Malgré les difficultés d’organisation, le premier tour s’est déroulé dimanche sans violence ni incident majeur.
Les premiers résultats collectés par des journalistes maliens donnent une très nette avance au candidat et ex-premier ministre, Ibrahim Boubacar Keita.
Bamako
«Ça y est, j’ai voté!»Le doigt marqué de l’encre indélébile qui atteste le passage par les urnes, ce professeur repart avec le sourire.
Après un an et demi d’attente, il a pu voter pour le président de son choix. Initialement prévu en avril 2012, le premier tour de la présidentielle malienne s’est enfin tenu dimanche. «Cette élection se passe très bien, se réjouit un autre électeur. Tout le monde est content de venir voter pour installer un président légitime.» «Je n’ai presque pas dormi cette nuit, confie une jeune femme arrivée près d’une heure avant l’ouverture des bureaux de vote, j’étais trop impatiente! Après ce que le Mali a traversé, nous attendions cette élection.»
S’il est trop tôt pour connaître l’exacte participation au scrutin, dans un pays où elle est traditionnellement très faible, l’affluence constatée dans plusieurs centres de vote de Bamako donne bon espoir: partout, de longues files d’attente. Pour le général Sangaré, délégué général aux élections du Mali, c’est une réussite: «Les Maliens sont sortis massivement, c’est la première fois que je vois cela! Il faut attendre la proclamation des résultats avant de parler de victoire, mais ce que je vois aujourd’hui est déjà très satisfaisant.» Pourtant, les problèmes d’organisation sont nombreux.
Dans certains bureaux de vote, ce sont les urnes qui manquent. Ailleurs, un président de bureau affiche les listes d’émargement au lieu des listes des votants.
Le rêve des partisans d’IBK
Le plus difficile pour les électeurs est de trouver le chemin des urnes. «Je cherche mon nom», explique un jeune homme impatient.
La carte électorale n’indique pas le bureau de vote. Les électeurs doivent trouver l’information sur des panneaux installés devant les centres de vote. «Il y a des gens qui ne trouvent pas où ils doivent aller, tempête Constanza Montana, observatrice pour l’ONG sud-africaine Good Governance Africa. Alors ils repartent sans avoir voté. C’est très grave!»Pour la Direction générale aux élections (DGE), ces dysfonctionnements sont «regrettables» mais limités et ne remettent pas en cause la légitimité du scrutin.
Sur le plan sécuritaire, le vote est également une réussite. Et même un soulagement. Les vives tensions qui règnent à Kidal, ainsi que le risque d’attaques des groupes terroristes islamistes qui avaient occupé le nord du Mali jusqu’à l’intervention française de janvier, ont fait peser de sérieux doutes sur le bon déroulement du scrutin.
Mais, en fin d’après-midi, la situation était aussi tranquille à Bamako qu’à Gao, Tombouctou ou Kidal. «Ça se passe bien dans tout le pays, confirme le général Sangaré, organisateur en chef du scrutin, aucun problème majeur n’a été porté à ma connaissance.»
La DGE indique enfin qu’il faudra attendre «au moins 24 heures» avant de connaître les premières tendances officielles. Grand favori, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keita, dit IBK, devrait sortir en tête de ce premier tour, suivi de l’ancien premier ministre Soumaïla Cissé.
C’est en tout cas la tendance qui se dessine avec la diffusion des premiers résultats collectés par des journalistes maliens dans des bureaux de vote à travers le pays. Mais la participation, apparemment plus élevée que prévu, pourrait réserver une nouvelle surprise.
Les partisans d’IBK se prennent à croire à une victoire de leur candidat dès le premier tour. Dès la diffusion de ces premiers chiffres, non officiels, des milliers de sympathisants se sont rendus au quartier général de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) et à son domicile de Bamako, fous de joie.
Tokyo ne domine plus le classement des métropoles les plus onéreuses pour les expatriés. Elle a été remplacée par la capitale d’un Etat paradoxalement assez pauvre. Retrouvez le Top 10 ici.
Après avoir été détrônée par Tokyo l’an passé, la capitale de l’Angola, Luanda, reprend sa place de ville la plus chère du monde pour les expatriés. C’est ce qui ressort du classement établi par le cabinet britannique Mercer.
Cette étude, qui couvre quelque 214 villes des cinq continents, prend pour référence la ville de New York et se fonde sur le coût du transport, de la nourriture, de l’habillement, des loisirs, des appareils ménagers et du logement, qui constitue « souvent la dépense la plus importante pour les expatriés ».
Ce constat s’impose notamment à Moscou -qui arrive en deuxième place- où un 3 pièces de luxe se loue 4.600 dollars par mois. Soit 14 fois plus qu’à Karachi au Pakistan. D’ailleurs le Top 5 est entièrement constitué de villes où les loyers atteignent des niveaux bien plus élevés encore qu’à Paris: Tokyo (Japon, 3e), N’Djamena (Tchad, 4e) et Singapour (Singapour, 5e). Premier de la liste, la capitale de l’Angola confirme évidemment la règle.
« Malgré son statut d’important pays producteur de pétrole en Afrique, l’Angola est un pays relativement pauvre mais hors de prix pour les expatriés qui cherchent des logements sécurisés qui sont très rares et très coûteux », explique Barb Marder, senior partner à Mercer.
1,54 dollar le café à Managua contre 8,29 dollars à Moscou
Outre la question du logement, les différences de coût de la vie sont très importantes pour les expatriés d’un pays à l’autre. C’est pourquoi cette étude « vise à aider les gouvernements et entreprises multinationales à évaluer le montant des primes d’expatriation pour leurs salariés en mobilité internationale ».
Car s’il faut débourser 1,54 dollar à Managua (au Nicaragua) pour un café, son prix atteint la somme incroyable de 8,29 dollars à Moscou ; un hamburger coûte 3,62 dollars à Calcutta en Inde contre 13,49 dollars à Caracas au Venezuela ; et enfin un ticket de cinéma 5,91 dollars à Johannesburg (Afrique du Sud) contre 20,10 dollars à Londres (Royaume-Uni).
Les variations monétaires -déterminées par rapport au dollar américain dans l’étude- influent également sur le classement. Et notamment en Europe « où le coût de la vie de certaines villes a augmenté en raison de la légère appréciation de devises locales par rapport au dollar », indique Nathalie Constantin-Métral, analyste senior chez Mercer et coordinatrice de l’enquête, citée dans le communiqué.
Ainsi quatre villes figurent dans le top 10 malgré les hausses de prix modérées dans la plupart des pays européens. Et la Suisse reste l’un des Etats les plus coûteux pour les expatriés (Genève 7e, Zurich 8e, Berne 9e), malgré la robustesse du franc suisse.
Raja Venkat, un vendeur de nourriture sur le trottoir de la Place de l’immigration dans le centre de Port-Louis, la capitale de l’île Maurice, est assis sur son tricycle avec un sac rempli de ‘dhal puris’ – un petit pain indien rond et plat bourré de légumes secs – qu’il vend avec la sauce tomate et du curry de haricots.
« Venez goûter mes ‘dhal puris’, vous en voudrez plus. Venez, venez », crie-t-il.
Des milliers de petites entreprises comme celle-ci ont vu le jour dans chaque ville et village de l’île depuis que le gouvernement a assoupli les procédures pour l’obtention d’un permis de faire des affaires il y a un an. « Parfois, j’aidais dans la maçonnerie, dans le transport de légumes ou le lavage des véhicules. J’étais disponible pour n’importe quel travail, mais la plupart du temps, j’étais au chômage »,déclare Venkat à Info Afrique. Le taux de chômage était de 8,6 pour cent à la fin de 2012, selon les chiffres obtenus auprès du Service des statistiques de l’île Maurice, l’organisation officielle chargée de la collecte, la compilation, l’analyse et de la diffusion des données statistiques. Et l’assouplissement des procédures d’obtention d’un permis de faire des affaires visait à réduire le chômage dans cette île de l’océan Indien.
Les chiffres officiels du Service des statistiques indiquent que le nombre total d’activités commerciales est passé de 133.723 à 138.236 en 2012.
Depuis qu’il a commencé sa petite affaire, il y a six mois, après avoir payé les frais exigés (environ 50 dollars par an à la municipalité de Port-Louis) pour la licence de son entreprise, Venkat a maintenant un revenu régulier. Sa femme, Aashna Venkat, cuit les ‘dhal puris’ dans la petite cuisine en bois de leur maison à Terre-Rouge, localité située à quatre kilomètres.
« Je gagne maintenant assez pour nourrir la famille et aussi pour économiser un peu d’argent pour l’avenir »,indique ce père de deux enfants, âgés de six et trois ans.
Beaucoup d’autres personnes ont commencé des entreprises similaires sur l’île, vendant des aliments, des légumes, des fruits, de petits articles de luxe et des vêtements. Certains ont ouvert de petits ateliers mécaniques où ils réparent les vélos et les motos. Beaucoup de femmes, issues en particulier de familles musulmanes, ont développé l’art d’appliquer le henné aux mains.
Le ministre des Petites et Moyennes Entreprises et des Coopératives, Jim Seetaram, indique à Info Afrique qu’il y a plus de travailleurs dans ces petites et moyennes entreprises que dans les établissements plus grands.
« La création nette d’emplois dans les petites et moyennes entreprises entre 2000 et 2011 est estimée à 67.800, soit une augmentation de plus de 36 pour cent, comparativement à un accroissement de 14.400 dans les grands établissements »,explique-t-il.
« Les petites et moyennes entreprises sont les principaux moteurs de création d’emploi et contribuent de manière significative à la croissance économique. Elles emploient autour de 250.000 personnes, représentant plus de 44 pour cent du nombre total d’emplois ».
Le président et conseiller en affaires de la Chambre de commerce et d’industrie de l’île Maurice, Ganesh Ramalingum, déclare à Info Afrique que ces micro-entreprises sont très importantes pour l’économie parce qu’elles créent des emplois.
« Une personne qui a des compétences en mécanique ouvre une entreprise de réparation de vélos et de motos. Elle aura besoin d’une ou deux personnes pour l’aider … Ainsi, beaucoup d’emplois se créent de cette façon et c’est bon pour l’économie. Les gens qui, auparavant, avaient de difficulté à gagner leur vie, créent maintenant leurs propres entreprises dans des domaines qui leur conviennent »,souligne-t-il.
Les autorités locales réglementent ces petites entreprises. Elles ne sont pas censées s’impliquer dans une quelconque activité inhabituelle dans une zone résidentielle, ou déranger les voisins à des heures indues ou polluer l’environnement avec la poussière, des fumées ou des odeurs. Elles sont tenues de se conformer aux lignes directrices émises par le Service des incendies, l’Autorité sanitaire et le ministère de l’Environnement.
Mais beaucoup estiment que ces petites entreprises ne se conforment pas aux lignes directrices.
Ganeshen Mooneesawmy, vice-président du Conseil provincial de la Rivière du Rempart qui délivre et contrôle les permis de faire des affaires dans la partie nord de l’île, est content que ces personnes travaillent, mais constate que beaucoup d’entre elles manquent de discipline dans la gestion de leur entreprise.
« Elles ne demanderont pas des emplois auprès du gouvernement puisqu’il n’en (existe) pas de disponibles… (mais) elles vendent des aliments de manière non hygiénique et elles perturbent le milieu de vie dans leur zone. Nous disposons d’un personnel très insuffisant pour garder un contrôle sur elles »,explique-t-il à Info Afrique.
A Goodlands, dans le nord de l’île Maurice, les petites entreprises opèrent littéralement sur les trottoirs, en dépit d’une loi qui interdit cela. Beaucoup d’entre elles mettent leurs marchandises dans de grands paniers qu’elles déposent sur des étals en bois ou en fer sur les trottoirs.
Ashok (le nom complet n’est pas donné), un vendeur, déclare à Info Afrique qu’il est obligé de faire cela pour attirer les clients parce que son entreprise est très petite.
« Il y a une grande concurrence autour des grands étals et aussi de la part des entreprises plus petites ici. Si vous ne vous battez pas, vous ne mangerez pas ce soir »,dit-il.
Dans un monologue surprenant de maturité, Nada, une Yéménite de 11 ans, explique avoir fui ses parents pour échapper à une union arrangée.
Dans un vibrant plaidoyer, Nada al-Ahdal dénonce la tradition, courante, du mariage imposé aux enfants au Yémen. «Qu’en est-il de l’innocence des enfants? Quel mal ont-ils fait pour être mariés de force?
Moi, j’ai réussi à trouver une solution à mon problème, mais d’autres enfants innocents n’ont pas pu y échapper. Ceux-là risquent de mourir ou de se suicider.» Une option qu’elle déclare envisager sérieusement. «Je préfère mourir plutôt que d’être mariée de force!»s’exclame-t-elle, émue.
Traumatisée par la mort de sa tante, qui s’est immolée à 14 ans après avoir été mariée de force, Nada a quitté le domicile de ses parents après avoir appris qu’ils se préparaient à la fiancer. Venant d’une famille pauvre de huit enfants, elle avait été confiée à son oncle à l’âge de 3 ans.
Nada a grandi avec lui et sa grand-mère dans la ville d’al-Hudaydah, à 250 km environ à l’ouest de la capitale, Sanaa. Non voilée, elle y prend des cours de chant, passe une enfance qui semble heureuse. Mais récemment, le départ de son oncle pour Sanaa l’a contrainte à rentrer chez ses parents. C’est alors qu’elle les entend discuter de son futur mariage.
«Ils ont tué nos rêves!»
Dans la vidéo, elle dit: «Je me suis enfuie chez mon oncle, mais il n’était pas chez lui. Donc j’ai appelé Abd al-Jabbar pour qu’il vienne me chercher». Cet homme est son ancien professeur de chant, qui aurait tourné la vidéo et l’aurait postée sur Internet début juillet pour contrer les accusations de la mère de Nada, selon laquelle son oncle aurait kidnappé la petite fille.
«Ce n’était pas la première fois que les parents de Nada voulait la fiancer, et son oncle avait réussi à décourager son premier prétendant», explique Hind al-Eryiani, journaliste et activiste yéménite, qui a couvert l’histoire de Nada pour le site d’information libanais NOW.
«Ensuite, mon oncle est venu me chercher», continue Nada. «J’ai déposé plainte contre ma mère à la police. Je leur ai dit que j’ai 11 ans, et qu’elle veut me marier de force. Je n’aurais pas eu de vie, ou d’éducation. N’ont-ils donc aucune compassion?… Ils ont tué nos rêves. Ils ont tué tout ce qui était à l’intérieur de nous!» martèle la petite fille.
Réfugiée dans un centre d’hébergement pour femmes
Depuis qu’elle a été traduite en anglais par l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (Memri) le 21 juillet, la vidéo a été vue plus de 6 millions de fois. Le Memri est basé aux États-Unis, et a été fondé par un ancien colonel des services secrets israéliens. L’institut a été critiqué pour ses traductions à caractère politique dans le passé, notamment par le Guardian, mais il semble que la traduction dans ce cas-ci soit exacte.
Aujourd’hui, Nada a trouvé refuge auprès de l’Union des femmes yéménites. «J’ai demandé à ses parents de signer une attestation certifiant qu’ils ne la marieront pas de force», explique Ramzia al-Eriyani, présidente de l’Union des femmes yéménites. «Son père a accepté, mais sa mère refuse toujours. Elle a dit que Nada est sa fille, et qu’elle peut faire ce qu’elle veut d’elle.»
La petite fille continuera à être hébergée par l’Union des femmes yéménites tant que sa mère refuse de signer cette attestation. «Si son oncle déménage à Sanaa avec sa grand-mère, Nada peut aller vivre avec eux, et j’enverrai une assistante sociale pour vérifier que tout va bien», ajoute Ramzia al Eriyani.
«Il y a beaucoup de Nada au Yémen»
Après avoir parlé à Nada à plusieurs reprises, celle-ci se dit impressionnée par la petite fille. «C’est une fille très intelligente, très bien. Elle m’a dit plusieurs fois, en pleurs, qu’elle se suiciderait si nous la renvoyons chez ses parents. Mais malheureusement, il y a beaucoup de Nada au Yémen. Son cas n’est pas isolé. Rien que cette semaine, j’ai accueilli deux petites filles de 10 ans qui allaient être mariées de force.»
Au Yémen, il n’existe pas de minimum légal pour le mariage. En moyenne, 14 % des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans, et 52 % avant leur majorité. Dans les régions les plus reculées, elles sont parfois mariées dès l’âge de 11 ans, dénonce ce rapport de Human Rights Watch.
En 2011, un projet de loi était examiné au Parlement, qui aurait fixé l’âge minimum du mariage des femmes à 17 ans, et pour les hommes à la majorité. Il a été abandonné, les islamistes et les conservateurs s’opposant à ce qu’il soit assorti de sanctions. Hind al-Eriyani se dit confiante et pense que la loi sera bientôt votée. «Aujourd’hui, avec la Conférence de dialogue national, le sujet est à nouveau sur la table», explique-t-elle. Porté par le printemps arabe, le pays a traversé une grave crise politique en 2011, qui a signé la fin du règne du président Ali Abdallah Saleh.
Malgré leurs revenus souvent faibles ou moyens, certains pays africains ont gagné quelques points dans le classement de l’indice mondial 2013 de l’innovation, publié début juillet.
C’est le cas de Maurice, de l’Afrique du Sud, du Nigeria et du Sénégal. Mais pas seulement. Aperçu des pays du continent qui innovent.
Ils ne sont pas encore à la pointe de l’innovation, mais ils enregistrent des progrès encourageants.
Malgré leur faible ou moyen revenu, certains pays africains, à l’instar de Maurice, de l’Afrique du Sud, de l’Ouganda, du Nigeria ou du Sénégal, s’érigent petit à petit en « pôles dynamiques » où se développent des activités innovantes sur le continent.
Un positionnement à la hausse observé dans la sixième édition du rapport sur l’indice mondial de l’innovation, publié conjointement début juillet par l’Université Cornell aux États-Unis, l’Institut européen d’administration des affaires (Insead) et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi).
Des experts ont interrogé 84 indicateurs – au delà des critères traditionnels relatifs aux dépenses en recherche et développement – pour parvenir à mesurer l’indice mondial 2013 de l’innovation de chacun de 142 pays sélectionnés à travers le monde.
Du fonctionnement des institutions aux résultats obtenus en matière de connaissances et de technologie, en passant notamment par la qualité des universités, le capital humain, les infrastructures, le perfectionnement des marchés et des entreprises, tout a été passé en revue.
« Nouveaux acteurs » Africains de l’innovation
« Si le classement est dominé par les économies à revenus élevés, plusieurs nouveaux acteurs ont renforcé leurs capacités et les résultats en matière d’innovation », assure Soumitra Dutta, de l’Université Cornell, coéditeur du rapport.
Avec un indice de l’innovation à 66.55 sur 100, la Suisse se maintient en tête, suivie de la Suède (61.36), du Royaume-Uni (61.25), des Pays-Bas (61.14) et des États-Unis (60.31) – 10e en 2012 – qui signent leur retour dans le top 5.
Côté africain, c’est Maurice, 53e place mondiale, qui arrive en tête malgré un indice encore en dessous de la moyenne générale (38). L’État de l’Océan indien est talonné par l’Afrique du Sud (37.60), championne du continent en termes des « moyens mis en œuvre en matière d’innovation ». La Tunisie (35.82), l’Ouganda (31.21), le Botswana (31.14), le Maroc (30.89), le Ghana (30.60), le Sénégal (30.48) et le Kenya (30.28) lui emboîtent le pas.
Au total, 36 pays africains se retrouvent dans le nouveau classement de l’indice mondial de l’innovation, soit deux de plus qu’en 2012, grâce à l’entrée du Cap-Vert et de la Guinée.
Certains États ont enregistré des mauvais résultats par rapport à l’année précédente, d’autres, au contraire, ont bien progressé.
Parmi ces bons élèves africains, le Nigeria (123e mondial en 2012, 120e en 2013) et le Sénégal (97e mondial en 2012, 96e en 2013) sont les seuls pays à revenu moyen inférieur (suivant la classification de la Banque mondiale), à avoir réussi à gravir quelques marches au classement : trois bonds pour le premier, un pour le second.
Au même moment, la position de tous les autres pays de la même catégorie a baissé, sur le continent, de 2 à 22 marches. Mais l’indice global des pays africains en matière d’innovation a, lui, plutôt été revu à la hausse.
Le bon résultat du Sénégal s’explique notamment par une « politique volontariste d’ouverture du pays aux nouvelles technologies mais aussi par la vivacité d’une population jeune et innovante », soutient Julie Owono, responsable Afrique d’Internet sans frontières, une association de promotion de la liberté d’expression sur la Toile.
« C’est le seul pays de l’Afrique de l’Ouest francophone à s’être doté d’un incubateur, le CTIC Dakar, pour coacher et accompagner les projets innovants », ajoute, de son côté, Serigne Barro, responsable de l’agence digitale People Input, qui accompagne sur le continent les entreprises, les opérateurs télécoms, voire les institutions, dans la mise en œuvre de leurs projets tournés vers les nouvelles technologies.
Pays à revenu faible, l’Ouganda (89e mondial), le Kenya (99e), le Mali (106e), le Burkina Faso (116e), le Mozambique (121e), la Gambie (122e), le Bénin (127e), l’Éthiopie (129e), le Niger (131e) et le Togo (139e) réalisent également des bons résultats à l’indice mondial 2013 de l’innovation par rapport à l’an dernier.
