faire les choses par nous-mêmes. Il faut arrêter de quémander à l’Europe« , a conclu l’ancien international.
La nécessaire protection des jeunes talents africains
S’il est donc question de réussir la formation des jeunes au niveau local ou à défaut leur donner des bases solides pour qu’ils puissent s’en sortir dans la vie active, il ne faut pas perdre de vue que la finalité reste l’intégration de ses talents en devenir dans des clubs professionnels. Mais, « sachant que le joueur africain est celui qui émigre le plus tôt, avec une moyenne de 18 ans et 4 mois au moment de son départ vers l’étranger, contre 23 ans en moyenne pour les Européens, il est nécessaire d’assurer la protection des jeunes africains. »
C’est la message martelé par Jean-Claude M’bvoumin, président de l’association Foot Solidaire, au cours de son intervention.Face au rêve européen de jeunes enfants, poussés par des familles prêtes à d’énormes sacrifices financiers ou encore des agents peu scrupuleux attirés par l’appât du gain, le compte de fée vire souvent au cauchemar et on ne compte plus le nombre de joueurs qui arrivent en Europe dans l’espoir ne serait-ce que de faire des essais et se retrouvent au bout du compte dépourvus de toute ressources et dans l’impossibilité de rentrer.
Pour endiguer ce véritable « trafic de marchandises« , le dirigeant de l’association estime qu’il faut « sensibiliser en amont pour que les jeunes restent le plus longtemps possibles sur le continent africain avant de franchir le pas lorsque toutes les garanties sont réunies. Mais pour cela, à l’image de ce qui a été fait au Sénégal avec Diambars, il faut développer le football local à travers la formation et notamment des académies structurées.«
Sensibilisation, formation et parcours scolaire suivis, telle serait la formule gagnante pour permettre à tout un continent de se donner toutes les chances de voir éclore ses meilleurs talents. Encore faut-il que les gouvernements mettent aussi la main à la poche pour encourager les initiatives et faciliter ces projets vitaux pour l’avenir du football continental.