Le continent reste cependant confronté à plusieurs difficultés qui freinent son élan vers l’innovation : « accès difficile à l’Internet, insuffisance d’investisseurs et d’incubateurs, sous-exposition des projets innovants, régime réglementaire non adapté au secteur… », tente d’énumérer Serigne Barro. « Il faut ajouter à cela des problèmes d’électricité devenus récurrents dans plusieurs pays africains », relève Julie Owono, dont l’organisation participe au projet Feowl, une plateforme lancée en ligne et destinée à évaluer, notamment à Douala, l’impact réel des délestages sur l’accès des populations à l’internet.
Thierry Barbaut Avec JA
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Thierry Barbaut
Directeur de rédaction du Groupe Info Afrique Je décrypte pour vous les actualités et l’innovation en Afrique
« Passionné et certain du potentiel de développement de l’Afrique je suis en permanence les actions positives menées sur le continent afin d’en faire profiter un large public » A bientôt sur Info Afrique
L’Afrique possède près de la moitié de toutes les terres utilisables non cultivées de la planète.
Ce sont environ 202 millions d’hectares qui pourraient être ainsi exploités.
Elle affiche pourtant le niveau de pauvreté le plus élevé du monde.
Ses piètres performances sur le front du développement suggèrent qu’elle n’a pas tiré parti de ses abondantes terres agricoles et ressources naturelles pour enclencher une croissance partagée et soutenue.
Intensifier les progrès
Le rapport de la Banque mondiale intitulé « Securing Africa’s Land for Shared Prosperity », affirme que la mauvaise gouvernance des terres – qui permet de déterminer et d’administrer les droits fonciers – pourrait bien être à incriminer. C’est ce que vient de découvrir la Banque mondiale 10 ans après le célèbre essai de l’économiste Hernando de Soto The Mystery of Capital: Why Capitalism Triumphs in the West and Fails Everywhere Else.
Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, le rapport de la Banque mondiale propose un plan en dix étapes pour améliorer la gouvernance foncière et contribuer ainsi à révolutionner la production agricole et à éradiquer la pauvreté en Afrique. Sous réserve que les dirigeants africains le veuillent et que leurs partenaires au développement les soutiennent, il suffirait d’un budget de seulement 4,5 milliards de dollars étalé sur dix ans.
« En Afrique, 10 % des terres rurales seulement sont enregistrés. Les 90 % restants ne correspondent à aucun titre et sont administrés de manière informelle, ce qui ouvre la porte aux abus – accaparements, expropriations sans compensation équitable et corruption »,souligne dans l’avant-propos Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique.
« Jamais le moment n’aura été aussi propice pour mettre fin aux difficultés que l’Afrique connaît depuis si longtemps en matière de propriété foncière et de productivité et contribuer ainsi à éradiquer la pauvreté. C’est maintenant qu’il faut agir maintenant ». Le rapport détaille les réformes foncières pilotes engagées au Bénin, au Burkina Faso, au Ghana, au Malawi, au Mozambique, en Ouganda, en Tanzanie et ailleurs, et rappelle que quantité de pays d’Afrique subsaharienne ont reconnu les droits fonciers et l’égalité des sexes – deux conditions essentielles pour poser les jalons d’une bonne administration foncière.
Ces dix étapes reposent en partie sur les enseignements tirés des mouvements de réforme foncière agricole au Brésil et en Chine ainsi que des réformes des droits fonciers dans les bidonvilles d’Argentine et d’Indonésie. Elles ont été adaptées aux pays africains pour tenir compte des expériences acquises dans le cadre de projets pilotes en cours.
Il s’agit notamment :
d’améliorer et protéger les droits d’accès aux terres communales et individuelles
de renforcer l’efficacité et la transparence de l’administration foncière, afin d’autonomiser les collectivités locales et les autorités traditionnelles
de développer les capacités de gestion foncière par des réformes et la formation.
« Améliorer la performance et la productivité du secteur agricole en Afrique est indispensable si l’on veut une croissance généralisée, créer des emplois, attirer les investissements et une réduction significative de la pauvreté », souligne Jamal Saghir, directeur du développement durable pour la région Afrique de la Banque mondiale. « La gouvernance foncière s’avère un moyen efficace de propulser l’Afrique sur la voie du changement et garantir un meilleur avenir pour tous les Africains ».
Défis et opportunités
Depuis dix ans, organisations panafricaines et pays africains ont sensiblement progressé en la matière en adoptant des politiques foncières et organisant des projets pilotes d’amélioration de la gouvernance foncière.
Malgré cette détermination et les efforts consentis par les gouvernements, de graves défis persistent. Des investisseurs ont déjà accaparé des millions d’hectares de terres, au détriment parfois des communautés établies, chassées de chez elles.
Le rapport estime pourtant que le moment est idéal pour amplifier les réformes foncières. La flambée des prix des denrées de base et la bonne tenue des investissements directs étrangers, l’existence d’initiatives régionales et mondiales de réforme foncière et les nouveaux textes encadrant la réforme des droits fonciers et garantissant l’égalité des sexes ont préparé le terrain pour des avancées de grande ampleur en la matière.
Comme le constate le rapport, de nombreux pays s’appuient sur les nouvelles technologies (notamment les satellites) pour réduire le coût de l’administration des terres. Au moins 26 pays d’Afrique subsaharienne remplacent leurs infrastructures géodésiques par des systèmes de GPS pour effectuer des relevés homogènes et précis à moindre coût. Et 15 pays sont en train d’informatiser leurs cadastres, ce qui devrait garantir une efficacité accrue, réduire les frais et endiguer la corruption.
Pour Frank Byamugisha, spécialiste des questions foncières pour la région Afrique de la Banque mondiale et auteur de ce rapport, « les questions de gouvernance foncière sont au premier plan et au cœur du défi du développement de l’Afrique. Au moment où le monde manifeste un intérêt grandissant à l’égard des terres de l’Afrique, ce rapport offre une feuille de route utile, axée sur les politiques, pour garantir les droits fonciers des Africains en vue de promouvoir une prospérité partagée ».
Agir ensemble
Le rapport s’attarde sur le programme de redistribution des terres du Malawi – un exemple utile pour d’autres pays désireux de résoudre les questions de l’inégalité des droits de propriété et de la privation de terres. En 2004, les autorités du Malawi ont engagé, avec le soutien de la Banque mondiale, un projet pilote de réforme foncière reposant sur la décentralisation, le volontariat et les communautés et qui prévoyait de redistribuer les terres de grands propriétaires institutionnels à des groupes d’agriculteurs pauvres. Inspiré de la réforme foncière du Brésil, axée sur les marchés, ce projet a accordé des droits fonciers à ces groupes et des fonds pour qu’ils puissent acquérir les intrants nécessaires à la diversification et à l’augmentation de leur production.
Aujourd’hui, plus de 15 000 ménages ruraux sont propriétaires fonciers dans le cadre d’une communauté et chaque famille a vu son revenu augmenter de 40 %. La sécurité alimentaire des bénéficiaires et des résidents des communes voisines s’est elle aussi améliorée.
Pour éradiquer la pauvreté, la Banque mondiale préconise de renforcer l’accès à la terre et la propriété foncière pour les pauvres et les personnes vulnérables, par la redistribution des terres rurales, la régularisation des droits des squatteurs sur les terrains urbains publics, la suppression des restrictions frappant la location des terres et la promotion de l’égalité des sexes, en documentant les droits des femmes.
Les points marquants du rapport
L’Afrique a l’opportunité de révolutionner sa productivité agricole et d’éradiquer l’extrême pauvreté.
Pour cela, la gouvernance foncière doit être améliorée.
Le nouveau rapport identifie les défis et décrit les solutions pour intensifier les réformes foncières sur le continent, au service d’une prospérité partagée.
Jusqu’en décembre 2013, la Saison sud-africaine en France donne lieu à plus de 200 événements consacrés à l’Afrique du Sud, partout en France.
La Saison s’intéresse aux arts de la scène, à la musique, à la gastronomie, à la littérature, mais aussi à l’enseignement supérieur et à la recherche. Une excellente opportunité pour développer les initiatives de coopération entre les deux pays.
Après une Saison française en Afrique du Sud qui a présenté plus d’une centaine de manifestations sur l’ensemble du territoire sud-africain en 2012, la Saison sud-africaine en France se déroule de mai à décembre 2013, à travers toute la France, dans plus de cent villes de métropole et à La Réunion.
Au programme : 30 expositions, 35 ateliers, 40 résidences, 50 films, 100 concerts, 250 représentations de danse et de théâtre, et plus de 800 artistes et chercheurs impliqués.
Arts de la scène, arts visuels, musique, sport, gastronomie, tourisme, économie, littérature, mais aussi recherche et sciences… La programmation de la Saison sud-africaine en France est riche et pluridisciplinaire, avec plus de 200 manifestations programmées, témoignant de la diversité sud-africaine.
l’opérateur historique angolais des télécommunications Unitel, lance le téléphone intelligent smartphone 4Africa.
Il est issu de la collaboration entre la firme américaine de logiciel Microsoft et le fabricant chinois de téléphones Huawei.
Ce Smartphone, premier d’une série, est doté d’applications désignées pour l’Afrique.
Il a pour cœur de cible les étudiants, les développeurs, pour leur assurer un accès confortable à la technologie de classe mondiale, se connecter, collaborer, accéder aux marchés et à diverses opportunités en ligne.
Après l’Angola, il devrait être ensuite disponible en Egypte, en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Maroc, au Nigeria et en Afrique du Sud d’ici la fin du mois de juillet.
Durant le lancement du smartphone 4Africa, pendant la 30ème édition de la foire internationale de Luanda, Unitel annonce également quelques démonstrations de ses services et de sa capacité d’innovation. Unitel compte plus de neuf millions de clients.
Comme tous les 18 juillet, l’Afrique du Sud commémore aujourd’hui le Mandela Day. Une journée qui coïncide avec le 95e anniversaire de l’ancien président, hospitalisé depuis plusieurs semaines à Pretoria.
Selon sa fille, Nelson Mandela aurait fait des progrès remarquables.
Nelson Mandela irait beaucoup mieux. Si on en croit sa fille Zindzi, il aurait même fait des « progrès spectaculaires ». L’ancien président est hospitalisé depuis le 8 juin dernier dans un état qualifié officiellement de « critique mais stable ». Il est sous assistance respiratoire.
Sa fille rapporte que depuis son lit d’hôpital, il peut regarder la télévision avec des écouteurs dans les oreilles, qu’il sourit aux membres de la famille et les salue de la main.
Déchirements familiaux
Sa famille, justement, devrait être autour de lui pour cet anniversaire un peu particulier. Une famille qui a fait ces dernières semaines les gros titres de la presse. Ses enfants et ses petits-enfants se déchirent dans un conflit autour de la sépulture du héros de la lutte contre l’apartheid, de son image et de son argent. Ce mercredi 17 juillet, l’une de ses petites-filles a confié que cela était « très dur à vivre ».
L’Afrique du Sud toute entière va rendre aujourd’hui hommage à Nelson Mandela pour le Mandela Day. Chacun est invité à donner 67 minutes de son temps pour la communauté, pour des bonnes œuvres. Un chiffre qui a été fixé selon le nombre d’années que Nelson Mandela aurait donné au bien commun. Une multitude d’initiatives sont prévues. Neuf jeunes sud-africains sur dix, d’après un sondage publié ce mercredi, prévoient de participer à l’événement.
L’agence des Micro-Projets de La Guilde Européenne du Raid: Un système de financement rapide pour la mise en place de projets avec des perspectives de développement dans de nombreux secteurs en Afrique et dans les pays en voie de développement.
Des spécificités propres adaptées aux associations Françaises.
Rencontre avec Cécile Vilnet, coordinatrice de l’Agence des Micro-Projets
Thierry Barbaut : Pourriez-vous nous présenter l’agence des Micro-Projets ?
Cécile Vilnet : L’Agence des Micro-Projets est un programme de l’ONG La Guilde Européenne du Raid, association reconnue d’utilité publique. Née sur des fonds privés il y a 30 ans, cette initiative associative accompagne et finance les associations de solidarité internationale françaises dans la réalisation de leurs projets.
Fin février 2013, l’Agence Française de Développement (AFD) a accordé à l’AMP un nouveau budget, qui permettra l’atteinte de plusieurs objectifs :
– Contribuer à soutenir et à valoriser les initiatives des associations françaises de petite taille en matière de microprojets de solidarité internationale ;
– Accompagner les porteurs de ces petits projets dans l’élaboration, le suivi et l’évaluation des projets ;
– Assurer le financement de petits projets de solidarité internationale dans les pays les moins avancés et à revenus intermédiaires, sur une variété de thématiques ;
– Permettre un effet levier pour les petites ONG dans la mobilisation d’autres financements.
Quelles sont vos sources de financement ?
Cécile Vilnet : Nous avons comme principaux partenaires l’Agence Française de développement, et certaines des entreprises privées.
A qui vous adressez-vous ?
Cécile Vilnet : L’AMP s’adresse aux associations de solidarité internationale françaises et aux porteurs de microprojets qui mènent des actions dans les pays en développement, sur des thématiques très variées.
Quelles sont ces thématiques ?
Cécile Vilnet : Il s’agit des thématiques d’aide au développement, mis à part l’urgence, le post-urgence, le volontariat, les chantiers de jeunes qui ne sont pas éligibles. Parmi les thématiques éligibles, l’agriculture, l’éducation, l’accès à l’eau et à l’assainissement, la création d’activités génératrices de revenus sont les plus récurrentes.
Justement quels sont les critères d’éligibilité ? Quel est le cadre à respecter pour déposer un dossier ?
Cécile Vilnet : Afin de déposer un dossier aux Dotations aux microprojets, vous devez absolument:
– être une association de droit français,
– de plus de 3 ans d’existence (date de parution au Journal Officiel),
– avoir moins de 100 000 € de ressources annuelles (comptes de résultats validés par la dernière Assemblée Générale),
– mener un projet dans un pays éligible au Comité d’Aide au Développement de l’OCDE,
– accorder une attention particulière à la pérennité du projet et à l’articulation du projet avec les autorités compétentes.
Des critères importants supplémentaires ?
Cécile Vilnet : Il y a de nombreux critères, dont un qui est lié logiquement à l’aide au développement, à savoir le critère de pérennité et de viabilité financière. C’est-à-dire que nous sommes en mesure d’aider un porteur de projet à investir dans son projet, à condition que les frais de fonctionnement soient couverts de manière locale. Il ne faut plus qu’il y ait de dépendance financière entre les pays du Nord et les pays du Sud.
Ce critère d’indépendance est-il lié à une durée ? si oui, à partir de quel laps de temps?
Cécile Vilnet : Nous considérons que le projet doit être autonome au bout d’une période de temps, d’une à trois années. Évidemment ce facteur est variable selon les projets, mais cela reste un point primordial.
Un calendrier est à respecter ?
Cécile Vilnet Coordinatrice de l’Agence des Micro-Projets de La Guilde
Cécile Vilnet : Tout à fait, nous avons deux sessions fixes, qui sont le 31 mars et le 30 septembre de chaque année et une session spécifique, dont la thématique est fixée par l’Assemblée Générale des Nations Unies.
Cette année, la thématique pour 2013 est la coopération internationale dans le domaine de l’eau, c’est pourquoi nous lançons un appel à projets sur cette thématique pour le 30 novembre. Les associations doivent nous déposer leurs dossiers avant ces dates butoirs.
Souvent les porteurs de projets nous soumettent leurs dossiers au dernier moment, juste avant la date limite. Nous leur conseillons de ne pas hésiter à prendre contact avec nous en amont, afin de convenir d’un rendez-vous et ainsi leur apporter un soutien direct pour le montage de leur projet. C’est l’un des services que nous proposons : réaliser des entretiens personnalisés, au téléphone ou lors d’un rendez-vous, participer à des formation spécialisées sur le montage et le financement de projets.
Quels conseils donneriez-vous aux associations qui veulent porter un projet avant de se lancer dans le dépôt de dossier ?
Cécile Vilnet : Le premier conseil que je donnerais c’est, avant tout, d’être accompagné dans sa démarche. Il existe des structures régionales qui sont là pour vous aider à monter vos projets. Et l’agence des Micro-Projets est la structure au niveau national.
Ensuite pour monter un projet il faut :
– s’informer auprès de centres des ressources et de documentation et auprès des grands acteurs thématiques par le biais des actions de capitalisations des expériences…
– s’entourer en s’appuyant sur des structures plus grosses, plus expérimentées, en mobilisant les populations originaires des lieux d’intervention et en utilisant les services d’accompagnement proposés notamment par l’AMP et les réseaux régionaux.
Concrètement comment l’Agence des Micro-Projet aide t-elle les porteurs de projets ? Quels sont les services disponibles ?
Cécile Vilnet : Nous proposons des entretiens personnalisés gratuits à Paris et également dans certaines régions. Nous mettons également en lien les porteurs de projets avec les réseaux régionaux. En effet vous avez, dans certaines régions en France, des réseaux régionaux qui peuvent vous aider à monter vos projets. Cela permet de mettre à disposition des conseils dans les régions, sans obliger les porteurs à effectuer de longs déplacements.
Donc c’est une mise en réseau entre porteurs et structures d’aide ?
Cécile Vilnet : L’Agence intervient dans la mise en réseau des porteurs de projets en fonction des thématiques et pays dans lesquels ils interviennent. C’est un point crucial pour le partage d’informations sur les montages de projets, mais aussi pour le suivi et bien sûr le développement de ce réseau.
D’autre part nous avons une base de données sur internet qui répertorie les projets que nous avons déjà financés et à ce titre j’invite les porteurs de projets à se rendre sur le site de l’Agence des Micro-Projets dans la section « centre de ressources». Cette base permet de trier les projets par thématique, pays du projet et région d’implantation en France de l’association française. La base de données permet également de s’inspirer des projets, de leurs réussites et difficultés de mise en oeuvre et aussi d’entrer directement en contact avec les porteurs de projets et d’échanger librement avec ces derniers.
Notre objectif est de mettre à disposition l’ensemble des éléments indispensables au succès du montage de projet avec une forte valeur ajoutée sur le plan des relations humaines. Nous souhaitons rester toujours disponibles afin d’être en harmonie avec des critères parfois stricts d’éligibilités, mais en adéquation avec une conduite de projets réussie. Les porteurs de projets sont souvent perdus dans la jungle des bailleurs de fonds et nous les invitons à prendre contact avec nous afin d’être orientés.
Quels sont les avantages concrets des Micro-Projets par rapport aux autres projets ? Aider le secteur informel ? Une rapidité de mise à disposition des fonds ? Une meilleure compréhension des besoins locaux ? Une flexibilité du déploiement du projet selon la réussite ou les échecs ?
Cécile Vilnet : C’est une réelle proximité de l’aide, vous avez des besoins qui sont exprimés par les populations locales, futures bénéficiaires du projet. Ces populations sont vraiment impliquées à la base du projet et tout au long de celui-ci jusqu’à sa pérennité. Un autre avantage des micro-projets est que le coût financier est inférieur aux gros projets de développement. Les subventions seront plus faciles à trouver. Vous avez une certaine proximité qui va également se créer, non seulement géographiquement mais aussi humainement entre les porteurs de projet et le partenaire local.
J’insiste aussi sur le fait que la mise en œuvre des micro-projets est beaucoup moins longue, ainsi les porteurs et les bénéficiaires se découragent beaucoup moins vite dans la mesure où les résultats sont visibles rapidement.
Une adéquation entre rapidité de mise en place des projets et potentiel de développement ?
Cécile Vilnet : Oui les effets « multiplicateurs » sont à prendre en compte : un micro-projet bien réalisé avec des bénéficiaires satisfaits, peut donner des idées et provoquer une réelle synergie. Un micro-projet devient parfois un projet d’envergure.
Pourrions-nous parler d’impulsion ?
Cécile Vilnet : Oui tout à fait et notamment en termes d’innovation. Le micro-projet peut aussi être un pilote qui va être intégré dans un projet de plus grande envergure. Il est indispensable d’utiliser et de développer cette innovation pour de plus larges bénéficiaires.
Pour vous donner un exemple concret, une des premières associations que nous avons financé sur des fonds privés était « Opération handicap International » qui est devenue par la suite Handicap International. Les petites associations n’ont pas toutes vocation à grandir de cette façon, mais c’est un exemple des possibilités d’impulsions sur des micro-projets.
Vous basez-vous sur les réussites et les échecs pour mieux conseiller les porteurs de projets dans le déploiement terrain ?
Cécile Vilnet : Bien sûr, les projets ne vont pas tous fonctionner à hauteur de nos espérances et certains ne marcheront pas dans la durée. Il faut bien sûr apprendre de ces échecs. C’est d’autant plus important quand le porteur de projet se tourne vers nous pour nous expliquer les raisons de son échec. Nous devons absolument capitaliser sur ces éléments importants et en tirer les conséquences.
Il est de notre mission de pouvoir communiquer ces informations aux porteurs de projets suivants afin qu’ils évitent ces pièges.
Encore une fois l’Agence des Micro-Projets est là pour aider les porteurs de projets et s’ils rencontrent des difficultés notre but est de les aider en les conseillant au fil du montage et du développement du projet. Et ce toujours de manière gratuite. Nous souhaitons privilégier ce contact, afin aussi de réorienter le projet en cours tant qu’il est encore temps.
Dans cette période de crise économique européenne et avec des pays en voie de développement qui émergent comment bien expliquer les enjeux de l’aide au développement ?
Cécile Vilnet : Le développement des pays du Sud aura un impact positif sur les pays du Nord, c’est un enrichissement collectif. Je pense aussi qu’en temps de crise, il est important de ne pas se replier sur soi, mais au contraire de s’ouvrir aux autres et à ces cultures qui peuvent aussi nous enrichir.
En vous projetant dans l’avenir quel serait votre plus beau rêve ?
Cécile Vilnet : Pour l’agence des Micro-Projets, c’est la capitalisation. En effet nous finançons des Micro-projets de solidarité internationale depuis 30 ans, mais comme tous les principaux bailleurs de fonds, les soucis que nous rencontrons sont liés à la capitalisation des informations et la mise en avant des bonnes pratiques, comme des échecs. C’est dans ce cadre que nous avons décidé d’ouvrir cette année un Observatoire des microprojets qui permettra justement de mettre en avant et de rassembler toutes les informations dont nous disposons. Cela permettra de synthétiser ces acquis afin d’en faire bénéficier les générations futures.
Plus personnellement, le souhait qui me tient a cœur serait de développer les échanges Sud-Sud. J’aimerais une moins grande dépendance, ainsi qu’une meilleure cohésion entre les différents acteurs afin de mieux équilibrer les partenariats entre les bailleurs de fonds, les porteurs et les bénéficiaires bien sûr.
Favoriser les échanges Sud-Sud ?
Cécile Vilnet : Exactement ; favoriser de nouveaux types de projets issus des pays du Sud qui puissent financer d’autres projets et ainsi renforcer les capacités des pays limitrophes; un financement mais aussi une prise de conscience des élites locales de la nécessité d’aider la population. Il y a énormément de capacités et de savoirs faire locaux et je rêve de les voir se développer. Nous envoyons souvent des experts des pays européens, alors que bien souvent les compétences sont bien présentes dans les pays d’action ou leurs voisins.
Deux exemples de projets portés par l’Agence des Micro-projets
L’agriculture avec Sakafat au Niger et la lutte contre les déchets avec l’association Peduli Alam
L’agriculture en Afrique : Association Sakafat au Niger :
Appui aux producteurs de la vallée de Sakafat : le projet jardin
L’agriculture est une des principales activités génératrices de revenus dans la vallée de Sakafat, et développer l’agriculture c’est réduire le seuil de pauvreté de la population.
De plus, au travers de ce projet et par les contacts qu’il crée avec les jardiniers, il permet de sensibiliser les hommes à l’importance de la scolarisation des enfants, objectif premier de Grain de Sable.
Le projet jardin est basé sur trois éléments clés : – Des microcrédits pour équiper les jardins et construire des puits, – Des formations spécifiques, – Des cours d’alphabétisation.
Avec Peduli Alam, à Bali, l’heure du combat contre les déchets a sonné
« Peduli Alam », protéger la nature en indonésien, tel est l’objectif ambitieux que se sont fixées Charlotte Fredouille et Laetitia Giroux, deux jeunes femmes sensibilisées aux nombreux problèmes de pollution par les déchets ménagers (et notamment les plastiques), lors de leurs voyages dans les régions déshéritées de l’Inde, du Népal et de l’Indonésie.
En 2008, elles créent l’association « Peduli Alam » qui se donne pour mission de sensibiliser les populations de la région d’Amed, à l’Est de Bali, à l’impact sur la nature et la santé de l’incinération ou du rejet des déchets dans la nature, les rivières et la mer. Et ce, tout en développant avec elles des solutions simples et faciles d’installation de poubelles, de collecte des ordures et de ramassage par camion jusqu’au centre de tri.
Sur place, Charlotte Fredouille assure la coordination du projet. A ses côtés, deux responsables balinais sont en charge des relations avec les autorités, des campagnes de sensibilisation et de prévention dans les écoles et dans les villages, de la maintenance des poubelles et de l’organisation du service de ramassage.
A ce jour, les résultats sont très encourageants : déjà cinq tonnes de déchets non organiques sont ramassés chaque mois, tandis que les populations et les autorités locales s’impliquent de plus en plus dans le projet. Preuve en est, les chefs de villages organisent spontanément des journées de nettoyage et ce sont eux qui appellent pour réclamer des poubelles! »
Forte de ces premiers succès, l’association prévoit d’étendre son action de manière durable sur toute la côte de la zone concernée, jusque très haut dans les villages de montagne et, pourquoi pas, de développer le projet dans d’autres régions de Bali.
Bilan 2013:
– 130 poubelles publiques pour les déchets non organiques ont été construites.
– 300 poubelles individuelles ont été distribuées dans les épiceries locales, les familles et les écoles.
– 800 familles bénéficient désormais d’un réseau de collecte et ramassage des ordures ménagères gratuit et facile d’accès.
– 1200 élèves ont reçu un enseignement ludique sur le comportement à adopter face aux déchets, ils ont également reçu des livres sur l’environnement, des crayons et des cahiers ainsi que des documents de prévention.
– 1 camion passe une fois par semaine pour la collecte à destination du centre de tri d’Amlapura.
– 5 tonnes de déchets non organiques sont ramassées chaque mois
En fin d’année 2012, l’Association mondiale des opérateurs télécom a déclaré que l’Afrique subsaharienne est devenue depuis 2000, le marché le plus croissant en matière de téléphonie mobile.
Soit 40% de croissance chaque année…
Avec ces données, il est attendu un milliard d’abonnés mobile sur le continent Africain en 2015, suscité par la forte demande en connectivité et des services innovants comme le mobile money et l’Internet mobile.
Pour montrer l’important nombre d’abonnés qu’enregistre déjà le continent, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a dressé, dans une de ses recherches, le classement des dix pays africains avec un grand nombre d’abonnés.
Le Nigeria, avec ses quatre principaux opérateurs télécom que sont MTN, Glo, Airtel et Etisalat, vient en tête avec 112 777 785 d’abonnés, suivit par l’Egypte avec 96 798 801.
Une soixantaine d’ONG africaines ont critiqué sévèrement les politiques de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) qui «favorisent les cultures génétiquement modifiées (OGM) et des technologies ayant des répercussions néfastes sur les paysans et les écosystèmes».
Ces ONG, parmi lesquelles figurent l’Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique, le Réseau africain de la Biodiversité et la plateforme régionale des Organisations paysannes d’Afrique Centrale (PROPAC), affirment que les pratiques qui relèvent des OGM et celles visant à accroître les rendements agricoles des pays en développement grâce à des innovations spécifiques vont, à long terme, nuire aux écosystèmes de tout le continent.
«Les technologies de la révolution verte profitent à relativement peu d’agriculteurs et les bénéfices se font souvent aux dépens de la majorité. Ces technologies provoquent une concentration de la propriété, augmentent les économies d’échelle et réduisent le nombre de foyers produisant de la nourriture dans un contexte où les autres moyens de subsistance sont limités»,ont expliqué ces organisations dans une lettre adressée à la présidente de l’AGRA, Jane Karuku.
Les organisations notent également que la propriété intellectuelle de nombreux types de plantes reviendra aux grandes sociétés multinationales. «La propriété privée des savoirs et des ressources matérielles comme les semences et le matériel génétique signifie que les droits de propriété (royalties) échappent à l’Afrique et passent aux mains des multinationales »,ont-elles précisé.
Les ONG estiment, par ailleurs, que l’AGRA pousse les agriculteurs africains à devenir dépendants des cartels de l’industrie agro-alimentaire. «L’AGRA pousse les agriculteurs dans la mauvaise direction en les incitant à s’endetter pour acheter plus de produits agrochimiques et de semences hybrides aux entreprises», a déclaré à IRIN, Teresa Anderson de la Fondation Gaia.
«Depuis plusieurs années, des ONG travaillent dans toute l’Afrique avec les agriculteurs afin de les encourager à ne plus utiliser des engrais chimiques et de pesticides et à améliorer la santé des sols et des écosystèmes, la diversité des semences et leur souveraineté alimentaire. L’AGRA est en train d’effacer une décennie de progrès agro-écologiques en Afrique en poussant les agriculteurs à s’endetter et à retomber sous le joug des cartels mafieux qui se montrent impitoyable avec les agriculteurs pauvres produisant à petite échelle»,a indiqué, de son côté, Ruth Nyambura du Réseau africain de la biodiversité.
L’AGRA a été fondée en 2006 grâce à un partenariat entre la Fondation Rockefeller et la Fondation Bill et Melinda Gates. Elle travaille en collaboration avec des petits agriculteurs sur l’ensemble du continent en leur accordant des microcrédits et en leur fournissant des semences hybrides et des engrais pour accroître le rendement de leurs cultures. De cette façon, l’AGRA espère lutter contre la faim et la pauvreté sur le continent.
Les télécommunications en Afrique avaient pour règle quasi générale de passer par l’Europe, même lorsqu’il s’agissait de communiquer entre deux pays africains voisins, et même entre deux régions d’un pays.
L’Afrique est en train de s’affranchir de cette tutelle.
Bientôt, le trafic entre l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est ne sera plus routé par l’Europe.
L’opérateur des télécommunications Liquid Telecom a annoncé s’être lancé dans le perfectionnement de son réseau de fibre optique à travers l’Afrique de l’Est. Ces travaux « ont déjà permis de décongestionner le réseau, améliorer la connectivité et fournir des taux de latence très bas sur le contient africain ».
Depuis l’acquisition de Kenya Data Networks, de Rwandan ISP Stream et d’InfoCom, un fournisseur de service Internet en Ouganda, Liquid Telecom, a mis la priorité sur l’intégration de ces réseaux à son propre réseau de fibre optique existant pour créer un vaste réseau IP, sans failles, très redondant.
Nic Rudnick, le président directeur général de Liquid Telecom, a déclaré que « les récents problèmes d’Internet en Afrique de l’Est ont mis en exergue une fois de plus le besoin de l’Afrique en haut débit, en meilleure redondance et d’un réseau transfrontalier à grande échelle. Voilà pourquoi Liquid Télécom investit dans ses propres infrastructures ».
L’entreprise s’est lancée dans la construction de l’un des plus importants réseaux de fibre optique du continent avec des infrastructures qui vont du nord de l’Ouganda à la ville du Cap en Afrique du Sud. Elles parcourent le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la Zambie, le Zimbabwe, le Botswana, la RD Congo et le Lesotho. Soit plus de 13 000 kilomètres. Au début du mois de juin, ce projet d’envergure a d’ailleurs décroché le prix de la « Meilleure innovation en infrastructures de réseau fixe » lors du Global Telecoms Business (GTB) Innovation 2013.
Le Cameroun voudrait éliminer les relais occidentaux
Le Ministère camerounais des postes et télécommunications travaille sur un projet de construction de « points d’échanges Internet à vocation régionale ». A en croire les experts interrogés par l’Agence Ecofin, ces points d’échange vont désormais mettre fin au transit par les relais occidentaux de toutes les communications téléphoniques et Internet passées à l’intérieur du Cameroun
Ce qui va annuler un coût de transit d’environ un milliard FCFA chaque année pour l’ensemble des opérateurs dans la structure des prix des communications téléphoniques et sur Internet et, partant, le coût des communications en général. Toujours selon les explications des experts, ces points d’échanges vont aussi booster la fluidité dans les opérations de communication, et même garantir une certaine sécurité. Ce d’autant que les actes de piratage, généralement rendus plus facile lors du transport des données, seront réduits avec l’annulation du transport desdites données, qui se fait jusqu’ici entre le Cameroun et les relais occidentaux.
Le mois passé, la Commission de l’Union africaine a encouragé les gouvernements à aller dans le même sens, en se dotant de points d’échange Internet afin de « gérer localement le trafic Internet.»
La Commission électorale nationale indépendante de Guinée (Ceni) a suggéré mercredi 10 juillet que les élections législatives aient lieu le 24 septembre prochain.
Une proposition conforme à l’accord signé début juillet entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de l’ONU.
Après bientôt trois ans d’attente, les Guinéens pourraient se rendre aux urnes d’ici quelques semaines. Mercredi, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a proposé que les élections législatives se tiennent le 24 septembre.
« La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a proposé au président de la République Alpha Condé la date du 24 septembre 2013 pour la tenue des élections législatives », indique l’instance électorale dans un communiqué.
Cette proposition fait suite à un accord signé le 3 juillet à Conakry entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de l’ONU, précisant que le scrutin devait avoir lieu 84 jours après cette signature.
L’accord prévoit notamment le choix de l’opérateur technique sud-africain Waymark, jusqu’ici contesté par l’opposition, pour recenser les électeurs et accorde le droit de vote aux Guinéens de l’étranger à ces législatives, ce que refusait jusqu’alors le pouvoir.
Manifestations sanglantes en Guinée
Les législatives en Guinée auraient dû avoir lieu dans les six mois suivant l’investiture du nouveau président Alpha Condé, en décembre 2010, après son élection en novembre comme premier chef d’État démocratiquement élu de ce pays à l’histoire marquée par les violences politiques, militaires et ethniques.
Ces élections ont toutefois été reportées à de nombreuses reprises faute de consensus sur leur organisation. L’opposition a longtemps accusé le pouvoir « autoritaire » d’Alpha Condé de préparer des fraudes à ce scrutin afin de s’assurer la majorité à l’Assemblée nationale.
Elle a organisé depuis le début de l’année de nombreuses manifestations à Conakry pour des législatives « libres et transparentes ». Celles-ci ont presque toutes dégénéré en violences avec les forces de l’ordre, qui ont fait une cinquantaine de morts et de très nombreux blessés.
Les dernières législatives en Guinée remontent à juin 2002, sous la présidence du général Lansana Conté, décédé en décembre 2008 après 24 ans au pouvoir. C’est actuellement un Conseil national de transition (CNT, non élu) qui fait office de Parlement.
Au troisième jour de son voyage en Chine, le président du Nigeria Goodluck Jonathan rencontrera les PDG de grandes entreprises chinoises, et le Premier ministre Li Keqiang.
Cette visite d’Etat de quatre jours vise à accroître les échanges et les investissements entre la seconde économie mondiale et le premier producteur de pétrole d’Afrique. Goodluck Jonathan, reçu hier par son homologue Xi Jinping, va d’ailleurs ramener un grand prêt chinois qui permettra de financer des infrastructures au Nigeria.
Un prêt de plus d’un milliard de dollars avec un taux préférentiel à moins de 3%…
Voilà ce que le président nigérian Goodluck Jonathan est, entre autres, venu chercher à Pékin.
Cette somme servira à financer des aéroports, un tramway pour la capitale, Lagos, une centrale hydroélectrique, et des infrastructures pour le gaz et le pétrole. C’est la première tranche d’un prêt plus large de 3 milliards de dollars.
La Chine est devenue un gros investisseur en Afrique, où elle cherche à s’assurer des ressources naturelles et des débouchés pour ses produits. Pour cela, elle s’appuie sur le Nigeria, deuxième destination de ses investissements sur le continent. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont été multipliés par six en sept ans.
Le pétrole, un secteur clé
Mais il reste un secteur clé du Nigeria où Pékin a du mal à percer : le pétrole, qui reste dominé par Occidentaux Shell et ExxonMobil. Goodluck Jonathan va donc rencontrer aujourd’hui les dirigeants du géant Sinopec. La Chine devrait décupler sa demande de 20 000 barils par jour actuellement à 200 000 d’ici 2015.
Goodluck Jonathan rencontrera aussi ce jeudi les responsables de Huawei et de ZTE, leaders chinois des télécoms ainsi que le premier ministre Li Keqiang.
L’Afrique se retrouve bien souvent dans les nouvelles en occident seulement quand elle rentre dans la case qui a été créée pour elle ou quand cela correspond à un ordre du jour occidental.
Un journaliste britannique chevronné a pu déclarer lors d’un atelier des journalistes à Abuja que l’ont parle du Nigéria dans les médias britanniques seulement quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Il n’y aurait donc pas de bonnes nouvelles en provenance du Nigéria ?
Fin juin sur France 24 tout ce qu’on pouvait voir, c’était le « criminel » Uhuru Kenyatta qui échappait au procès à la Haye et la « crise » au Togo. Ces deux nouvelles rentrent dans la case traditionnelle d’un « peuple incapable de bien faire par lui-même sans un coup de main ».
L’occident pousse l’histoire d’une Afrique dépendante qui continue d’avoir besoin de l’aide, mais la réalité du continent montre que les africains gagneraient à profiter de l’échange international.
À continuer à enfermer l’Afrique dans cette case étriquée de l’aide étrangère, de la pauvreté, des maladies, des dictateurs criminels, de la famine etc., les citoyens de l’hémisphère Nord sont privés de l’expérience réelle de l’Afrique : un continent qui est en passe de changer et d’évoluer comme la dernière frontière du monde en développement. Ils ne sauront pas que le changement déferle sur le continent et que le ce dernier se lève rapidement, au-delà des stéréotypes et des ordres du jour occidentaux.
Aujourd’hui, on trouve des programmes sépciaux sur les principales plates-formes d’information, dédiés au progrès en Afrique par exemple, African Voices (Voix africaines) de CNN et African Dream (Rêve africain)de la BBC, une série sur les entrepreneurs africains à succès.
En dépit de cela, les Kenyans ont dû créer #SomeoneTellCNN sur les médias sociaux pour remettre les pendules à l’heure face à un flash d’actualités alarmant sur CNN relativement à une (inexistante) « Violence au Kenya ».
Autre exemple : le documentaire de la BBC Welcome to Lagos (Bienvenue à Lagos) dépeignait une micro-réalité sordide de la vie à Lagos, mais en la présentant comme la norme. Il serait juste d’avoir une suite décrivant une ville qui monte.
Cela dit, généraliser en labellisant quelques plateformes médiatiques « médias occidentaux » est aussi injuste qu’une généralisation de 54 pays en une seule réalité.
Quels reportages pourraient être produits par les journalistes africains eux-mêmes pour que des nouvelles plus positives parviennent en Europe ou aux USA ?
Ce n’est pas tant le reportage lui-même qui compte que le chemin qu’il prend pour arriver en occident. Il existe de nombreux reportages d’Afrique qui reflètent un continent en mouvement, mais la plupart d’entre eux resteront limités à des auditoires africains.
Il y a une population croissante de jeunes en Afrique qui commencent à montrer un intérêt dans la politique et la gouvernance.
De plus en plus de Nigérians retournent au pays parce que, contrairement à avant, leur patrie, dans certains cas, offre bien davantage de promesses que les anciens « verts pâturages » qu’ils cherchaient à l’étranger.
La diaspora africaine a transféré 60 milliards de dollars au continent en 2012. Il doit certainement y avoir une histoire à raconter sur la façon dont ces sommes ont été gagnées. Générer 60 milliards de dollars doit avoir nécessité beaucoup d’activités productives à la diaspora d’un continent soi-disant pauvre, surtout quand il coûte plus cher d’envoyer de l’argent en Afrique que partout ailleurs dans le monde.
40% des Africains vivent dans des centres urbains. Ce chiffre est de 45% en Chine et 30% en Inde. Cela montre qu’une classe moyenne est effectivement en pleine croissance (qui attire les investissements dans les biens de consommation et les biens de plus en plus luxueux).
De plus en plus l’Afrique profite de la culture de l’Afrique. Dans certains pays africains, les films nigérians sont plus populaires que les films hollywoodiens. Ce n’était pas le cas avant.
Les maladies et la pauvreté ne sont plus la norme. Il y a encore de la faim, comme il y a aussi de la prospérité. Il nous faut donc un « histoire » équilibrée qui racontetoute l’expérience de l’Afrique, plutôt qu’une expérience trop déséquilibrée vers la gauche ou vers la droite.
On ne peut vraiment connaître l’Afrique tant qu’on ne l’a pas vue et rencontrée par soi-même. Tant que nous ne verrons pas l’Afrique à travers les yeux des Africains, nous continuerons à subir l’illusion de la vraie Afrique.
Ce concours est né de la volonté de soutenir et d’amplifier l’enseignement de l’Architecture, de l’Urbanisme et du Génie-Civil en Afrique, de faire naître et diffuser une image positive et dynamique des matériaux locaux africains utilisés dans la construction, de cultiver l’inspiration et la créativité, de donner aux étudiants l’opportunité de découvrir et d’apprécier les multiples possibilités architecturales et techniques.
Le concours est ouvert aux étudiants africains et de la diaspora africaine, inscrits dans des écoles et universités, ainsi qu’aux jeunes professionnels diplômés entre 2010 et 2013. Les candidats pourront participer seuls ou en équipe de quatre, maximum.
Compte tenu des enjeux multiples dont regorge le concours, il s’annonce à nouveau un motif de fierté Africaine. Par ce concours, l’association ambitionne d’encourager, stimuler et récompenser la créativité et l’inventivité des talents africains d’aujourd’hui et de demain.
Pour cette deuxième édition, il est demandé aux participants de « concevoir ou réhabiliter un marché en milieu urbain en Afrique ». D’après les organisateurs, le choix de ce sujet est lié aux multiples enjeux que peut revêtir un tel programme du point de vue des relations sociales, des flux et de la mobilité, de la gestion des stocks, de l’hygiène, ou encore des enjeux environnementaux.
Une conférence de presse est prévue le vendredi 13 septembre 2013 à La Cité de l’Architecture et du Patrimoine – Palais de Chaillot à Paris, puis le lancement est prévu le mardi 1er octobre 2013. Les participants pourront s’inscrire à partir le 15 Juillet jusqu’au 30 Novembre 2013 sur le réseau professionnel et social de l’association, AFRIKArchi Network, www.afrikarchi.com/afrikarchinetwork. La date limite de rendu des projets est le vendredi 31 janvier 2014 à minuit.
Lorsqu’en 2006 la Conférence des postes et télécommunications de l’Afrique centrale (COPTAC) désigne le Cameroun pour abriter le Centre régional de télé-enseignement du réseau panafricain des services en ligne, peu de personnes au sein de l’opinion publique croient en ce projet.
Un bâtiment flambant neuf au sein de l’Université de Yaoundé 1, en plein cœur de la capitale camerounaise, est aujourd’hui là pour démentir ceux qui avaient été sceptiques. Avec cinq amphithéâtres de 150 à 250 places, six salles de travaux dirigés de 70 places chacune, deux bureaux pour la recherche, et deux pour les juniors entrepreneurs, l’Université virtuelle d’Afrique centrale a fière allure.
Les ambitions sont grandes
En décembre 2012, elle comptait, selon une information rapportée par l’Institut de la Francophonie pour l’ingénierie de la connaissance et des formations à distance, près de 400 étudiants. Les ambitions sont grandes. L’Université virtuelle se propose d’offrir à distance les programmes académiques et professionnels en signant des accords de coopération interuniversitaire, et de mettre sur pied un mode d’organisation qui permettra en 2015 que le nombre d’étudiants qui utilisent les moyens électroniques pour se former atteigne 50 000.
Le programme, qui propose diverses formations, notamment dans le domaine de l’informatique, de la santé ou encore des finances, est l’une des manifestations de la présence indienne dans le secteur du télé-enseignement en Afrique.
Une architecture unique
C’est en 2004, alors qu’il prononçait un discours lors de la cérémonie inaugurale du Parlement panafricain, que le Dr A. P. J. Abdul Kalam, ancien président de l’Inde, a émis l’idée de connecter tous les pays d’Afrique via le satellite et la fibre optique.
Le but initial de l’initiative était de connecter les dirigeants africains, afin qu’ils puissent faire face aux défis de l’enseignement ou de la santé, bénéficier de la vidéo-conférence et autres valeurs ajoutées. Suivant cette volonté exprimée, le ministre indien des Affaires étrangères va lancer le programme e-Network, qui s’appelle aujourd’hui Pan-African e-Network.
Ce réseau s’étend aujourd’hui, selon des informations disponibles sur le site du projet, dans 48 pays en Afrique qui ont signé un accord en vue de participer au processus. Une architecture unique gère ces relations et transite par un satellite qui met en liaison une des universités indiennes et une ou plusieurs universités africaines.
Ainsi la formation en ligne permet aujourd’hui à deux organisations régionales africaines des grandes universités, en plus de l’Afrique centrale couverte par le Cameroun, d’être reliées au concentrateur et d’atteindre 53 classes virtuelles. Il s’agit de la Makerere University en Ouganda et de la Kwame Nkrumah University of Science and Technology du Ghana.
Le Pan-African e-Network
Parti d’une simple idée, le projet Pan-African e-Network est aujourd’hui la manifestation la plus visible du gouvernement indien sur le continent africain, à travers un réseau de services d’éducation et de soins de santé. Dans la pensée de ses précurseurs son but était de connecter à travers le continent africain 53 centres d’apprentissage, 53 hôpitaux, cinq universités régionales et cinq hôpitaux régionaux.
Le projet a pour mission d’aider l’Afrique dans le renforcement des capacités à travers un enseignement de qualité, grâce au concours des meilleures universités indiennes. L’autre volet du projet consiste à la coopération en matière de santé, en facilitant les consultations entre les malades africains et des spécialistes basés en Inde.
Le projet, qui a été élaboré pour un coût global de 117 millions $, est piloté par le Ministère indien des affaires extérieures. TCIL (Telecommunication Consultants India Ltd) a été désigné comme l’agence d’exécution, chargée de livrer le service clé en main. Son rôle est de concevoir le réseau, d’acquérir et d’installer l’équipement, de fournir un soutien pendant cinq ans après la mise en service du réseau dans les pays respectifs, et d’apporter du conseil au Ministère des affaires extérieures et au gouvernement de l’Inde sur toutes les questions liées au projet.
Le projet comporte deux principales composantes : le télé-enseignement, fourni par les universités indiennes, et la télémédecine, fournie par les hôpitaux spécialisés en Inde. Le projet porte aussi sur la formation médicale continue (FMC) des médecins praticiens. Par Idriss Linge pour le magazine Réseau Télécom No 62.
La campagne électorale a débuté ce dimanche au Mali. Cela fait suite à la levée, hier samedi, de l’état d’urgence imposé au Mali depuis janvier 2013.
Les 28 candidats à la Présidentielle devront batailler ferme sur le terrain pour briguer le maximum de voix.
L’état d’urgence avait été décrété au Mali le 12 janvier 2013. Cela faisait suite à l’offensive surprise lancée vers le sud par des groupes islamistes armés. C’est d’ailleurs cette offensive qui avait précipité l’intervention de l’armée française au Mali, le 11 janvier, contre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Le vendredi 19 avril 2013, les députés maliens avaient adopté, à l’unanimité, le projet de loi autorisant une deuxième prorogation de l’état d’urgence au Mali. La décision a été prise à l’unanimité – 129 voix pour, zéro abstention et zéro contre -.
Cette décision de proroger l’état d’urgence décrété le 12 janvier 2013, avait été prise le 10 avril, en Conseil des ministres, sous la présidence du dirigeant malien par intérim, Dioncounda Traoré. Sauf que la décision de laisser courir l’état d’urgence qui devrait prendre fin le 6 juin 2013, a été prorogée une nouvelle fois.
En effet, le 4 juin dernier, en Conseil des ministres, il a encore été décidé de proroger l’état d’urgence. L’accord signé le 18 juin à Ouagadougou entre le gouvernement malien de transition et la rébellion touareg stipulait que la Présidentielle devait se tenir sur toute l’étendue du territoire malien, notamment à Kidal, une exigence de la Communauté internationale.
Et il aura fallu attendre ce samedi, à la veille du lancement de la campagne pour le premier tour de la Présidentielle prévue le 28 juillet prochain, pour voir les autorités maliennes lever la mesure.
La décision de lever l’état d’urgence, qui avait été reconduit à deux reprises depuis janvier 2013, est intervenue à la veille du lancement de la campagne électorale pour la Présidentielle qui a démarré ce matin. Sur les 36 candidatures, la Cour constitutionnelle en a validé 28. Les candidats sont sur le terrain pour battre campagne et tenter chacun de son côté, de convaincre les Maliens, sans doute encore sous le choc de la guerre qui a changé leur quotidien.
L’arène sénégalaise pourrait revivre avec les temps forts de la lutte avec frappe au cours de la saison 2013-2014 à venir.
Ce sera avec le choc quasiment ficelé par le promoteur Aziz Ndiaye et qui devra opposer le chef de file de la Génération Boul Faalé, Mohamed Ndao alias Tyson, à Gris Bordeaux de Fass.
L’arène sénégalaise pourrait revivre avec les temps forts de la lutte avec frappe au cours de la saison 2013-2014 à venir. Ce sera avec le choc quasiment ficelé par le promoteur Aziz Ndiaye et qui devra opposer le chef de file de la Génération Boul Faalé, Mohamed Ndao alias Tyson, à Gris Bordeaux de Fass. « Nous sommes en pourparlers très avancés sur cette affiche.
Je puis vous révéler que Gris Bordeaux a reçu son avance sur cachet ce samedi. Quant à Tyson, on doit en principe conclure d’ici lundi « ,nous a confié l’organisateur du combat, Aziz Ndiaye. Après avoir organisé le plus grand choc de la saison ayant été sanctionné par une belle victoire de Balla Gaye 2 (Balla Gaye) sur Tapha Tine (Baol Mbollo) le 2 juin dernier, le promoteur a vu son dernier choc, Eumeu Sène (Tay Shinger) / Modou Lô (Rock Energie) tomber à l’eau, suite à une blessure à l’œil du premier nommé, à une semaine du combat
Le choc initialement prévu le 30 juin dernier a été reporté à une date ultérieure, certainement la saison prochaine. Si le combat Tyson / Gris Bordeaux est monté, ce sera un grand retour du leader de la Génération Boul Faalé, qui tentera de redorer son blason après son combat perdu face à Balla Gaye 2, le 31 juillet 2011.
Quant à Gris Bordeaux, il devra tout faire pour faire oublier à ses supporters sa défaite aux points face à Modou Lô, le 15 juillet 2012. Pour l’heure, seul Gris Bordeaux a perçu son avance, d’après les assurances du promoteur. Il faudra attendre lundi pour savoir si oui on non le combat attendu depuis le 22 juillet 2007, alors que Gris Bordeaux battait Bombardier, aura effectivement lieu la saison prochaine.
Les forces de sécurité extorquent régulièrement et ouvertement de l’argent aux barrages routiers dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Ces barrages routiers, mis en place en principe pour lutter contre l’insécurité résultant des incursions transfrontalières et des actes de banditisme, sont devenus une entreprise lucrative et criminelle pour les militaires et les gendarmes, dont les exactions menacent les moyens de subsistance et le prix des denrées alimentaires dans une région déjà dévastée par la crise postélectorale de 2010-2011.
Human Rights Watch a interrogé 82 victimes et témoins d’actes d’extorsion dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Ceux-ci ont déclaré que les principales cibles de cette forme de harcèlement sont les femmes qui vont au marché ou qui en reviennent, les immigrants originaires de pays voisins, les motocyclistes et les conducteurs de véhicules de transports en commun. Même des personnes qui doivent se déplacer pour obtenir des soins médicaux sont visées. Dans un cas, le retard aurait pu contribuer au décès d’un enfant de 3 ans. Il arrive que les membres des forces de sécurité menacent, détiennent illégalement et même passent à tabac les personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas les payer. « Des membres des forces de sécurité s’enrichissent sans vergogne sur le dos des gensdans l’ouest de la Côte d’Ivoire », a affirmé Matt Wells, chercheur sur la Côte d’Ivoire à Human Rights Watch. « Alors que le gouvernement Ouattara avait au départ promis de prendre des mesures énergiques contre l’extorsion aux postes de contrôle, cette pratique se poursuit à grande échelle dans cette région du pays. » La plupart des conducteurs de véhicules et d’autres résidents de l’ouest de la Côte d’Ivoire ont affirmé constater, depuis l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, une amélioration de la situation sur les principaux axes reliant les villes. Ils ont ainsi souligné une baisse du nombre de postes de contrôle sur ces routes par rapport à l’époque où Laurent Gbagbo était au pouvoir, ainsi qu’une diminution du nombre de détentions arbitraires et de passages à tabac – des pratiques auparavant fréquentes qui visaient les Ivoiriens du Nord et les immigrants d’Afrique de l’Ouest. Cependant, nombre de ces mêmes personnes ont expliqué que la pratique de l’extorsion aux barrages situés sur des routes secondaires était sans doute pire qu’avant. Le gouvernement ivoirien devrait enquêter sur les membres des forces de sécurité impliqués dans des actes d’extorsion et les poursuivre en justice, a commenté Human Rights Watch. Le gouvernement devrait placer des unités de sa brigade anti-racket dans les grandes villes à travers le pays, et étendre la portée de son « numéro vert » anti-racket à tout le pays pour permettre à la population de signaler les exactions rapidement et anonymement par téléphone. Les efforts menés à Abidjan pour lutter contre l’extorsion ont du mal à parvenir jusqu’à l’ouest du pays. L’ouest de la Côte d’Ivoire a été à plusieurs reprises le théâtre d’attaques transfrontalières lancées à partir du Libéria, les plus récentes remontant au 13 et 23 mars dans les villages de Zilebly et Petit Guiglo, respectivement. Si cela peut justifier une présence accrue des forces de sécurité dans la région, notamment la mise en place de postes de contrôle, cela ne doit pas servir de prétexte à la pratique de l’extorsion, a commenté Human Rights Watch. En février et juin 2013, Human Rights Watch s’est rendu dans une cinquantaine de villages situés entre Duékoué et Toulepleu et entre Danané et Zouan-Hounien. Des dizaines de personnes ont été interrogées : des conducteurs, des commerçantes sur les marchés, des propriétaires de petits magasins et de maquis (restaurants), ainsi que des immigrants. Tous ont décrit la pratique fréquente et ouverte de l’extorsion aux barrages routiers et le comportement criminel connexe des forces de sécurité qui y officient. Human Rights Watch a interrogé des motocyclistes, des chauffeurs de taxi et de minibus et même des cyclistes qui ont tous expliqué qu’ils étaient régulièrement contraints de verser de l’argent aux barrages routiers pour pouvoir poursuivre leur chemin. Les cyclistes paient en général 200 francs CFA (0,40 $US) à chaque barrage, tandis que les conducteurs de véhicules sont souvent tenus de régler entre 1 000 et 2 000 francs CFA (2-4 $). Le conducteur d’un gbaka (minibus) de 20 places basé à Guiglo a raconté à Human Rights Watch que les chauffeurs doivent verser le même montant à chaque poste de contrôle sur chacun des grands axes au départ de Guiglo, même lorsque tous leurs papiers sont en règle. Les actes d’extorsion sont commis au vu et au su de tous. Human Rights Watch a pu constater à plusieurs reprises que des véhicules étaient retenus à des barrages. En février, près du village de Kahen, un chercheur de Human Rights Watch a été témoin d’une scène où un militaire se plaignait de devoir trouver de la monnaie pour un conducteur qui n’avait pas la somme exacte. Les barrages sur les routes secondaires sont souvent le théâtre d’actes d’extorsion particulièrement abusifs. Sur les grands axes reliant les villes, toutes les forces de sécurité – dont l’armée, la gendarmerie, les douanes et l’unité des eaux et forêts – se trouvent fréquemment aux postes de contrôle et s’adonnent à des actes d’extorsion. Les conducteurs nous ont souvent déclaré : « Ils sont tous pareils. » Sur les routes secondaires non goudronnées, ce sont principalement les soldats de l’armée nationale, les Forces républicaines (ou FRCI), qui assurent la permanence des barrages et sont les principaux auteurs de tels actes, ont affirmé des victimes et des témoins.
Les motocyclistes et les chauffeurs routiers ont qualifié les actes d’extorsion d’« organisés », suggérant ainsi une pratique systématique.
Ils ont précisé qu’en général, ils ne donnent de l’argent qu’une fois par jour à chaque poste de contrôle, les membres des forces de sécurité notant leur nom ou le numéro de leur véhicule lors de leur premier passage. Un chauffeur à Guiglo a affirmé : « On entend un [soldat] crier à son ami, ‘Est-ce que la voiture numéro 322 est déjà passée aujourd’hui ? Non ? Bien, vous devez payer 1 000 francs [CFA].’ Ils ne cachent pas le racket. C’est comme si c’était leur droit, comme s’ils en avaient l’autorisation. »
Human Rights Watch a documenté trois cas lors desquels des membres des forces de sécurité ont battu ceux qui refusaient de payer, notamment un jeune homme qui s’est fait fracturer le bras et a dû passer trois jours à l’hôpital. Dans plusieurs autres cas, les forces de sécurité ont contraint les personnes à rester au barrage routier durant plusieurs heures, voire jusqu’au lendemain matin, en attendant que le chauffeur trouve quelqu’un pour lui apporter l’argent à payer. Human Rights Watch a rendu compte de quatre cas lors desquels des soldats officiant à des barrages routiers ont empêché des personnes d’obtenir des soins d’urgence pour un membre de la famille souffrant. Ainsi, un père de famille qui avait essayé d’amener son enfant de 3 ans gravement malade à l’hôpital a expliqué que les soldats lui avaient réclamé 3 000 francs CFA (6 $). L’homme n’avait pas l’argent et il a supplié les soldats de le laisser passer, mais ceux-ci ont refusé – obligeant l’homme à se rendre à pied au village le plus proche pour y emprunter de l’argent. Plus d’une heure après son arrivée au poste de contrôle, le père versait la somme demandée et pouvait repartir avec son fils. L’enfant est mort avant d’atteindre l’hôpital régional où il aurait pu recevoir les soins dont il avait besoin. « Certains soldats aux barrages routiers sont si impitoyables dans leur manière de demander de l’argent à tous les passants qu’ils sont même prêts à faire obstacle à ceux qui ont de toute urgence besoin de soins médicaux », a déclaré Matt Wells. « Cette attitude est répugnante, et elle ne fait qu’exacerber le sentiment de méfiance envers les forces de sécurité d’une grande partie de la population dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. » Dans certaines régions de l’ouest du pays, le nombre de barrages routiers et les montants réclamés augmentent les jours de marché afin de profiter de l’affluence des gens qui viennent vendre et acheter des marchandises. Human Rights Watch a rendu compte de la manière dont des membres des forces de sécurité à certains barrages extorquent de l’argent aux femmes qui achètent et vendent des marchandises au marché. Plusieurs marchandes ont ainsi expliqué qu’il leur fallait augmenter leurs prix de vente des denrées alimentaires pour pouvoir couvrir les paiements des sommes extorquées.
L’extorsion est si extrême autour du village de Kaade que plusieurs résidents ont déclaré qu’ils craignaient que le marché du dimanche n’y survive pas. Human Rights Watch a également constaté que des immigrants du Burkina Faso sont la cible d’exactions spécifiques dans la région située aux alentours de Bloléquin. Même lorsqu’ils sont passagers d’un véhicule, les forces de sécurité leur confisquent souvent leurs papiers d’identité aux barrages routiers et leur demandent 1 000 francs CFA avant de leur rendre les papiers, affirmant que ceux-ci sont illégaux car délivrés dans une autre région de la Côte d’Ivoire. Or un représentant du gouvernement a déclaré à Human Rights Watch que ces papiers d’identité sont en réalité valides dans tout le pays. Human Rights Watch a présenté ses conclusions à des représentants de la Présidence ivoirienne, du bureau du Premier ministre et de l’état-major de l’armée. Ces représentants ont promis d’enquêter rapidement, précisant qu’ils n’auraient « aucune pitié » pour les forces de sécurité impliquées dans des actes d’extorsion. Un représentant a fourni des documents qui renseignent sur la stratégie déployée par l’armée pour améliorer ses résultats dans le domaine des droits humains, y compris aux postes de contrôle. Cette stratégie repose sur une formation aux droits humains, dont une session sur le comportement à adopter aux postes de contrôle, ainsi que sur l’imposition de sanctions aux auteurs d’atteintes aux droits humains. Ce représentant a précisé que le procureur militaire avait engagé des poursuites à l’encontre de plusieurs soldats impliqués dans des actes d’extorsion et de racket. L’extorsion est un acte illégal en vertu du droit ivoirien. Elle porte également atteinte au droit des personnes à jouir de la liberté de mouvement prévu par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et au droit à la propriété des personnes garanti par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Dans certains cas où l’extorsion à un barrage routier a gêné l’accès à des soins de santé ou nui à la sécurité alimentaire, le gouvernement a également enfreint les droits à la santé et à l’alimentation prévu par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. « Le gouvernement Ouattara a placé l’amélioration de l’économie du pays au cœur de son programme politique, mais l’extorsion à laquelle se livrent sans relâche les forces de sécurité dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a des répercussions dévastatrices sur les moyens de subsistance de la population », a conclu Matt Wells. « Il est primordial que les autorités ivoiriennes mettent rapidement fin aux abus perpétrés par les forces de sécurité à l’encontre des personnes qu’elles sont censées protéger. » Un passé marqué par des exactions aux barrages routiers La pratique de l’extorsion aux barrages routiers existait déjà avant l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara. Dans son rapport d’octobre 2010 intitulé « Terrorisés et abandonnés », Human Rights Watch a exposé la pratique fréquente de l’extorsion et du racket qui accablait alors l’ouest de la Côte d’Ivoire. Les forces de sécurité de la moitié sud de cette région, contrôlée à l’époque par le gouvernement Gbagbo, s’en prenaient régulièrement aux Ivoiriens du Nord et aux immigrants ouest-africains pour leur extorquer de l’argent ; dans certains cas, elles allaient même jusqu’à détenir arbitrairement et passer à tabac les personnes qui ne les payaient pas sur-le-champ. Dans la moitié nord du pays – alors sous le contrôle de l’armée rebelle des Forces nouvelles – des soldats dégageaient des bénéfices exorbitants de l’extorsion pratiquée dans les entreprises et aux barrages routiers. Après avoir pris ses fonctions suite à la crise postélectorale de 2010-2011, le Président Alassane Ouattara a déclaré que les actes d’extorsion perpétrés par les forces de sécurité ne seraient plus tolérés et que les responsables seraient poursuivis en justice et démis de leur fonction. Human Rights Watch avait peu après publié un communiqué félicitant le gouvernement ivoirien pour les mesures prises et pour les progrès réalisés dans la réduction du nombre d’actes d’extorsion le long des routes principales en Côte d’Ivoire. Le gouvernement a créé une unité spéciale anti-racket – composée de membres de la police, de la gendarmerie, des douanes et de l’unité des eaux et forêts – pour venir à bout du problème de l’extorsion. Cependant, cette unité officie principalement à Abidjan et dans les environs. Extorsion ouverte à l’encontre des conducteurs Tant sur les routes primaires que secondaires de l’ouest de la Côte d’Ivoire, des membres des forces de sécurité extorquent ouvertement de l’argent aux motocyclistes, aux chauffeurs de taxi et de gbaka (minibus) et même aux cyclistes de passage. Des conducteurs ainsi que des résidents des villages des départements de Guiglo, de Bloléquin et de Danané se sont plaints auprès des autorités locales, notamment auprès du préfet, du sous-préfet et des commandants locaux de la gendarmerie et de l’armée. Ils affirment que la situation reste inchangée après ces plaintes. Les conducteurs ont expliqué qu’à leur arrivée à un poste de contrôle, les forces de sécurité – en général un soldat des Forces républicaines (FRCI), même si un gendarme est également présent – leur demandent les papiers du véhicule. Si les papiers sont en règle, la personne doit payer pour qu’on les lui rende.
S’ils ne sont pas en règle, les forces de sécurité réclament souvent des sommes bien plus importantes. L’extorsion est généralement bien organisée. Un chauffeur de gbaka qui effectue la liaison Guiglo – Duékoué a déclaré que les agents officiant aux postes de contrôle notent le numéro du véhicule dans un carnet, si bien que les chauffeurs donnent de l’argent une fois par jour à chaque poste de contrôle. Un motocycliste dans un village situé entre Danané et Zouan-Hounien a raconté que, le long de cet axe, les militaires notent le nom du conducteur pour cette même raison. Sur les routes secondaires moins fréquentées, les auteurs de ces actes se contentent parfois de reconnaître les visages. Mais chaque nouvelle journée donne lieu à une nouvelle demande d’argent. Aux postes de contrôle situés sur la route principale qui relie les villes de l’ouest de la Côte d’Ivoire, la somme extorquée aux conducteurs s’élève en général à 1 000 francs CFA (2 $). Les conducteurs affirment que toutes les forces de sécurité sont impliquées, y compris les militaires, les policiers, les gendarmes, les douaniers et les agents de l’unité des eaux et forêts. Sur les routes secondaires, ce sont des soldats en uniforme militaire qui officient presque exclusivement aux barrages routiers. Ils réclament entre 1 000 et 5 000 francs CFA, comme l’ont affirmé des conducteurs qui empruntent régulièrement ces routes. Selon des témoignages de résidents corroborés par les observations de Human Rights Watch, certains militaires qui officient aux barrages routiers sur les routes secondaires portent l’ancien uniforme militaire, que le gouvernement a remplacé début 2012. Certains de ces hommes faisaient sans doute partie des combattants supplétifs qui se sont battus aux côtés des Forces républicaines pendant la crise postélectorale. Ces barrages existent au vu et au su de tous, et des résidents ont déclaré en avoir dénoncé un grand nombre aux autorités locales, sans qu’aucune suite n’ait été donnée. Cela révèle une acceptation au moins tacite du rôle permanent que jouent ces combattants supplétifs dans la sécurité, même s’ils ne font pas partie de l’armée. Un chauffeur de taxi qui effectue régulièrement le trajet entre Guiglo et Bloléquin a raconté à Human Rights Watch qu’il est obligé d’entasser six passagers dans sa voiture prévue pour quatre passagers s’il veut compenser le coût de l’extorsion. Le chauffeur d’un minibus de 20 places s’est lui aussi dit contraint de « surcharger » son véhicule avec 22 à 24 personnes pour pouvoir gagner de l’argent malgré l’extorsion. En cas de refus de payer, les forces de sécurité empêchent le véhicule de poursuivre sa route – soit en gardant les papiers du conducteur, soit en refusant de lever la barrière. Qui plus est, Human Rights Watch a rendu compte de trois cas au cours desquels des membres des forces de sécurité avaient passé à tabac des conducteurs qui ne les avaient pas payés. Un motocycliste a ainsi décrit ce qui lui était arrivé mi-mai :
Je suis arrivé à un barrage sur une piste juste à l’extérieur [d’un village situé entre Guiglo et Bloléquin]. Ma femme revenait de l’hôpital à Guiglo, alors j’essayais juste de rejoindre le goudron, où elle se trouvait, pour la ramener à notre campement.Au barrage, ils étaient quatre : trois FRCI et un gendarme. Ils m’ont arrêté et demandé mes papiers. Je ne les avais pas pris car j’allais seulement rouler sur la piste de brousse…. Ils ont demandé 5 000 francs CFA et mes clés. J’ai demandé pardon, laissez-moi aller au village retrouver ma femme et chercher de l’argent, et je reviendrai. Je me suis mis à marcher en direction du village [en laissant la moto garée au barrage], et ils m’ont crié que je devais leur donner mes clés. Ils m’ont attrapé fermement, m’ont [tiré] les mains dans le dos et se sont mis à me donner des coups de poing. [Je me suis couvert la tête] alors qu’ils me frappaient sans cesse. Je ne sais pas si ce sont les coups ou la manière dont ils m’avaient attrapé, mais ils m’ont fracturé le bras. J’ai passé trois jours à l’hôpital. Je ne peux toujours pas travailler au champ. Ce n’est pas facile. Nous ne sommes pas contents. Chaque fois que l’on passe, que l’on ait ses papiers ou non, il faut payer – 1 000 francs [CFA], 2 000 francs, même parfois 5 000 francs.
L’homme était particulièrement peu disposé à remettre ses clés car, dans un autre cas documenté par Human Rights Watch, un soldat avait fait une virée sur une moto détenue à un poste de contrôle et l’avait détruite. En octobre 2011, le gouvernement ivoirien a créé une unité anti-racket chargée de mettre un terme au phénomène d’extorsion aux barrages routiers et d’arrêter les personnes impliquées. Plusieurs conducteurs de Guiglo ont expliqué à Human Rights Watch que des agents de l’unité étaient venus dans la région au mois de mai et s’étaient même entretenus avec certains. Un de ces conducteurs a précisé qu’ils avaient toutefois vite déchanté quant au sérieux de l’engagement de l’unité, l’extorsion se généralisant de nouveau dès le lendemain du départ des agents. Dans un village situé entre Guiglo et Bloléquin, un chef communautaire Baoulé a décrit son sentiment de frustration : « Tous les jours, des gens viennent à moi pour se plaindre de l’extorsion. Trop, c’est trop. Les gens vont bientôt se révolter. Quelqu’un va frapper un militaire FRCI, qui va alors ouvrir le feu et tuer cette personne. Après ça, tout le monde dira, ‘Et voilà, c’est encore l’Ouest qui explose’. » Selon une circulaire interministérielle de juillet 2011, le pays compte 33 postes de contrôle autorisés. Les dizaines d’autres barrages, dont la grande majorité de ceux qui se trouvent à l’Ouest, ne sont pas autorisés et enfreignent le droit des personnes à la liberté de mouvement prévu par l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Même aux postes de contrôle autorisés par la loi, l’extorsion porte atteinte à la liberté de mouvement en rendant difficile le déplacement des personnes. Plusieurs conducteurs ont déclaré que leurs revenus avaient été affectés à la fois par les sommes qui leur extorquées et du fait que certaines personnes préfèrent éviter de se déplacer à cause des abus perpétrés aux barrages. Un accès réduit aux soins de santé L’extorsion aux barrages routiers peut parfois avoir une forte incidence sur la capacité des personnes à recevoir des soins médicaux. En effet, les soldats qui officient à certains barrages, notamment sur les routes secondaires, bloquent la route aux personnes qui tentent de se rendre dans les cliniques ou les hôpitaux des villes et villages voisins afin de leur extorquer de 1 000 à 3 000 francs CFA (2-6 $). Human Rights Watch a interrogé un Burkinabé qui vit dans un campement à l’extérieur de Kaade, un village situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Guiglo en direction de Bloléquin. Cet homme a estimé que les demandes persistantes des soldats à un barrage routier ont entraîné un retard qui a contribué à la mort de son fils de 3 ans :
Mon enfant est tombé gravement malade en févier. Je l’ai emmené à moto depuis le campement, et nous sommes arrivés au barrage [juste à l’extérieur de Kaade, sur la route secondaire]. Les FRCI qui s’y trouvaient ont demandé 3 000 francs [CFA]. Je leur ai dit que mon enfant était très malade et leur ai demandé pardon, mais ils ont refusé et ont continué de demander les 3 000 [francs]. Je n’avais pas autant d’argent sur moi, [j’avais emmené mon garçon dans la précipitation], alors j’ai supplié et supplié, mais ils ont refusé… J’ai dû laisser mon enfant et la moto au barrage et me rendre au village pour demander de l’argent [aux gens]… [Après avoir réuni l’argent nécessaire], je suis allé payer les FRCI et on nous a laissé partir… Cela a pris plus d’une heure au total. Je me suis précipité d’emmener mon enfant à l’hôpital de Guinkin [à un kilomètre de là], mais ils m’ont dit qu’il fallait l’amener à l’hôpital de Guiglo [le chef-lieu du département]. [Les soldats sur la route principale entre Guinkin et Guiglo n’ont pas demandé de l’argent en voyant l’enfant malade.] Lorsque nous sommes arrivés à Guiglo, on nous a dit que vu l’urgence, il fallait qu’il aille à Daloa. Alors que nous nous apprêtions à partir pour Daloa, mon fils est décédé… C’est à cause du retard au barrage que mon enfant a perdu la vie… En rentrant [au campement], j’ai dit aux FRCI du barrage que mon enfant était mort à cause d’eux. L’un d’eux m’a regardé et m’a dit : ‘Je m’en fous de ça.’ »
Bien que l’on ignore si le garçon aurait survécu si les soldats n’avaient pas extorqué son père, le retard d’une heure a eu un impact négatif sur ses chances de recevoir un traitement potentiellement salvateur. Dans ce cas précis, les conséquences ont été particulièrement graves, mais Human Rights Watch a rendu compte d’abus similaires commis par des soldats contre des personnes qui tentaient d’obtenir des soins médicaux d’urgence. Dans le village de Petit Guiglo, Human Rights Watch a interrogé une personne qui avait dû intervenir en avril lorsque des soldats avaient arrêté une femme à un poste de contrôle qui essayait d’emmener son enfant malade dans une clinique de Tinhou, à 20 kilomètres. Les soldats lui réclamaient 1 000 francs CFA (2 $) pour la laisser poursuivre son chemin à moto. Elle a supplié les soldats pour qu’ils la laissent passer en disant qu’elle ne pouvait pas payer, mais ils ont refusé. Le témoin a entendu les supplications de la femme et a payé les 1 000 francs CFA pour elle. Il a expliqué à Human Rights Watch : « Même si l’enfant meurt devant eux, ce n’est pas leur problème. Il faut payer 1 000 francs CFA. » Human Rights Watch a également interrogé le père de jumeaux nés en début mai. L’un des jumeaux étant décédé au campement et l’autre étant tombé malade, le père avait demandé à un chauffeur de moto de les emmener à l’hôpital le plus proche. À un barrage, un soldat a réclamé 1 000 francs CFA (2 $). Le père a pu négocier pour ne payer que 500 francs CFA, en promettant de payer les 500 francs CFA restants à son retour. Ils sont arrivés à l’hôpital et l’enfant a pu être soigné. Fin mai, au même barrage près de Kaade où le père de l’enfant de 3 ans avait été arrêté, des soldats ont refusé de laisser passer un homme et son épouse, alors que celle-ci allait bientôt accoucher, tant qu’ils n’avaient pas payé 2 000 francs CFA (4 $). Le mari a confié à Human Rights Watch :
L’accouchement s’annonçait difficile, alors j’ai décidé d’emmener ma femme du campement jusqu’à l’hôpital de Guinkin pour qu’elle puisse accoucher dans de bonnes conditions… J’ai payé [un motocyliste] pour qu’il l’emmène et j’ai suivi à vélo. En arrivant au barrage, j’ai trouvé le chauffeur de moto et ma femme. Trois FRCI les avaient arrêtés et demandaient 2 000 francs [CFA]. Il était environ 19 heures. Nous leur avons demandé pardon, pardon, ma femme va bientôt accoucher. Mais ils ont refusé. Nous avons encore passé une demi-heure à les supplier, mais ils ont dit qu’il fallait les payer pour passer. J’ai fini par donner 1 000 [francs CFA] et le chauffeur en a donné 1 000, et nous sommes allés à l’hôpital. Ma femme a accouché [moins de cinq heures plus tard] le soir-même, vers minuit. Nous avons dormi à l’hôpital. Le lendemain matin, nous sommes retournés au campement avec ma femme et notre nouveau-né. C’étaient les mêmes FRCI au barrage, et ils ont de nouveau demandé 2 000 francs [CFA]. Nous leur avons encore demandé pardon, mais ils ont dit que si nous ne leur donnions pas 2 000 francs, nous ne pourrions pas partir. Alors nous avons donné les 2 000 [francs CFA].
En vertu de l’article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, les États parties comme la Côte d’Ivoire sont au minimum tenus de proscrire tout comportement qui a une incidence négative sur le droit des personnes à la santé, y compris leur accès aux soins médicaux. En ne réglant pas le problème de l’extorsion implacable aux barrages routiers qui retarde l’accès aux soins médicaux d’urgence, le gouvernement porte atteinte à cette obligation. Les Burkinabés ciblés par des pratiques abusives Sous la présidence de Laurent Gbagbo, les forces de sécurité s’en prenaient régulièrement aux immigrants venus de pays voisins – notamment du Burkina Faso et du Mali – en vue de leur soutirer de l’argent et de leur faire subir des abus connexes, comme on peut le lire dans le rapport de Human Rights Watch intitulé « Terrorisés et abandonnés ». Le gouvernement Gbagbo estimait que ces populations immigrantes soutenaient l’opposition et en outre alimentait les tensions foncières entre les groupes ethniques typiquement pro-Gbagbo originaires de la région et les immigrants ouest-africains travaillant de longue date dans les plantations ivoiriennes de cacao et d’hévéa. Le sentiment anti-immigrant qui caractérisait le gouvernement Gbagbo semblait s
’étendre jusque dans les rangs des forces de sécurité, qui traitaient souvent les Burkinabés et les Maliens avec une hostilité manifeste. D’après les entretiens réalisés dans l’ouest de la Côte d’Ivoire auprès de dizaines d’immigrants du Burkina Faso, le problème de l’extorsion ciblée perdure dans la région de Bloléquin, certes avec une animosité moindre. Plusieurs des Burkinabés interrogés par Human Rights Watch ont affirmé que, tout en leur extorquant de l’argent, les membres des forces de sécurité font parfois des remarques sur le fait que les Burkinabés – perçus comme des ouvriers agricoles prospères dans la région – en ont les moyens. Hormis les jours de marché, les forces de sécurité réclament en général de l’argent aux chauffeurs mais pas à leurs passagers. À Bloléquin et aux alentours, les passagers Burkinabés échappent toutefois souvent à cette règle et sont contraints de payer même lorsque leurs papiers d’identité sont en règle. Cette divergence de traitement équivaut à une discrimination qui empiète sur les droits économiques et sociaux ainsi que sur le droit à la liberté de mouvement à l’intérieur d’un pays prévu par la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Dès l’arrivée d’un véhicule à l’un des barrages routiers du département de Bloléquin – que ce soit une moto, un taxi, un gbaka 20 places ou parfois même un vélo –, les forces de sécurité demandent en général les papiers d’identité des personnes à bord. Des Burkinabés se trouvant à Bloléquin ou aux alentours ont confié à Human Rights Watch que les forces de sécurité avaient pour habitude de leur demander leur carte consulaire et un certificat de résidence. Un Burkinabé du village de Diouya-Dokin, juste à l’extérieur de Bloléquin, a affirmé que les forces de sécurité s’emparent souvent des papiers des immigrants et demandent ensuite à chaque personne de venir dans l’abri pour leur réclamer de l’argent. Il a ajouté : « Cela se produit tous les jours. » Lorsque des immigrants de pays voisins se déplacent sans leurs papiers d’identité, les membres des forces de sécurité leur extorquent entre 1 000 et 5 000 francs CFA avant de les laisser franchir le barrage routier. Human Rights Watch a interrogé un Burkinabé habitant dans le village de Petit Guiglo et dont les papiers ont été calcinés dans l’incendie de sa maison lors d’une attaque transfrontalière lancée par le Libéria le 23 mars. Lors d’un déplacement effectué le 3 juin de Bloléquin à Petit Guiglo – un trajet de 55 kilomètres comptant cinq barrages routiers –, il a dû payer en tout 8 500 francs CFA (17 $). Il a essayé à chaque poste d’expliquer que ses papiers avaient brûlé, en vain. Même quand les Burkinabés voyagent avec leurs papiers en bonne et due forme, les forces de sécurité aux postes de contrôle de Bloléquin et des alentours leur extorquent souvent de l’argent. Après la crise postélectorale, des centaines de Burkinabés qui avaient vécu dans d’autres parties de la Côte d’Ivoire sont venus s’installer dans la région de Bloléquin en quête de terres nouvelles pour y cultiver le cacao ou l’hévéa. Human Rights Watch a interrogé plusieurs Burkinabés arrivés depuis peu d’autres régions. Ceux-ci ont expliqué que les forces de sécurité déclarent souvent que les papiers d’identité des Burkinabés ne sont pas valides parce qu’ils n’ont pas été délivrés à Bloléquin, pour ensuite leur extorquer 1 000 francs CFA à chaque poste de contrôle avant de les laisser passer. Le 6 juin, un résident du village d’Oulaïtaïbly a expliqué à Human Rights Watch qu’il avait payé en tout 4 000 francs CFA (8 $) à quatre barrages pour se rendre à Bloléquin la semaine précédente. Un représentant du gouvernement officiant dans l’ouest de la Côte d’Ivoire a déclaré à Human Rights Watch que les papiers d’identité délivrés dans une région du pays sont valides sur l’ensemble du territoire ivoirien ; les demandes de ces forces de sécurité ne sont donc pas légales. En effet, un Burkinabé qui s’était récemment rendu de Bloléquin à Abidjan a confié à Human Rights Watch qu’après avoir quitté la région de Bloléquin, les forces de sécurité lui avaient rarement demandé ses papiers aux postes de contrôle et ne l’avaient jamais forcé à donner de l’argent au motif que ses papiers avaient été délivrés dans une autre région. Par ailleurs, les Burkinabés qui ne s’acquittent pas des sommes réclamées par les forces de sécurité semblent faire plus souvent l’objet d’abus physiques et d’arrestations arbitraires. Un jeune homme de Petit Guiglo a ainsi expliqué qu’il s’était retrouvé à court d’argent à cause des sommes qui lui avaient été extorquées entre Bloléquin et Tinhou. Incapable de payer au barrage situé à la sortie de Tinhou, il a été détenu arbitrairement jusqu’au lendemain matin. Un Burkinabé du village de Dedjéan a commenté :
Je n’avais pas l’argent pour payer les FRCI au barrage à Diboké, alors ils m’ont dit de m’écarter [alors que le véhicule de transport poursuivait sa route]. Si on ne paie pas, on ne bouge pas, on ne récupère pas ses papiers. Ils m’ont fouillé de force pour voir si j’avais de l’argent, pour voir si je mentais, mais je disais la vérité… Je suis resté là jusqu’à ce que quelqu’un vienne payer les 1 000 [francs CFA].
Un chef communautaire burkinabé à Bloléquin a expliqué à Human Rights Watch qu’il devait souvent intervenir dans des cas impliquant des abus liés à des extorsions d’argent. Il a ainsi raconté que début juin, les forces de sécurité avaient battu un jeune Burkinabé et l’avaient forcé à passer la nuit au poste de contrôle parce qu’il refusait de payer les 1 000 francs CFA qu’on lui réclamait au motif que son certificat de résidence avait été délivré dans une autre région. Le chef communautaire burkinabé est intervenu pour libérer le jeune homme le lendemain matin. Nombre des Burkinabés interrogés par Human Rights Watch ont signalé que l’extorsion aux barrages était « le plus gros problème » auquel la communauté était confrontée dans la région. Le chef communautaire de Bloléquin a précisé que l’extorsion sur les routes secondaires, que les gens empruntent pour se rendre à leur campement, a des répercussions particulièrement pernicieuses : « Imaginez devoir payer 1 000 francs chaque fois que vous allez dans votre champ de riz ou de maïs. Comment faire pour survivre ? On dépense plus qu’on ne gagne. » Plusieurs chefs communautaires burkinabés ont expliqué à Human Rights Watch qu’au cours des douze derniers mois, ils avaient à plusieurs reprises discuté de la question de l’extorsion ciblant les Burkinabés avec les autorités régionales, y compris avec le préfet, le sous-préfet et des responsables des forces de sécurité. Les chefs communautaires burkinabés ont déclaré que les autorités avaient promis que les choses allaient changer, mais l’extorsion ciblée se poursuit sans relâche. Human Rights Watch a documenté des cas qui se sont produits jusqu’en début juin. Extorsion les jours de marché et visant les entreprises locales L’extorsion semble être particulièrement grave les jours de marché, lorsque les habitants des villages et campements environnants se rendent dans un village pour y acheter et y vendre de la nourriture, des vêtements, des articles ménagers et d’autres marchandises. Ces jours-là, des soldats et des gendarmes établissent des barrages de fortune supplémentaires, réclament souvent des sommes plus importantes aux conducteurs qui souhaitent passer et ciblent parfois les femmes venues acheter ou vendre des marchandises. Plusieurs personnes ont précisé que l’extorsion avait entraîné une hausse du prix des denrées alimentaires dans une région où la crise postélectorale a déjà nui considérablement aux récoltes. Dans un village situé près de Zouan-Hounien, des résidents ont confié à Human Rights Watch que les jours de marché, ils trouvent deux barrages supplémentaires sur les routes menant à leur village. Dans plusieurs villages des départements de Guiglo et de Bloléquin, des motocyclistes ont expliqué que la somme qui leur est d’habitude extorquée, 1 000 francs CFA, augmente, et parfois de beaucoup. Un Burkinabé a raconté à Human Rights Watch que trois soldats et un gendarme qui officiaient à un barrage routier lui avaient réclamé 6 000 francs CFA (12 $) alors qu’il se rendait au marché le 2 juin. Refusant de payer parce qu’il n’avait pas assez d’argent, on lui a pris les clés de sa moto de force. Il a dû se rendre au village à pied pour emprunter de l’argent à un cousin, puis payer les 6 000 CFA pour qu’on lui rende sa moto. Les habitants d’un village de la région de Guiglo ont déclaré à Human Rights Watch que l’extorsion aux barrages routiers était si grave le dimanche, leur jour de marché, que les gens des campements environnants délaissaient le marché de ce village, lui préférant d’autres marchés nécessitant de passer par des barrages moins nombreux, même s’ils étaient plus loin. Les résidents ont affirmé que jusqu’à 2 000 personnes se rendent au village le jour du marché. Mais aux barrages situés à proximité du village, des membres des forces de sécurité réclament désormais 200 francs CFA par bicyclette et de 1 000 à 5 000 francs CFA par moto, selon les personnes et les marchandises qui sont transportées, et en fonction des caprices des soldats.
Les villageois craignent de voir les affaires de ce marché, essentiel à la subsistance de nombreux habitants, s’effondrer. Une Malinké vivant à Bloléquin a expliqué que lorsqu’elle se rendait au marché de Tinhou ou qu’elle en revenait, la somme qu’elle devait verser aux barrages routiers dépendait des marchandises qu’elle transportait. Elle a ajouté qu’il faut généralement compter 1 000 francs par barrage, la permanence étant pour la plupart d’entre eux assurée par des soldats, mais un seul étant également exploité par l’unité des eaux et forêts :
Vous allez rire, mais aujourd’hui, c’est pire que pendant les années Gbagbo. Avant, je pouvais me faire entre 5 000 [et] 8 000 francs CFA [en achetant à Tinhou et en revendant à Bloléquin], mais maintenant je ne gagne pratiquement plus rien.
Une vendeuse de poissons aux marchés qui vit dans un village situé entre Danané et Zouan-Hounien a raconté à Human Rights Watch qu’elle devait payer 1 000 francs CFA par caisse de poisson aux forces de sécurité du poste de contrôle en quittant Danané,. Elle a ajouté qu’elle devait doubler ses tarifs pour compenser l’argent perdu du fait de l’extorsion. Dans le village de Kaade, des résidents ont affirmé que les soldats extorquent également de l’argent aux entreprises locales, notamment aux petits restaurants (« maquis »)et aux magasins. À la mi-mai, les FRCI ont réclamé 500 francs CFA par semaine à chacun des 20 ou 30 entreprises du village. Depuis la fin mai, les soldats ont doublé leurs tarifs. Ils sont tellement persuadés de leur impunité qu’ils remettent des reçus hebdomadaires à chaque commerçant. Human Rights Watch a photographié des reçus où l’on peut lire : « Taxes sur les marchés », qui font apparaître le montant, la date et la signature du membre des forces de sécurité. La patronne d’un maquis a commenté :
Tous les dimanches, deux d’entre eux font la tournée de tous les maquis et magasins. Ils prennent 1 000 francs [CFA], en disant que c’est « leur droit » en échange de la sécurité qu’ils apportent. Ce qu’ils font, ce n’est pas bon. Ça joue sur mon commerce. Ils sont là pour nous racketter, pas plus.
L’ouest de la Côte d’Ivoire souffre déjà d’une insécurité alimentaire en raison des conséquences dramatiques de la crise postélectorale et des attaques qui se sont produites plus récemment le long de la frontière libérienne. De nombreux résidents ont fui au Libéria, pays voisin, et viennent seulement de rentrer chez eux. Beaucoup d’entre eux ont confié qu’ils n’avaient pas pu planter de cultures alimentaires ou commerciales l’année dernière, d’où des préoccupations quant à la possibilité d’une pénurie alimentaire cette année. L’extorsion aux barrages routiers, et toutes les répercussions que cette pratique peut avoir sur les marchés locaux, le transport des marchandises et le prix des denrées alimentaires, menace d’aggraver leur situation déjà précaire. L’article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels prévoit le droit à l’alimentation et à un niveau de vie suffisant. Tout comme dans le cas du droit à la santé, les pays se doivent progressivement de concrétiser ces droits. Cependant, ils sont à tout moment tenus au minimum de ne pas affecter négativement le droit des personnes à l’alimentation et à un niveau de vie adéquat. On pourrait aller jusqu’à dire que du fait de l’extorsion pratiquée par les soldats aux barrages routiers ainsi que dans certains maquis et magasins dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, le gouvernement ivoirien enfreint ces obligations. En outre, à travers la saisie arbitraire d’argent et d’autres biens, l’extorsion aux barrages routiers porte atteinte au droit des personnes à la propriété garanti par l’article 14 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Saisies de biens généralisées aux barrages routiers Dans plusieurs cas dont Human Rights Watch a rendu compte, les forces de sécurité officiant aux barrages routiers ont pratiqué des saisies flagrantes de biens, sans même tenter d’invoquer des préoccupations d’ordre sécuritaire ou l’absence de papiers d’identité en règle. Un homme âgé d’un village situé près de Bloléquin a ainsi déclaré :
Le 18 avril, je rentrais de mon campement à pied. J’avais [un sac en bois] sur le dos avec dedans mes affaires personneles et cinq escargots que j’avais trouvés. Sur une route secondaire qui mène au village, un FRCI en uniforme militaire avait installé son propre poste de contrôle et a exigé que je lui montre le contenu de mon sac… Il était assis et caché, si bien qu’on ne le voyait pas, mais dès que je commençais à passer devant lui, il m’arrêtait en disant « Poste de contrôle »… Il a regardé [à l’intérieur de mon sac] et a pris trois de mes escargots. Je l’ai imploré en lui disant que c’était mon dîner. Il a répondu : « Moi aussi, je dois manger. »… J’ai dû les lui donner, on est obligé.
Recommandations Au ministre de l’Intérieur et au ministre délégué à la Défense :
Déployer des contingents de l’unité anti-racket dans les principales villes à travers le pays, au lieu de baser l’unité uniquement à Abidjan en lui confiant des missions occasionnelles à l’intérieur du pays ;
Ordonner à l’unité anti-racket d’effectuer des patrouilles régulières, ainsi que de mener des enquêtes complètes sur les membres des forces de sécurité qui pratiquent l’extorsion ou le racket et de les punir – notamment en les démettant de leur fonction et en engageant des poursuites contre eux ;
Veiller à ce que l’information sur le « numéro vert » anti-racket soit bien diffusé dans tout le pays et que les cas signalés fassent rapidement l’objet d’une enquête. Envisager d’afficher des informations sur ce « numéro vert » dans tous les postes de contrôle autorisés afin de rappeler aux forces de sécurité les conséquences pénales de l’extorsion ; et
Expliquer publiquement que les papiers d’identité délivrés aux immigrants dans une région du pays sont valides sur l’ensemble du territoire ivoirien. Entrer régulièrement en contact avec les chefs communautaires des pays voisins afin d’identifier les problèmes d’extorsion ciblée et discriminatoire et d’enquêter rapidement sur ces questions.
L’instabilité politique est assurément l’une des principales contributions de Madagascar à l’histoire politique de l’Afrique de ces quatre dernières années.
La grande île fait en effet depuis 2009 l’objet d’une longue crise politique largement entretenue par les « egos » des principaux protagonistes que sont l’ancien « président » Ravalomanana et l’actuel « président » Rajoelina. Cette crise politique, dont le dénouement semble jusqu’ici incertain à cause de la « mauvaise foi » des protagonistes du conflit et surtout de l’instrumentalisation des institutions, prélève un lourd tribu sur le secteur économique malgache, de même qu’elle entraine une déliquescence des institutions et des liens sociaux entre les citoyens. De fait, c’est l’avenir des malgaches qui est obéré par le jeu malsain auquel s’adonnent les protagonistes de cette crise.
Les crises politiques en Afrique, comme partout ailleurs ont ceci de particulier qu’elles affectent toujours par différentes grappes l’ensemble des institutions (entendues ici comme règles formelles et informelles qui structurent les interactions entre les individus) engluées dans l’étau du complexe conflictuel. C’est pourquoi leurs effets, très souvent négatifs, perturbent les interactions économiques, sociales et politiques.
Le cas Malgache n’échappe pas à ce constat.
La crise politique qui a éclaté en 2009 à Madagascar lorsque Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo, la capitale, a pris le pouvoir par « la rue », a mis un sérieux coup de frein à l’élan économique de Madagascar. Du fait de la perturbation des règles de coordination entre les agents économiques, le pays voit aujourd’hui ses indicateurs économiques et sociaux décliner drastiquement.
La banque mondiale estime en ce sens que durant la période de 2009 à 2013, où l’on a enregistré une forte croissance démographique (plus de 3 millions de personnes en plus entre 2008 et 2013) « la croissance [économique] a été nulle » alors qu’avant la crise celle-ci était d’une moyenne de 5% (1). Les investissements directs étrangers par exemple, du fait des incertitudes créées par le contexte de crise, ont connu une baisse de près de 19% au cours de la seule année de 2010.
La décrépitude continue du secteur économique malgache depuis 2009 du fait de la crise politique, comme on pouvait s’y attendre, contribue pour une part assez importante à la paupérisation de la population malgache. La proportion des individus vivant avec moins de 2 dollars par jour est ainsi aujourd’hui estimée à plus de 92%.
Au-delà de cette situation économique, les autres coûts de la crise politique malgache sont aussi politiques et sociaux. Si l’on observe aujourd’hui une certaine polarisation de la société malgache, et surtout une instrumentalisation des institutions qui ignore l’existence des lois, c’est notamment à cause de cette situation d’instabilité politique. Les institutions juridictionnelles, politiques, et administratives se retrouvent ainsi depuis le début de la crise instrumentalisés par le pouvoir en place. De fait, ces institutions, à l’instar des institutions juridictionnelles, censées jouir d’une certaine indépendance, ne le sont pas.
De façon notoire, Rajoelina, à l’instar, il est vrai, des précédents présidents, a depuis le coup d’État de 2009 eu une maitrise quasi absolue sur toutes les institutions du pays qu’il a jusqu’ici utilisées pour assoir son pouvoir. C’est ainsi que dès le lendemain de son coup d’État il gouvernerait par ordonnance avec la bénédiction de la haute cour constitutionnelle pour, entre autres, « régler ses comptes » avec Marc Ravolomanana et instaurer à son tour une « présidarchie » (Président-Monarque).
De fait, l’ancien président Marc Ravolomanana se trouve aujourd’hui sous le coup de 3 condamnations depuis son éviction du pouvoir dont une aux travaux forcés à perpétuité, que Rajoelina voudrait voir exécutée.
Cette instrumentalisation des institutions par le « régime spécial de Rajoelina », auquel s’ajoute « la mauvaise foi » dont ce dernier aura fait preuve bon nombre de fois, à l’instar de la non application des termes de l’accord de Maputo qui prévoyait un partage de pouvoir entre les différents protagonistes de la crise, aura entrainé dans son sillage une certaine polarisation des partisans des différents protagonistes. Ce qui est de nature à accentuer le délitement des liens sociaux entre les citoyens malgaches.
On le voit donc, la crise politique en cours pèse lourdement sur l’avenir de Madagascar. Conscients de ce fait, les entrepreneurs qui, jusqu’ici, au même titre que les citoyens malgaches lambdas, sont les principales victimes de cette crise, ont entrepris une initiative citoyenne qui témoigne de l’ampleur de leurs exaspérations : « Pas de TVA pour l’État ». Au moins 50% des membres du groupement des entreprises malgaches n’ont pas payé, comme ils devaient le faire à partir du 15 juin dernier, la TVA à l’État (2).
Quand on sait que depuis le début de la crise 90 % de la TVA perçue par l’État proviennent des membres du groupement des entreprises malgaches, il ya fort à parier que cette opération risque d’avoir une influence certaine sur le pouvoir en place. Elle pourra soit accentuer la crise si le « régime » de Rajoelina ne comprend pas le message ; ou alors être un moyen de ramener les protagonistes de la crise à la raison. Quoiqu’il en soi cette opération vient nous rappeler que jusqu’ici les citoyens neutres de cette crise ne se sont pas encore fait réellement entendre. Et si la solution à la crise était à envisager de ce coté ?
Les Frères musulmans égyptiens ont appelé aujourd’hui à un « soulèvement », après des tirs de l’armée contre une manifestation de partisans du président déchu Mohammed Morsi qui ont fait au moins 35 morts selon la confrérie.
De nombreux islamistes ont été tués au cours de la dispersion d’un rassemblement des Frères musulmans par l’armée, près du siège de la Garde républicaine, dans la matinée de ce lundi 8 juillet. Les bilans divergent et oscillent entre 16 et 35 victimes, selon les sources. A la suite de ces incidents, les salafistes d’al-Nour quittent les discussions pour trouver un Premier ministre.
Les versions sur l’origine de la confrontation sont divergentes. Les Frères musulmans affirment que l’armée et la police leur ont tiré dessus pour les chasser de devant la maison de la garde présidentielle. Le ministère de l’Intérieur indique que les forces de sécurité sont intervenues après que les manifestants ont grimpé sur les murs de la caserne et tiré sur les militaires.
Le bilan semble lourd. Ahmed Aref, le porte-parole de la confrérie des Frères musulmans dont est issu Mohamed Morsi, parle de seize morts. Son collègue du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la branche politique des Frères musulmans, annonce 34 manifestants abattus. Une source médicale citée par la chaîne al-Jazira évoque le chiffre de 35 morts.
Seule certitude, l’avenue Salah Salem qui mène à l’aéroport est occupée par les forces de l’ordre. Ces dernières ont rasé des murs qui avaient été construits par les islamistes qui l’occupaient. Des tirs sporadiques continuent de se faire entendre dans la matinée, ce lundi 8 juillet. Cette artère est située à moins de deux kilomètres de la grande manifestation des pro-Morsi place Rabaa al Adawiya.
Al-Nour quitte les négociations
Sur le plan politique, pour le moment, c’est l’impasse. Après avoir rejeté Mohamed el-Baradei, les salafistes du parti al-Nour ont signifié leur refus d’un second candidat, Ziad Bahaa el Din.
Ils se retirent à présent de la coalition qui a directement ou indirectement approuvé la destitution du président Morsi. C’est ce qu’à annoncé en début de journée ce lundi Nader Bakkar, le porte-parole d’al-Nour : « Nous voulions empêcher le sang de couler et voici que nous avons un fleuve de sang ».
Egypte : couac sur la nomination de Mohamed el-Baradei au poste de Premier ministre
Mohamed el-Baradei sera-t-il nommé officiellement Premier ministre d’Egypte ?
REUTERS/Mohamed Abd El Ghany/Files
En Egypte, le porte-parole de la présidence de la République a annoncé, samedi 6 juillet au soir, dans une conférence de presse, qu’aucune personnalité n’avait encore été nommée à la tête du gouvernement. Quelques heures plus tôt, l’agence Mena et la radio-télévision officielles égyptiennes avaient annoncé la nomination de Mohamed el- Baradei au poste de Premier ministre. Comment expliquer ce couac ?
La seule explication est que la présidence de la République est allée trop vite en besogne. Mohamed el-Baradei était en effet le candidat du mouvement des jeunes Tamarud ainsi que le chef du Front du salut national réunissant les partis laïcs.
La présidence a dû sous-estimer les objections des islamistes : le parti Masr al-Qawiya de l’ex-Frère musulman Abdel Moneim Aboul Foutouh et surtout le parti salafiste al-Nour. Ce dernier, qui est resté neutre dans la confrontation entre les pro et anti-Morsi, n’a jamais apprécié Mohamed el-Baradei.
Echec des négociations avec les salafistes
Le Prix Nobel de la paix avait été accusé d’être un « laïc extrémiste ». Une campagne de dénigrement avait même eu lieu sur les médias sociaux montrant la fille d’el-Baradei en maillot de bain ou l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à table avec une coupe de vin devant lui.
Les négociations pour convaincre les salafistes ont vraisemblablement échoué. Ces derniers ont, en effet, officiellement annoncé qu’ils s’opposaient à la nomination d’el-Baradei. La présidence a donc annoncé qu’elle était attachée au consensus national sur la personne du Premier ministre. Exit donc el-Baradei ?
Pour l’heure, Ahmad al-Mouslimani, le conseiller de M. Mansour, a déclaré à la presse : « Le président intérimaire Adly Mansour a bien rencontré aujourd’hui Mohamed el-Baradei mais il n’y a pas eu jusqu’ici de nomination officielle », ajoutant toutefois que l’ancien chef de l’AIEA était le « choix le plus logique ».
De nombreux morts place tahrir au Caire
Trente-sept personnes ont péri ces dernières 24 heures en Egypte, dans des affrontements entre partisans et opposants au président Mohamed Morsi renversé par l’armée et des attaques d’hommes armés dans le Nord-Sinaï, ont indiqué aujourd’hui le ministère de la Santé et des sources de sécurité.
« Trente-six personnes ont péri et 1079 autres ont été blessées », a indiqué samedi le ministère. Un prêtre copte a par ailleurs été tué par des hommes non-identifiés dans le Sinaï.
Ce bilan comprend 30 personnes tuées dans des heurts entre pro et anti-Morsi après que des affrontements ont éclaté vendredi soir entre les deux camps, fortement mobilisés pour une journée de manifestations émaillées de violences.
En outre, cinq policiers ont été tués par des hommes armés dans le Sinaï, peu après la mort plus tôt dans la journée d’un soldat dans cette région instable, frontalière avec Gaza et Israël, selon des sources au sein des services de sécurité.
…
Dix-sept personnes ont été tuées Samedi 5 Juillet dans des violences qui ont éclaté dans plusieurs villes d’Egypte, sur fond de manifestations de partisans du président déchu Mohamed Morsi, a annoncé la télévision d’Etat, qui cite le ministère de la Santé. Il n’a pas fourni plus de détails sur la localisation des victimes.
La Coalition islamiste, à laquelle appartiennent les Frères musulmans, avait appelé ses partisans à manifester massivement pour un « vendredi de rejet », deux jours après la destitution du chef de l’Etat par les militaires. Selon des sources proches des forces de sécurité, trois manifestants islamistes ont été tués dans l’après-midi devant la caserne de la Garde républicaine où est détenu le président destitué. Cinq policiers égyptiens ont par ailleurs été tués à El Arish, dans la péninsule du Sinaï, et un soldat à Rafah
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Et maintenant les viol comme arme…
Selon une enquête du quotidien britannique The Guardian, 169 femmes ont été victimes de viol depuis dimanche dernier sur la seule place Tahrir. 80 ont eu lieu mercredi. Le viol est développé comme une arme par les partisans de Morsi afin de décourager les femmes qui voudraient se mobiliser, indique l’enquête.
Au moins quatorze morts dans les affrontements principalement au Caire
Des manifestations pro-Morsi ont eu lieu dans plusieurs villes d’Egypte ce vendredi 5 juillet. Toutefois, la plus importante se déroulait au Caire, place Rabaa al-Adawiya, dans la banlieue de Madinet Nasr. Plus de cent mille personnes y étaient rassemblées, et parmi eux se trouvait le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie.
Des milliers de manifestants avaient quitté la place Rabaa al-Adawiya plus tôt dans la journée pour marcher sur la maison de la Garde républicaine où se trouvait le président Morsi depuis le 30 juin.
Des accrochages ont opposé manifestants et militaires avec des accusations mutuelles de tir de cartouches. Le ministère de la Santé a indiqué qu’il n’y avait pas eu de morts.
Sur la place Rabaa al-Adawiya, où sont rassemblés depuis vendredi dernier des dizaines de milliers de personnes, Mohamad Badie, le Guide suprême de la confrérie, s’est adressé à la foule. « Nous occuperons les places jusqu’au retour du président Mohamed Morsi, que nous porterons sur nos épaules », a-t-il déclaré.
Il a aussi appelé tout le peuple égyptien à descendre dans la rue pour soutenir « son président légitime ». Dénonçant le coup d’Etat militaire, Mohamad Badie a toutefois indiqué être prêt à s’entendre avec l’armée une fois Mohamed Morsi redevenu président.
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Deux jours après le renversement du président Mohamed Morsi par l’armée, des milliers d’Egyptiens fidèles au président déchu ont commencé à défiler dans les rues du Caire en début d’après-midi contre le coup militaire et la vague d’arrestations qui s’est ensuivie au sein du mouvement des Frères musulmans.
Au moins trois manifestants favorables au président islamiste déchu ont été tués et plusieurs autres blessés dans des échanges de tirs avec des soldats vendredi au Caire. Les tirs ont eu lieu aux abords d’un bâtiment de la Garde républicaine, une unité militaire chargée de protéger la présidence égyptienne. Un journaliste de l’AFP a vu deux corps sans vie qui ont été recouverts d’un drap blanc, et un troisième gisant, la tête fracassée par une balle. L’information a été confirmée de sources proche des services de sécurité.
Partis d’une mosquée de Nasr City, un faubourg du Caire, où ils campaient depuis plusieurs jours, des milliers de manifestants islamistes ont scandé « Morsi est notre président » et « Traîtres! »devant la Garde républicaine. Ils ont ensuite essayé d’accrocher sur les barbelés entourant le bâtiment une photo de l’ex-chef d’Etat, bravant à deux reprises les avertissements des soldats. Des échanges de tirs meurtriers ont ensuite éclaté. Les troubles en Egypte ont déjà fait une cinquantaine de morts depuis le 26 juin dernier.
Quatorze personnes au moins ont été tuées mercredi soir en Égypte lors d’affrontements entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi.
Crédits photo: AP Photo/Hamada Elrasam
À Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne, les violences ont fait huit morts, dont deux membres des forces de sécurité, a déclaré un haut responsable local de la sécurité. L’agence officielle de presse Mena fait état de trois morts à Alexandrie, la deuxième ville du pays. Une femme a été poignardée au ventre. Deux hommes ont été victimes de tirs de chevrotine. De violents incidents ont également été signalés à Minya, à 250 km environ au sud du Caire. Trois personnes, dont deux policiers, ont été tuées et quatorze autres blessées, toujours selon l’agence Mena. On compte également des dizaines de blessés à Fayoum, plus près de la capitale, où des inconnus ont fait irruption dans les locaux du Parti liberté et justice (PLJ), l’émanation politique des Frères musulmans.
06:26
Les principaux événements de la nuit
– Morsi retenu au ministère de la Défense Le président égyptien déchu, Mohammed Morsi, a été transféré à l’aube au ministère de la Défense, tandis que son équipe est détenue dans un bâtiment militaire. Il « est retenu de façon préventive », a affirmé le responsable sous le couvert de l’anonymat, laissant suggérer que l’ex-chef d’État pourrait être poursuivi. Les forces de sécurité ont également lancé 300 mandats d’arrêt contre des membres des Frères musulmans, dont des hauts dirigeants.» L’armée égyptienne rejoue le film du coup d’État qui ne dit pas son nom– Un rassemblement pro-Morsi attaqué au CaireDes cadres des Frères musulmans ont affirmé que des coups de feu ont été tirés en direction de la foule rassemblée près d’une mosquée dans une banlieue du Caire. Selon Gehad El-Haddad, porte-parole de la confrérie, quelque 2000 sympathisants islamistes se trouvaient encore rassemblés lorsque, peu après 3 heures du matin, des hommes en civil ont tiré pendant 15 minutes dans leur direction. Des témoins interrogés par Reuters parlent eux de quelques minutes seulement et n’ont pu dire s’il y avait des victimes.
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La Constitution égyptienne a été provisoirement suspendue et le président Mohammed Morsi va être remplacé à la tête de l’Etat par le président de la Cour constitutionnelle, a annoncé aujourd’hui le chef de l’état-major de l’armée égyptienne.
Dans une déclaration à la télévision, le général Abdel Fattah al Sisi a annoncé que l’Egypte allait être dirigée par un gouvernement d’experts et qu’une commission serait chargée de réviser la Constitution.
Le chef d’état-major a appelé de ses voeux l’organisation d’une élection présidentielle et d’élections parlementaires ainsi qu’à la création d’un comité de réconciliation nationale incluant les mouvements de la jeunesse.
Abdel Fattah al Sisi a prévenu que l’armée et la police répondraient à toutes les violences. Ses déclarations ont été accueillies par des cris de joie et des scènes de liesse sur la place Tahrir où sont rassemblés les opposants à Mohammed Morsi.
Cependant, Mohammed Morsi aurait, selon un de ses proches, appelé à résister « pacifiquement » au « coup d’Etat ».Sur Twitter, il dénonce en effet le coup d’État militaire, qui doit « être rejeté pour tous les hommes libres de la Nation »
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Mohamed Morsi et plusieurs leaders islamistes interdits de quitter le territoire égyptien
Le président égyptien Mohamed Morsi et plusieurs chefs des Frères musulmans, dont Mohammed Badie, guide suprême de l’organisation et Khairat al-Chater, numéro 2 de la confrérie, sont interdits de quitter le pays dans le cadre d’une enquête sur une évasion de prison en 2011, selon des sources de sécurité. Cette information parvient aux agences de presse alors que l’ultimatum fixé par l’armée au président Morsi est arrivé à expiration.
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Dimanche, entre 14 et 17 millions d’Egyptiens ont manifesté pour réclamer le départ de Mohamed Morsi. Ce mardi soir, un autre ultimatum est arrivé à son terme, celui lancé par l’opposition et le mouvement populaire Tamarod.
Mohamed Morsi avait jusqu’à 17 heures (TU) ce mardi 2 juillet pour annoncer sa démission comme l’exigent la population et les partis de l’opposition. Dans le cas contraire, l’Egypte, d’Alexandrie (nord) à Assouan (sud), devait officiellement entrer en désobéissance civile.
Ce mardi, cette hypothèse s’est précisé de plus en plus jusqu’à l’heure fatidique. Le président islamiste ayant rejeté l’ultimatum lancé par l’armée, il n’avait plus aucune raison d’accorder la moindre considération à l’échéance fixée par l’opposition.
Face à la révolte d’une partie de la population, la présidence égyptienne pense pouvoir faire contrepoids en mobilisant ses propres partisans. Les Frères musulmans ont appelé les pro-Morsi à descendre dans la rue en signe de soutien au président islamiste. Dimanche dernier, des rassemblements dans les rues du Caire ont réuni 25 000 personnes. Une poignée en comparaison des millions d’Egyptiens mobilisés par le camp adverse.
Les manifestations ont fragilisé le pouvoir
Le pari de la mobilisation a été réussi. Celui du départ de Mohamed Morsi reste à voir… Mais la forte contestation semble bel et bien avoir fragilisé le pouvoir des Frères musulmans. Lundi, les premiers signes d’effritement se sont clairement fait sentir. Cinq ministres (Tourisme, Communication, Environnement, Affaires juridiques les premiers) ont démissionné. Dans la nuit de lundi à mardi, un important membre du cabinet, le ministre des Affaires étrangères, s’est joint au groupe.
Celui de l’Intérieur a affirmé dans un communiqué soutenir le peuple et ses revendications. Ce mardi, les porte-parole de la présidence et du gouvernement ont assené le coup de grâce en annonçant leur démission au même moment.
Toutefois, malgré ces nombreuses défections, la confrérie semble s’accrocher au pouvoir. Les Frères musulmans, arrivés au sommet de l’Etat en 2012, ne comptent pas renoncer facilement à leur nouveau statut. Surtout après avoir passé une bonne partie du XXe siècle derrière les barreaux.
Les membres de la confrérie le savent : céder face à la contestation est synonyme pour eux d’un retour à la case départ. Pour leur défense, ils présentent l’ultimatum lancé par l’armée comme un coup d’Etat militaire, d’autant que Mohamed Morsi est un président civil qui a le mandat du peuple. Il a été élu démocratiquement en juin 2012.
L’ultimatum de l’armée, un coup d’Etat déguisé ?
En Egypte, l’armée est une institution solide. Elle l’a déjà démontré en 2011. Lors de la révolution du 25 janvier il y a deux ans, les militaires avaient pris le parti du peuple. Résultat : le régime d’Hosni Moubarak avait été renversé.
Dans ce pays de plus de 80 millions d’habitants où l’armée est issue des tranches les plus populaires de la société, le scénario risque désormais de se répéter.
Cette hypothèse préoccupe l’opposition au plus haut point. L’armée est certes proche du peuple, elle est considérée comme la garante de la stabilité du pays, mais l’institution militaire a déjà joué de mauvais tours aux Egyptiens.
Après la chute d’Hosni Moubarak début 2011, elle a récupéré le pouvoir durant un an et demi. Au début, elle a été acclamée par la foule mais elle a très vite déçu. Son tort ? Ne pas avoir réussi à maintenir l’ordre et à organiser rapidement des élections acceptées par tous les partis politiques. L’armée n’a pas non plus su résoudre les problèmes économiques de l’Egypte.
Dès son arrivée au pouvoir, Mohamed Morsi a eu d’ailleurs pour priorité de réduire les prérogatives de l’institution militaire. Il a également pris le soin d’écarter le maréchal Tantaoui, l’ancien homme fort de l’armée égyptienne. Ce dernier a été remplacé par le général Abdelfattah al-Sissi.
Les Egyptiens semblent faire confiance à ce militaire. D’autant qu’Abdelfattah al-Sissi a donné des garanties sur ses intentions. Lundi, il a affirmé dans un communiqué n’avoir aucune ambition politique.
En visite en Afrique du Sud, Barack Obama a annoncé un plan de sept milliards de dollars, destiné à faciliter l’accès à l’électricité en Afrique sub-saharienne.
« Doubler l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne ».
C’est l’objectif fixé par le président américain Barack Obama dans un discours à l’Université du Cap (UCT), dimanche 30 juin. En Afrique du Sud, deuxième étape de sa tournée africaine, le président américain a annoncé un plan de 7 milliards de dollars sur cinq ans, baptisé « Power Africa ». Il s’agit de répondre aux immenses besoins énergetiques d’un continent en pleine croissance, mais dont le développement et les investissements restent freinés par des déficits électriques chroniques.
« L’accès à l’électricité est fondamental pour saisir les opportunités de ce monde. C’est la lumière qui permet à l’enfant d’étudier, l’énergie qui permet aux idées de devenir des grandes entreprises » a déclaré Obama. L’électrification, « c’est l’assurance pour les familles de subvenir à leur besoin, mais aussi la clé pour connecter l’Afrique à l’économie mondiale » a-t-il ajouté.
Énorme potentiel Africain
« Plus des deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne vivent sans électricité et plus de 85% des habitants des zones rurales n’y ont pas accès. Power Africa va s’appuyer sur l’énorme potentiel énergétique de Afrique, y compris les nouvelles découvertes de vastes réserves de pétrole et de gaz, et sur le potentiel de développement d’énergies propres, géothermique, hydroélectrique, éolienne et solaire », précise la Maison blanche dans un communiqué.
Le plan américain devrait « aider les pays à développer de façon responsable des ressources récemment découvertes, construire des centrales et des lignes électriques, et élargir les solutions de mini-réseaux et de systèmes hors-réseau ».
Bien que cette initiative soit annoncée en Afrique du Sud, le pays n’est pas concerné par Power Africa, alors qu’il peine à produire suffisamment d’électricité pour répondre à ses besoins. Les États-Unis vont d’abord travailler avec l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Nigeria et la Tanzanie, des pays affectés par des coupures d’électricité fréquentes, mais qui ont des « objectifs ambitieux » en matière de production d’électricité.
10 000 mégawatts pour l’Afrique
Les États-Unis vont leur apporter 10 000 mégawatts d’électricité « plus propre » supplémentaires, ce qui permettra de connecter 20 millions de foyers et d’entreprises. L’initiative américaine associera plusieurs agences gouvernementales et des entreprises privées, avec l’objectif d’entraîner à terme 9 milliards de dollars d’investissements privés, selon la Maison Blanche.
Le géant américain General Electric contribuera notamment à ce que le Ghana et la Tanzanie produisent 5 000 mégawatts supplémentaires dans les cinq ans.
La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé qu’elle était partie prenante de l’initiative. Sur les cinq dernières années, l’institution panafricaine a notamment engagé 1,63 milliard de dollars pour financer des projets énergétiques dans les six pays bénéficiaires.
D’autre part, Heirs Holding, société d’investissement de l’homme d’affaires nigérian Tony Elumelu, a annoncé son intention de contribuer à Power Africa à hauteur de 2,5 milliards de dollars.
« Nouveau modèle »
La tourné africaine aura été l’occasion pour Barack Obama de renouer avec un continent, que beaucoup l’accusent d’avoir négligé lors de son premier mandat. En comparaison de Bill Clinton, à l’origine du African Growth and Opportunity Act (Agoa), accordant un accès privilégié et défiscalisé aux exportations africaines sur le marché américain, ou de George W. Bush qui avait fortement soutenu la lutte contre le sida en Afrique, le faible engagement du président d’origine kényane a déçu.
À Johannesburg et à Dakar, il a affiché sa volonté de développer un « nouveau modèle » de partenariat entre l’Afrique et l’Amérique. « Un partenariat d’égal à égal, au delà de la simple assistance, et concentré sur la capacité de l’Afrique de résoudre ses problèmes et grandir », a promis Barack Obama.
Le niveau du commerce sino-africain est désormais deux fois plus important que celui du commerce afro-américain.
Loin derrière la Chine
Cette « nouvelle phase » de l’approche américaine en Afrique est encouragé par l’intérêt croissant des entreprises nationales pour les perspectives d’expansion sur un continent où les opportunités s’accélèrent. Leurs exportations dans les 49 pays africains ont atteint 21 milliards de dollars en 2011, soit une hausse de 23 % selon le Bureau du représentant américain au commerce, cité par Bloomberg. Les importations américaines issues d’Afrique ont, quant à elles, bondi de 14 %, avec un total de 74 milliards de dollars en 2010, dont 60 milliards de pétrole brut.
Les États-Unis restent, en Afrique, loin derrière la Chine, qui y a considérablement accru sa présence et son influence ces dernières années. Le niveau du commerce sino-africain est désormais deux fois plus important que celui du commerce afro-américain. Un retard qui risque d’être difficile à rattraper, sans une véritable réorientation stratégique.
Les prochaines heures s’annoncent décisives en Egypte.
L’opposition, qui avait mobilisé des millions de personnes Dimanche compte capitaliser sur le succès de la mobilisation.
Elle réclame la démission du président Morsi. Un ultimatum lui a été fixé à mardi soir. Ce lundi, le chef d’état-major de l’armée somme à son tour le pouvoir de «satisfaire les demandes du peuple» sous 48 heures. Quatre ministres auraient démissionné.
Mise à jour Mardi 2 Juillet:
Egypte : Morsi rejette l’ultimatum de l’armée
Le président de la République reproche à l’armée de ne pas lui avoir soumis son appel au compromis.
La présidence égyptienne a rejeté, dans la nuit de lundi à mardi, l’ultimatum lancé quelques heures plus tôt par l’armée au chef de l’Etat islamiste Mohammed Morsi, lui laissant 48 heures pour satisfaire «les demandes du peuple», faute de quoi elle imposerait une feuille de route après les manifestations de masse de dimanche.
Dans un communiqué, les services de Mohammed Morsi affirment que «la déclaration des forces armées n’a pas été soumise au président» avant sa diffusion et contient «des signes pouvant causer la confusion». Le chef de l’Etat se dit déterminé «à poursuivre dans la voie qu’il a choisie pour mener une réconciliation nationale globale», poursuit le communiqué.
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Place Tahrir notamment, ce lundi, des milliers de manifestants réclament le départ de Mohamed Morsi aux cris de « Dégage ! » Le tout dans une ambiance presque festive, les manifestants ayant le sentiment qu’ils sont en train de gagner leur bras de fer.
L’information, non confirmée à l’heure actuelle, selon laquelle quatre ministres démissionneraient du gouvernement égyptien, n’a fait que renforcer les contestataires dans leur conviction.
Le chef d’état-major prend parti
Selon un ou plusieurs haut-responsables gouvernementaux cités par les agences AFP et Reuters, les ministres du Tourisme, de l’Environnement, des Communications et des Affaires juridiques et parlementaires auraient rendu ensemble leur tablier au chef du gouvernement Hicham Qandil.
Officiellement, aucune explication n’est avancée pour le moment. Mais l’agence officielle égyptienne avait déjà évoqué les intentions de démission de certains membres du gouvernement, en signe de solidarité avec les manifestants. Aucun ministère clé ne semble concerné pour l’instant.
Les manifestants disent qu’ils ne quitteront les places égyptiennes que lorsque le président Morsi aura quitté son poste. Ils réclament aussi la fin de l’hégémonie des Frères musulmans, qui sont selon eux la source du mal dont souffre actuellement l’Egypte.
Ils ont reçu ce lundi après-midi un soutien de poids, en la personne du chef d’état-major des armées, le général Abdel Fatah al-Sisi, dans une déclaration lue à la télévision : « Les forces armées égyptiennes renouvellent leur appel pour que les revendications du peuple soient satisfaites. Elles donnent aux différentes parties une dernière chance et un délai de 48 heures afin d’assumer leurs responsabilités face aux circonstances historiques que traverse le pays. Si les revendications populaires ne se sont pas satisfaites, les forces armées seront dans l’obligation de présenter une feuille de route et de prendre des décisions qu’elles mettront en œuvre. »
Le général n’a toutefois pas franchi le pas de demander la démission du président, principale revendication des manifestants. Mais ses déclarations ont immédiatement suscité une explosion de joie sur la place Tahrir.
Bonbonnes de gaz
En marge des manifestations, des violences ont encore éclaté ce lundi. Cible principale : le siège des Frères au Caire. Le quartier général a été attaqué dans la nuit et jusqu’à tôt ce lundi matin. Il y a d’abord eu des manifestations devant les locaux, puis il semblerait que des occupants du siège aient tiré sur des manifestants.
Dans tous les cas, selon le ministère de la Santé, il y aurait sept morts parmi les manifestants, tous tués par des balles de fusils d’assaut. Il y aurait aussi des dizaines de blessés. Les manifestants ont utilisé des bonbonnes de gaz pour faire sauter les portes blindées du QG. Au stade actuel, ce dernier est complètement dévasté, à moitié brûlé.
Cela rappelle l’attaque qui avait eu lieu lors de la révolution du 25 janvier 2011 contre le président Hosni Moubarak. Le même scénario s’était produit au siège du Parti national démocrate (PND), qui avait été attaqué et incendié. Selon un dernier bilan officiel, les seules violences de dimanche ont fait 16 morts.
La place Tahrir était de nouveau noire de monde ce dimanche 30 juin.
C’est une véritable démonstration de force de l’opposition égyptienne, qui appelle à ne pas quitter la rue tant que le président Morsi n’a pas renoncé au pouvoir, un an jour pour jour après son élection. Au Caire, le quartier général des Frères musulmans, le parti du président, a par ailleurs été attaqué avec des cocktails Molotov.
La mobilisation est très importante. Les rues du Caire sont aux mains des manifestants. Au moins des dizaines de cortèges ont rejoint la place Tahrir depuis différents quartiers du Caire. En fin d’après-midi, ils se dirigeaient vers le palais présidentiel.
Dans ces cortèges, toujours le même slogan : « Dégage ! » Certains disent aussi que le peuple veut la chute du régime. On voit toujours beaucoup de drapeaux égyptiens et les portraits de Khaled Saïd ou d’autres icônes de la révolution.
On a vu aussi quelques fumigènes, mais l’ambiance reste pour l’instant très bon enfant. Des familles se sont installées au bord de la route pour regarder passer ces manifestants. Tous devraient donc bientôt se retrouver devant le palais présidentiel où de nombreux manifestants sont déjà installés.
Les opposants réclament tous le départ de Mohamed Morsi
Les partisans du président se trouvent, eux, non loin du palais, devant la mosquée Rabia al-Adawiyya, placée sous haute sécurité. Ce dimanche, des blocs de béton ont été installés devant chaque entrée de ce bâtiment.
Les autorités craignent encore des débordements. Depuis mercredi, huit personnes ont été tuées dans des affrontements entre partisans et opposants du président.
L’Afrique du Sud a toujours été un pays porteur de l’économie du continent Africain, ce pays « modèle » reçoit donc la visite de Barack Obama et de sa femme.
L’un des objectifs de la visite de Barack Obama en Afrique du Sud est d’améliorer la croissance économique africaine et de promouvoir le commerce international.
Mise à jour du Dimanche 30Juin:
Le président américain Barack Obama, en visite en Afrique du Sud, doit annoncer aujourd’hui un plan de 7 milliards de dollars destiné à faciliter l’accès à l’électricité en Afrique sub-saharienne, a déclaré la Maison Blanche. Obama doit annoncer cette initiative sur cinq ans, baptisée « Power Africa », lors d’un discours à 18H00 à l’Université du Cap (UCT).
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Difficile d’imaginer ce que cela pourra donner concrètement, les deux pays ayant des stratégies divergentes en la matière. Malgré tout, les relations économiques entre l’Afrique du Sud et les Etats-Unis restent très fortes.
Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud. C’est une destination importante pour les exportations sud-africaines, et notamment de produits manufacturés à haute valeur ajoutée. Les voitures fabriquées dans le pays pour le compte de constructeurs européens partent notamment pour les Etats-Unis.
Mais depuis quelques années, les Sud-africains font de plus en plus d’affaires avec la Chine, l’Inde ou des pays africains comme l’Angola.
Et puis, l’Afrique du Sud a rejoint le groupe des Brics, ce groupe informel d’économies émergentes constitué de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie. Mais l’augmentation du commerce avec ces économies ne devrait pas bouleverser les relations commerciales traditionnelles de l’Afrique du Sud avec les Etats-Unis : les exportations vers la Chine par exemple concernent principalement les matières premières. A en croire de l’institut sud-africain des affaires internationales, Pretoria n’aurait donc aucun intérêt à abandonner un partenaire commercial comme les Etats-Unis.
Grand oral pour Barack Obama sur le campus de Soweto:
Barack Obama s’exprime ce samedi après-midi devant un parterre d’étudiants triés sur le volet, sur le campus de Soweto, le célèbre township de Johannesburg. Après une brève allocution, il se soumettra à un jeu de questions-réponses avec l’auditoire, ainsi qu’avec des jeunes entrepreneurs d’Afrique anglophone, via une liaison satellitaire.
Le président américain fera une courte allocution d’une quinzaine de minutes environ, car selon son entourage, il souhaite avant tout échanger avec les jeunes dirigeants africains. C’est ce que l’on appelle un « town hall event » aux Etats-Unis, un événement qui implique un échange, et qui a une connotation informelle, même si, on peut s’en douter, tout est minuté et orchestré.
Barack Obama s’exprimera d’un podium d’environ 100 m², recouvert de moquette bleu, ce qui lui permettra de déambuler, d’écouter et de regarder les quelque 500 jeunes installés sur les quatre gradins qui l’entourent.
Des jeunes approchés par l’ambassade
Rien n’est laissé au hasard, on sait d’ores et déjà qu’il répondra à deux questions posées par des jeunes dans l’audience, mais il répondra également à trois questions posées grâce à une liaison satellite, par de jeunes entrepreneurs à Nairobi au Kenya, à Lagos au Nigeria et à Kampala en Ouganda.
Certains des jeunes présents à Soweto ont été approchés par l’ambassade en début de semaine seulement. Ces entrepreneurs dynamiques, tous sur leur trente-et-un, se réjouissent naturellement de voir le président américain ici au campus de Soweto, un campus situé devant une centrale électrique à l’abandon depuis des décennies et qui domine le vaste township. Le complexe qui doit accueillir le président américain a été passé au peigne fin par les services de sécurité de la Maison Blanche
A l’extérieur de l’université, des étudiants frustrés de ne pas avoir pu entrer font part de leur déception et regrettent que ceux autorisés à pénétrer fassent partie des classes les plus aisées de la société. Plus loin, à côté de l’héliport où doit atterrir Obama, une manifestation hostile à sa venue a été organisée, le gros des troupes venant du parti communiste sud-africain.
Quelques minutes avant l’arrivée du président américain, la brigade anti-émeutes de la police sud-africaine est intervenue pour disperser les 200 à 300 manifestants rassemblés là en tirant des grenades incapacitantes.
Des membres de la coalition rebelle Séléka, qui a renversé le Président de la République centrafricaine François Bozizé le 24 mars 2013, ont pris pour cible et tué au moins 40 civils et ont intentionnellement détruit 34 villages ou villes depuis février dernier, a déclaré Human Rights Watch.
Au début du mois de juin, les chercheurs de Human Rights Watch ont recueilli des éléments de preuve détaillés concernant de nombreuses exactions dans des zones essentiellement rurales hors de la capitale, Bangui.
Le Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Centrafrique (BINUCA) va soumettre un rapport sur la situation en Centrafrique au Conseil de Sécurité avant le 30 juin pour discussion au cours des semaines à venir.
Le Conseil de sécurité devrait envisager des solutions pour renforcer le maintien de la paix hors de Bangui et adopter des sanctions individuelles à l’encontre des leaders de la Séléka responsables de graves atteintes aux droits humains, a précisé Human Rights Watch. Le Conseil de sécurité doit aussi exiger des autorités de transition une entière coopération avec la mission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU concernant les abus commis dans le pays depuis décembre 2012.
Les nouveaux soldats de Bangui ? Des enfants !
« Le monde semble l’ignorer maisla situation en République centrafricaine est véritablement catastrophique », a expliqué Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les combattants de la Séléka tuent des civils et réduisent des villages en cendres tandis que des villageois meurent dans la brousse à cause du manque d’assistance. »
Les Agences des Nations Unies et les organisations non gouvernementales humanitaires doivent tout mettre en œuvre pour atteindre les populations affectées, évaluer leurs besoins et leur apporter une aide indispensable, a indiqué Human Rights Watch.
Les chercheurs de Human Rights Watch se sont rendus à Bangui et dans les provinces de Mbomou dans le sud-est du pays et de Gribingui et Ouham dans le nord. Human Rights Watch a été en mesure de confirmer que, lors des attaques sur 34 villages et villes, principalement menées par des combattants de la Séléka entre le 11 février et le 2 juin, plus de mille maisons ont été incendiées et au moins quarante civils ont été tués. Les forces de la Séléka ont pris pour cible certaines communautés pour étouffer leur résistance et les piller. Au cours de ces attaques, les soldats de la Seleka ont tiré sur des civils au hasard, selon les conclusions de Human Rights Watch.
Plus tôt en 2013, Human Rights Watch avait documenté de graves atteintes aux droits humains à l’encontre de civils, notamment des pillages, des exécutions sommaires, des viols et des actes de torture commis par des membres de la Séléka à Bangui.
En juin, les chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé plus de cent témoins des attaques visant des civils. Dans la préfecture de Ouham, les témoins ont décrit le meurtre de treize civils dans les villages de Bade, Bougone et Gbodoro le 19 mai ; le meurtre de dix civils dans le village de Ouin le 1er mai et le meurtre de cinq civils dans les villages de Boubou et Zéré les 18 et 20 avril. Human Rights Watch a aussi reçu des signalements dignes de foi de meurtres d’au moins douze civils dans la ville de Ouango dans la province Mbomou les 21 et 22 avril. Conformément au droit international humanitaire, le meurtre et le ciblage délibéré ainsi que le meurtre de civils constituent des crimes de guerre.
Des témoins ont raconté que les assaillants étaient des combattants de la Séléka en uniforme, parfois accompagnés de Mbarara armés – des éleveurs nomades qui se déplacent avec leurs troupeaux entre le Tchad et la République centrafricaine – qui circulaient à cheval ou à moto. La Séléka faisait feu sur les civils, souvent alors que ceux-ci s’enfuyaient. Un témoin dans le village de Gbade a raconté à Human Rights Watch : « Lorsqu’ils sont entrés dans le village, ils ont commencé à nous poursuivre [et] à tirer sur les gens dans leurs maisons ou sur ceux qui couraient en direction de la brousse. La plupart des villageois ont été abattus d’une balle dans le dos alors qu’ils fuyaient.»
Selon des témoignages, les forces de la Séléka et un représentant local autoproclamé, Adoum Takaji, sont arrivés dans le village de Ouin le 1er mai. Les villageois s’étaient enfuis dans la brousse en raison de violences ayant eu lieu quelques jours auparavant. Les membres de la Séléka et Adoum Takaji ont annoncé aux habitants qu’ils organisaient une réunion pour persuader la population locale de revenir dans leurs maisons.
Des Kalachnikovs pour les enfants de la Seleka
Ils ont convaincu les habitants réticents de se rassembler, ont regroupé cinq hommes, les ont attachés ensemble et les ont abattus. Un témoin a raconté à Human Rights Watch : « Un des [hommes] n’a pas été tué sur le coup, alors ils lui ont tranché la gorge avec un long couteau. » Les combattants de la Séléka ont ensuite tiré sur les civils en fuite et tué cinq autres personnes. Tous les habitants du village ont fui vers la forêt voisine, où ils sont toujours.
Le ciblage des civils et les incendies de maisons ont forcé de nombreuses personnes à abandonner leurs villages. Human Rights Watch s’est entretenu avec des habitants des villages affectés, qui ont raconté qu’ils vivaient dans la brousse et les forêts environnantes. Les chefs des villages ont indiqué que des dizaines d’habitants, en particulier des personnes âgées, des nourrissons et des personnes malades, sont morts dans la brousse. Tous les villageois avec qui Human Rights Watch s’est entretenu vivent avec une assistance humanitaire minimale ou inexistante. Les conditions se sont aggravées depuis le début de la saison des pluies.
Les villageois des provinces de Gribingui et Ouham ont exprimé leur profonde préoccupation et leur peur de nouvelles attaques menées par les combattants de la Séléka. Un habitant du village de Boubou, qui vit dans la brousse craignant pour sa sécurité, a imploré les chercheurs de Human Rights Watch : « Envoyez de l’aide… rapidement pour que nous puissions vivre dans le village au lieu de dormir dans la forêt comme des animaux. »
Human Rights Watch a documenté la destruction de deux églises dans les villages de Yangoumara et Gbi-Gbi, et le pillage et la destruction d’une école à Yangoumara. Des témoins ont expliqué à Human Rights Watch que les forces de la Séléka ont mené des attaques en association avec des Mbarara armés. La destruction délibérée de biens civils, ainsi que de structures et de biens indispensables à la survie de la population civile, constitue également un crime de guerre conformément au droit international humanitaire.
Noureddine Adam, un général de la Séléka actuellement ministre de la Sécurité publique au sein du gouvernement de transition du pays, a nié que la Séléka était responsable de la moindre attaque documentée par Human Rights Watch. « Ces attaques ont été commises par d’autres groupes armés avant notre arrivée », a-t-il expliqué à Human Rights Watch. « La Séléka n’est pas impliquée dans ces destructions de villages ni dans les meurtres. »
Toutes les attaques documentées par les chercheurs de Human Rights Watch ont eu lieu dans des zones contrôlées par la Séléka. Les leaders de la Séléka sont en définitive responsables du comportement de leurs combattants et doivent enquêter efficacement sur les violations des droits humains et traduire en justice les responsables, a ajouté Human Rights Watch.
Dans les zones visitées par Human Rights Watch, aucune autorité de police ou de justice n’était présente. Le gouvernement de transition doit rétablir l’état de droit dans tout le pays en redéployant les autorités civiles locales.
Noureddine Adam a expliqué que quinze Préfets et commandants militaires avaient déjà été nommés et avaient reçu les ressources suffisantes pour exercer leurs fonctions. Il a précisé qu’ils seraient déployés prochainement pour rétablir une administration civile fonctionnelle.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit soutenir les efforts de maintien de la paix dans le pays et indiquer clairement qu’il prévoit d’adopter des sanctions ciblées à l’encontre des responsables de violations des droits humains graves, a déclaré Human Rights Watch. Dans un rapport au Conseil de sécurité le 3 mai, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a recommandé que des sanctions soient envisagées.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit aussi exprimer son soutien à la mission d’enquête en cours mandatée par le Conseil des droits de l’homme, exiger que le gouvernement de transition et les leaders de la Séléka coopèrent totalement, et charger le BINUCA de fournir toute l’assistance nécessaire à la mission.
La Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEAC), l’Union africaine, l’Union européenne, le Conseil de sécurité de l’ONU et la France doivent favoriser les efforts de maintien de la paix en République centrafricaine, a déclaré Human Rights Watch. Ils doivent appuyer les efforts de la Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine (MICOPAX), une force de maintien de la paix régionale conduite par la CEAC, pour déployer des troupes supplémentaires dans tout le pays. Ils doivent aussi favoriser le désarmement en cours des combattants de la Séléka à Bangui et lancer ce processus dans les provinces.
Des troupes supplémentaires et une police civile bénéficiant d’un soutien logistique suffisant et efficace à Bangui et dans les provinces devraient accroître la capacité de la MICOPAX à apporter sécurité et protection à les populations civile affectées.
Dans son rapport au Conseil de sécurité le 3 mai, le Secrétaire général a appelé les partenaires de la République centrafricaine à fournir une aide financière et logistique efficace à la MICOPAX. Le 14 juin, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale réunie à Libreville s’est engagée à renforcer la sécurité à Bangui.
« Les chercheurs de Human Rights Watch, village après village, ont à chaque fois entendu le même appel de la bouche des habitants :‘Ne nous abandonnez pas.’ », a déclaré Daniel Bekele. « L’ONU et les autres acteurs doivent redoubler d’efforts pour venir en aide à ces populations largement oubliées. »
L’absence d’informations à jour sur « comment accéder aux marchés, obtenir de meilleurs semences et améliorer leurs méthodes agricoles » sont les problèmes que rencontrent régulièrement les petite agriculteurs de Tanzanie.
Pour résoudre ces difficultés, l’opérateur de téléphonie mobile Zantel, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et Sibesonke Limited, a lancé le service Z-Kilimo. Il fournira aux paysans les informations vitales dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs agricoles.
Les agriculteurs n’auront qu’à composer le *149*50# pour accéder au service qui est similaire au service M-Farm lancé par l’entreprise du même nom au Kenya. D’après Francis Kiaga, le responsable en chef des ressources humaines chez Zantel, l’« agriculture est la colonne vertébrale de l’économie tanzanienne. Elle contribue de manière significative dans l’augmentation du taux de croissance du pays et dynamise sa prospection économique ». Donner un coup de mains aux agriculteurs c’est dont contribuer indirectement le développement du pays pour Zantel.
« Pour le moment, seulement 35% des villages ont des agents de vulgarisation. En 2015 chaque village devra avoir des agents de vulgarisation, conformément aux objectifs fixés par le gouvernement », a indiqué Mshindo Msolla, le secrétaire permanent du ministère de l’Agriculture.
Barack Obama arrive au Sénégal, pour une tournée qui le mènera ensuite en Afrique du Sud et en Tanzanie.
Barack et Michelle Obama à Dakar:
Première étape d’une tournée africaine d’une semaine qui le conduira ensuite en Afrique du Sud, puis en Tanzanie. Au programme de ce jeudi, un tête-à-tête avec le président sénégalais Macky Sall, un discours devant Cour suprême et une visite à la Maison des esclaves sur l’île de Gorée où il rencontrera aussi des leaders de la société civile.
Macky Sall, lors d’une conférence de presse commune avec le président américain Barack Obama, a salué Nelson Mandela : « Je crois que Mandela a donné un exemple pour le monde entier. Pour nous, leaders politiques, nous devons beaucoup nous inspirer de son humilité et de sa capacité de renoncement, mais aussi de sa grandeur et du pardon qu’il a pu donner comme modèle.
Le président Obama l’a dit : c’est plus qu’une idole pour nous tous. Nous devrions toujours nous inspirer de sa pensée et de son comportement pour que d’abord l’Afrique du Sud continue à être une nation arc-en-ciel et que les leaders du monde entier puissent s’inspirer de son exemple ».
Un hommage auquel s’est associé le président des Etats-Unis, Barack Obama : « Nelson Mandela est un héros pour le monde dont l’héritage vivra à travers les âges ».
Ensuite Barack Obama s’est rendu devant la Cour suprême à Dakar. Une étape à laquelle le président américain tenait beaucoup. Il est arrivé à 14 heures, heure française, devant le grand bâtiment qui se trouve face à la mer sur un boulevard au nom évocateur, le boulevard Martin Luther King.
Obama en séance de travail
La Cour suprême au Sénégal regroupe le Conseil d’Etat et la Cour de cassation, c’est donc une juridiction très importante qui juge en dernier ressort. Le président américain participe actuellement à une séance de travail dans la salle d’audience de la haute juridiction, avec dix autres présidents de Cour suprême de pays africains : des anglophones (Botswana, Ghana, Kenya, Malawi, Ouganda et Zambie) et des francophones (Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, Gabon et Niger).
Les entretiens portent notamment sur les fondamentaux de la démocratie : l’Etat de droit, l’indépendance de la justice et de la séparation des pouvoirs. Entre le pouvoir exécutif de celui qui gouverne, le pouvoir législatif de celui qui fait les lois, et enfin le pouvoir judiciaire. Ce sera l’occasion pour Barack Obama d’insister sur le message qu’il avait délivré en 2009 au Ghana : « L’Afrique a besoin d’institutions fortes plutôt que d’hommes forts ».
Et toujours en ce qui concerne ce thème de l’Etat de droit, Barack Obama doit également rencontrer en fin d’après-midi, juste après son pèlerinage à la Maison des esclaves sur l’île de Gorée, les leaders de la société civile sénégalaise. Pour le président américain, la société civile a un grand rôle à jouer dans les processus de démocratisation en Afrique. C’est l’un des messages du président Barack Obama à Dakar.
…
Une visite dont les enjeux sont importants et que les Africains attendaient depuis longtemps. Pendant neuf ans, de 2000 à 2009, cheikh Tidiane Gadio a été le ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Aujourd’hui, il préside l’Institut panafricain de stratégie. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
Depuis qu’il est président, Barack Obama n’a visité qu’un seul pays africain, c’est le Ghana. Est-ce que cette tournée est, pour lui, une façon de se rattraper ?
On peut le percevoir ainsi. L’Afrique était quelque part dans son agenda, mais peut-être plus du côté affectif que du côté économique ou politique ou autre, ce qui peut effectivement poser un problème pour certains. Mais là, c’est bien qu’il fasse trois pays africains en espérant que ce ne sera pas la dernière fois. Et si vous vous rappelez la très belle phrase de Mandela dans la lettre de félicitations adressée à Barack, Mandela disait : « Votre victoire prouve que personne dans le monde ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur ».
Le choix du Sénégal, j’imagine que c’est un motif de fierté pour vous. Si Abdoulaye Wade avait été réélu l’an dernier, est-ce que le président américain serait venu cette année ?
Je ne crois pas. Pour Obama, si Wade, après le forcing du troisième mandat et le projet dont on l’accusait de dévolution dynastique du pouvoir, avait remporté les élections, je suis à peu près certain qu’Obama aurait survolé le Sénégal sans s’arrêter.
D’autant que les Américains avaient fait pression sur Abdoulaye Wade pour qu’il n’essaye pas de placer son fils à sa place ?
Absolument. Ça, j’étais témoin, ils ont tenté beaucoup de choses. Et le fait qu’ils ont tout fait, ils n’ont pas réussi comme le peuple sénégalais d’ailleurs n’a pas réussi, à le contraindre à accepter l’évidence que le Sénégal n’acceptera jamais une dévolution dynastique du pouvoir. Et Obama nous a accompagnés dans ce combat et nous lui en sommes très reconnaissants. Je pense que c’est la raison pour laquelle il vient féliciter en terre africaine du Sénégal le président Macky Sall et le peuple sénégalais tout entier, parce que c’est une victoire de tout un peuple. Nous avons plié, mais nous n’avons pas rompu. Et si ce n’était pas le cas, je crois qu’il ne viendrait pas au Sénégal du tout.
A l’escale de Dakar, on s’attend à un discours de Barack Obama sur la sécurité au Sahel. Mais est-ce que notamment aux Nations unies, les Américains n’ont pas traîné des pieds l’an dernier quand il fallait mobiliser des troupes contre les jihadistes du nord du Mali ?
Sur le dossier Mali, nous avons eu beaucoup de problèmes avec l’appui américain qui était réel, mais extrêmement timide. Le rôle que les Français ont accepté de jouer, l’Amérique n’a pas accepté de jouer le même rôle. Et je crois qu’il voulait faire très attention et être prudent, mais en même temps la situation est là : le terrorisme et les narcotrafiquants se sont solidement ancrés en Afrique. Et là on aurait vraiment espéré avec ce qui s’est passé au Mali, une réaction vigoureuse d’Obama et de l’Amérique, au côté des Africains. Mais là, nous avons eu quand même un appui plutôt faible.
Et de ce point de vue, est-ce que l’administration américaine ne vous a pas déçu ?
Les démocrates ont souvent moins faits pour l’Afrique que les républicains. C’est véritablement un paradoxe. Les démocrates ont le bon discours sur l’Afrique, sur les institutions, sur les investissements, mais les républicains, comme George Bush qui a été décrié au plan international avait une affection particulière pour l’Afrique. Il a beaucoup fait pour le continent, sur le programme contre le sida, il a été un leader mondial.
Et au même moment, Bush s’intéressait à la question des infrastructures en Afrique. Je me rappelle de conversations que j’ai eues avec Condoleezza Rice (ex-secrétaire d’Etat américain) sur la question, l’Amérique s’intéressait même à l’intégration régionale, pareil avec la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), pareil avec la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) comme grandes entités d’intégration et apportait le soutien aux politiques d’énergie, politiques d’infrastructures. Là on est loin de ça avec l’administration démocrate.
En allant en Afrique du Sud et en Tanzanie, Barack Obama va visiter deux pays où s’est déjà rendu il y a quelques mois le nouveau numéro un chinois, Xi Jinping. Est-ce que c’est une simple coïncidence ?
Je le pense sincèrement. Je pense que Barack Obama se rend en Afrique du Sud en particulier pour Mandela, pour Madiba. C’est la rencontre deux grands destins, il voulait jouer sur ce symbole. Malheureusement l’histoire est telle que Madiba est apparemment est sur le départ, et que Obama est sur l’arrivée en Afrique du Sud. Bien entendu, l’économie revient en force toujours. Et là les aspects économiques se mêlent à des aspects affectifs et affectent le sens de l’histoire qui est très fort chez Obama. Je ne pense pas que cette tournée est une politique contre la Chine. Il faut prendre ce débat beaucoup plus au sérieux qu’on le fait actuellement.
Malgré le souhait que vous aviez exprimé en novembre dernier sur RFI, Barack Obama n’ira pas se recueillir sur la tombe de son père au Kenya. Est-ce que vous êtes déçu ?
Quelque part, je suis triste, oui. Si Raila Odinga avait été élu président du Kenya, Barack Obama irait au Kenya parce que tout le monde s’y attend, ça a une grande portée affective et émotionnelle pour beaucoup d’Africains. On comprendrait qu’il aille se recueillir sur la tombe de son père. Malheureusement, il y a le fait qu’il soit poursuivi par la Cour pénale internationale qui semble donc pénaliser un peu les rapports d’Obama avec le nouveau président du Kenya. Mais une fois ces questions-là réglées, il ne faut pas exclure de revoir Obama, ou en visite privée ou en visite officielle, fouler le sol kenyan. Comme il a un grand sens de l’histoire, c’est quelque chose qui ne va pas lui échapper. Il est important que durant son deuxième mandat, il aille au Kenya.
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